(Ottawa) Le ministère britannique des Affaires étrangères avertit que des attentats terroristes sont « très probables » au Canada, pour des motifs nébuleux que Justin Trudeau a refusé de commenter.

Ce qu’il faut savoir

  • Sur sa page de conseils aux voyageurs, le gouvernement britannique écrit que des attentats terroristes sont « très probables » au Canada.
  • Un porte-parole du Haut-commissariat du Royaume-Uni soutient que l’avertissement reflète « la menace qui pèse sur les ressortissants britanniques ».
  • Une spécialiste en matière de sécurité nationale estime que cette annonce est « bizarre » dans le contexte des tensions géopolitiques actuelles.

Dans ses conseils aux voyageurs pour le Canada, le UK Foreign Office écrit que des terroristes sont « très susceptibles de tenter de commettre des attentats » sur le sol canadien.

CAPTURE D’ÉCRAN DU SITE DU UK FOREIGN OFFICE

Pour appuyer son propos, Londres énumère des attentats de nature terroriste perpétrés au Canada.

On y recense un évènement survenu en 2023 à Surrey, en Colombie-Britannique, lors duquel une personne a été poignardée et blessée.

On fait aussi référence à des membres d’une famille musulmane fauchés à London, en Ontario, en 2021, ainsi qu’à une attaque au marteau et à la machette en 2020, toujours en Ontario.

« Les attaques peuvent être commises au hasard, y compris dans des lieux visités par des étrangers », écrit le Ministère.

Parmi les autres pays du G7, les États-Unis, la France et l’Allemagne se sont vu apposer la même cote de risque.

Poilievre questionne Trudeau, qui ne s’avance pas

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre

Invité à fournir des informations à ce sujet à la toute fin de la période des questions, Justin Trudeau n’a pas trop voulu s’avancer.

« Le premier ministre est-il en accord avec l’évaluation du ministère britannique des Affaires étrangères », alors qu’Ottawa « établit le niveau de risque à modéré ? », lui a demandé Pierre Poilievre.

Je ne peux me prononcer sur la façon dont les autres pays prennent leurs décisions en ce qui concerne les conseils aux voyageurs. Mais je peux dire que le travail se fait quotidiennement au Canada pour évaluer le niveau de risque auquel les Canadiens sont exposés.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Le bureau du ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a aussi été avare de commentaires.

« Les organismes chargés de l’application de la loi et de la sécurité surveillent toutes les menaces potentielles et ont des mesures solides pour y faire face », a dit son porte-parole, Jean-Sébastien Comeau.

Le niveau de risque au Canada est considéré comme modéré depuis octobre 2014 – un mois qui a été marqué par deux attaques terroristes à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Ottawa.

Ce palier – il y en a cinq au total sur l’échelle canadienne, soit très faible, faible, modéré, élevé et critique – signifie « qu’un attentat terroriste violent pourrait survenir ».

Un conseil qui « reflète la menace »

Le Haut-Commissariat du Royaume-Uni au Canada n’a pas voulu dévoiler les motifs derrière la décision, qui a été affichée sur le web le 3 novembre dernier.

L’avertissement a été formulé « afin de refléter la menace qui pèse sur les ressortissants britanniques », selon ce qu’a indiqué Tom Walsh, le porte-parole de la mission diplomatique, mercredi.

« Nous continuons de travailler avec les autorités canadiennes pour assurer la sécurité des ressortissants britanniques au Canada », a-t-il ajouté.

« Bizarre »

Professeure adjointe d’affaires internationales à l’Université Carleton, Stephanie Carvin est convaincue que le gouvernement britannique a informé le gouvernement canadien.

Le Canada et le Royaume-Uni ont une relation très étroite en matière de partage de renseignements, alors il est absolument certain que l’information a été communiquée.

Stephanie Carvin, professeure adjointe d’affaires internationales à l’Université Carleton

Ce que la spécialiste en sécurité nationale ne saisit pas, c’est ce qui peut être à l’origine de cet avis, d’autant que les crimes cités à titre d’exemples ne sont pas « sophistiqués », bien que « tragiques ».

Il ne semble pas, par ailleurs, qu’ils aient été perpétrés contre des ressortissants du Royaume-Uni – il n’a pas été possible de confirmer ces éléments d’information, mercredi soir.

Il reste que cette recommandation est « bizarre », et que son « timing est particulier », considérant le contexte géopolitique tendu que l’on sait, estime Stephanie Carvin.

Cela dit, il ne faut pas confondre les conseils aux voyageurs avec les niveaux de risque nationaux, a-t-elle fait remarquer. Car dans le deuxième cas, c’est beaucoup plus large, a-t-elle exposé.