(Québec) L’opposition officielle déplore l’absence du ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, d’un comité sur l’intelligence artificielle (IA) mis sur pied par le gouvernement Legault.

Selon le Parti libéral (PLQ), les avancées de l’intelligence artificielle pourraient même menacer l’industrie québécoise du doublage de films.

À la période de questions mercredi, le ministre a justifié son absence du comité mis sur place la semaine dernière en affirmant que les comités avec des effectifs trop nombreux sont inefficaces.

Le débat a été lancé à l’Assemblée nationale par le Parti libéral du Québec (PLQ) à la suite de la parution d’une fausse chanson qui est devenue virale.

En effet, dans la pièce Heart on My Sleeve, on entend les voix de Drake et The Weeknd, sauf qu’ils n’ont jamais collaboré et qu’il s’agit plutôt de l’œuvre de l’intelligence artificielle.

Propriété intellectuelle

Cela soulève des questions éthiques sur l’« intégrité du processus artistique », a soulevé la porte-parole libérale Michelle Setlakwe en Chambre.

« Les ordinateurs étant capables de calquer les voix des artistes, ça veut dire que n’importe qui peut carrément créer de fausses chansons », a-t-elle dit.

L’intelligence artificielle se nourrit des réalisations de nos artistes et produit des copies de leur travail sans compensation. C’est donc l’œuvre de nos artistes qui est en jeu. Qu’est-ce que le ministre compte faire pour protéger la propriété intellectuelle de nos artistes ?

Michelle Setlakwe, députée libérale de Mont-Royal–Outremont

À titre d’exemple, elle a évoqué l’industrie du doublage de films, qui fait travailler 3700 artistes, selon les chiffres qu’elle a cités.

« Malheureusement, cette industrie aujourd’hui est menacée […]. Il est maintenant possible d’utiliser des logiciels pour doubler des acteurs dans toutes les langues, tout en conservant leurs voix originales. Si rien n’est fait, un ordinateur à Los Angeles pourrait effectuer le travail des quelque 3700 artistes du Québec. »

Pas de solution miracle

M. Lacombe a rétorqué que « les solutions miracles n’existent pas », en ajoutant toutefois qu’il existe « des moyens sur la table pour essayer de prévenir, pour essayer d’améliorer ce qu’on fait », sans préciser lesquels.

« On n’a pas la prétention ici, au Québec, d’être capables de freiner un phénomène mondial comme celui-là de fond en comble. »

Le ministre a dit qu’il a « rarement vu quelque chose d’aussi inefficace » que des comités à 30 personnes, pour justifier son absence du comité sur l’intelligence artificielle.

La semaine dernière, M. Fitzgibbon a tenu des rencontres présentées avec des experts et des membres de l’opposition concernant l’encadrement de l’intelligence artificielle.

Il a par la suite annoncé qu’il confiait au Conseil de l’innovation du Québec la responsabilité de définir les lignes directrices d’un encadrement législatif et réglementaire de l’intelligence artificielle au Québec.

Rappelons qu’il y a deux semaines, une pétition signée par environ 20 000 experts réclamait un moratoire de six mois dans la recherche sur l’intelligence artificielle.