« Cela fait des mois que les municipalités tirent la sonnette d’alarme ! »

Ce qu’il faut savoir

  • Les partis de l’opposition à Québec accusent le gouvernement de François Legault de ne pas en faire assez pour juguler la crise du logement – la hausse des campements de sans-abri découlant de ladite crise.
  • Les abris de fortune ont pris une ampleur inégalée au Québec, et pas qu’à Montréal, révélait La Presse lundi.
  • Plus de 600 campements ont été démantelés l’an dernier et 126 autres sont connus, mais non démantelés par les autorités, selon des données inédites obtenues dans 20 villes et agglomérations.

Président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Varennes, Martin Damphousse martèle que les municipalités « tentent de répondre aux besoins de leur milieu » du mieux qu’elles peuvent dans les limites de leurs pouvoirs et de leurs capacités budgétaires.

Les abris de fortune ont pris une ampleur inégalée au Québec, et pas qu’à Montréal, révélait-on lundi.

Lisez le dossier « Les campements de sans-abri poussent en région »

Plus de 600 campements ont été démantelés l’année dernière et 126 autres sont connus, mais non démantelés par les autorités, selon des données inédites obtenues dans 20 villes et agglomérations.

« Au-delà des coûts, il est nécessaire d’avoir une vision globale et une collaboration étroite entre tous les partenaires afin d’améliorer l’accès aux services pour les personnes en situation d’itinérance », plaide le président de l’UMQ, qui souhaite une stratégie inclusive et solidaire.

La CAQ pointée du doigt

À Québec, les partis de l’opposition accusent le gouvernement de François Legault de ne pas en faire assez pour juguler la crise du logement ; la hausse des campements d’itinérants découlant de ladite crise.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Campement de sans-abri à Longueuil

Porte-parole de l’opposition officielle en matière de lutte contre l’itinérance, Elisabeth Prass croit que les campements ne devraient pas être démantelés si le ministère de la Santé et des Services sociaux et les villes ne sont pas en mesure d’offrir un logement alternatif.

Plutôt que de démanteler ces camps, le gouvernement devrait mobiliser rapidement des ressources supplémentaires en offrant des services de base aux personnes en situation d’itinérance, afin d’améliorer leur quotidien.

Elisabeth Prass, députée libérale

« Au moins, avec les campements », les intervenants peuvent rejoindre les personnes itinérantes qui ont besoin de leurs services, fait valoir la porte-parole de l’opposition officielle en matière de lutte contre l’itinérance.

Le nombre record de campements révélé par La Presse est « la démonstration que le gouvernement [de la Coalition avenir Québec] ne prend pas la crise du logement suffisamment au sérieux », affirme pour sa part Alexandre Leduc, de Québec solidaire (QS).

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Policier inspectant un campement de sans-abri à Sherbrooke

Car « le problème fondamental » qui fait que tant de gens se retrouvent à vivre dans des tentes, « c’est la crise du logement », rappelle le député solidaire.

Alors que le projet de loi 31 sur le logement n’a toujours pas été adopté à Québec, « il n’est pas trop tard pour l’amender afin d’y intégrer des solutions à la crise comme la création d’un registre des loyers », suggère M. Leduc.

Pour sa part, Joël Arseneau, porte-parole du Parti québécois (PQ) en matière de santé et de services sociaux, montre du doigt « l’incapacité de la CAQ à reconnaître, puis à agir face à la crise du logement qui a exacerbé la situation dans l’ensemble du Québec ».

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Campement de sans-abri à Montréal

« La crise de l’itinérance qui a cours en ce moment partout au Québec est extrêmement préoccupante et continue de prendre de l’ampleur, poursuit le député péquiste. Le nombre de sans-abri visibles au Québec a doublé depuis l’arrivée de la CAQ au pouvoir en 2018, un phénomène qui va malheureusement continuer à augmenter tant et aussi longtemps qu’on se contentera de demi-mesures et d’une gestion de crise perpétuelle. » Le gouvernement du Québec doit se donner l’objectif d’atteindre l’itinérance zéro, croit le PQ, qui suggère entre autres pour y parvenir de tripler les sommes allouées à la lutte contre l’itinérance dans les différents programmes gouvernementaux, en plus d’entamer « un vaste chantier de construction de logements sociaux ».

Québec défend son travail

Au cabinet du ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, on défend le travail du gouvernement.

« S’assurer que les personnes les plus vulnérables aient un toit et qu’elles bénéficient des meilleurs services possibles est une priorité », assure son attaché de presse, Lambert Drainville, dans un courriel envoyé à La Presse. Il rappelle que le ministre Carmant a présenté en 2021 le premier plan national en matière de lutte contre l’itinérance avec un budget de 280 millions de dollars.

En novembre dernier, ajoute M. Drainville, la CAQ a annoncé 123 millions de dollars de plus en itinérance, « sommes qui ont déjà permis l’ajout de centaines de places de refuge avant l’arrivée de l’hiver et qui permettront de continuer d’ajouter de nouvelles ressources dans toutes les régions du Québec », dit-il.

« Nous continuons de suivre de près la situation de l’itinérance et à travailler conjointement avec les CI(U)SSS et les municipalités afin de poser une action coordonnée, assure-t-on au cabinet du ministre Carmant. À long terme, la solution passera inévitablement par plus de places d’hébergement de transition et d’hébergement supervisé, afin d’être en mesure de ramener les personnes vulnérables vers le logement et, en même temps, libérer des lits en refuges. On y travaille, tous ensemble au gouvernement. »