(Sherbrooke ) Même si elle déplore « qu’on en soit rendu-là », la ministre Isabelle Charest est favorable à l’idée de Hockey Québec de doter ses officiels de caméras corporelles. Elle veut aussi « donner plus de mordant » à l’Officier des plaintes dans un projet de loi attendu cet hiver.

« Ça n’a pas de bon sens, ce sont des parents qui s’efforcent d’éduquer leurs enfants et qui ne sont pas capables de se comporter comme du monde, c’est fou qu’on en soit là, effectivement », a déploré la ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air à son arrivée jeudi au caucus présessionnel de la Coalition avenir Québec, à Sherbrooke.

La Presse rapportait jeudi le témoignage de l’arbitre en chef pour les associations de hockey mineur à Saint-Rémi et à Napierville, sur la Rive-Sud, Gabriel Grégoire, qui a été frappé au visage par le père d’un jeune hockeyeur expulsé du match après une troisième pénalité. Les évènements sont survenus le 13 janvier.

« Depuis le retour de la COVID, je n’aime pas ça dire ça, mais les parents sont comme devenus fous », confiait M. Grégoire en entrevue, réclamant une sécurité accrue pour ses pairs.

Les faits rapportés ont fait réagir vivement la ministre Charest : « Il n’y a pas un officiel qui [va prendre une décision] pour écœurer un enfant. Ç’a n’a pas de bon de sens qu’on s’en prenne aux officiels, qu’on s’en prenne à nos entraîneurs et qu’il y ait de la chicane dans nos estrades. C’est quand même juste du sport ! »

Caméras corporelles pour les arbitres

Isabelle Charest admet qu’elle aimerait « vraiment mieux trouver une autre solution » que de doter les arbitres de caméras corporelles, comme songe à le faire Hockey Québec, mais ajoute du même souffle « qu’on en est rendu » à examiner ce genre de solutions.

« Que ce soit de la sécurité [à l’aréna], que ce soit des caméras corporelles, il y a plein de choses que l’on doit envisager parce qu’on est rendu là, le travail est à faire », a-t-elle indiqué.

La fédération responsable du hockey mineur au niveau provincial lancera un projet-pilote d’ici le début de la prochaine saison visant l’acquisition de « quelques appareils ». Hockey Québec espère dissuader les parents et joueurs de s’en prendre aux arbitres.

« [Le projet-pilote] pourrait être intéressant. Ils sont dans les premiers balbutiements pour voir si ça pourrait être fait, mais évidemment, cela a des coûts et engendre du travail », a noté la ministre qui souligne qu’il faut en parallèle poursuivre les campagnes de sensibilisation.

Protéger « tout le monde »

La ministre Isabelle Charest doit déposer cet hiver un projet de loi visant à accroître la sécurité dans les sports. Québec veut notamment mieux protéger les athlètes des entraîneurs abuseurs. Il sera aussi question de « donner plus de mordant » à l’Officer des plaintes, mis en place en 2020.

« À partir du moment où l’Officier indépendant des plaintes a plus d’emprise sur les recommandations, sur les situations et son pouvoir d’agir, bien tout ça fera en sorte de [rendre plus sécuritaire] le milieu sportif et ça, c’est pour tout le monde. Le bouton “Je porte plainte”, c’est pour tous », a-t-elle exprimé.

Le projet de loi de Mme Charest viendra réviser la Loi sur la sécurité dans le sport. Le dépôt du texte était prévu l’automne dernier, mais a été reporté à l’hiver.

Avec Vincent Larin, La Presse