(Ottawa) Le gouvernement fédéral a publié des informations précédemment classifiées d’un rapport décrivant dans quelle mesure le Canada a fourni un refuge aux anciens nazis pendant la Guerre froide.

Ottawa a de nouveau été appelé à une plus grande transparence sur la présence de criminels de guerre au pays après que des parlementaires aient par inadvertance ovationné à deux reprises l’automne dernier un homme qui a combattu dans une unité nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Yaroslav Hunka, qui a combattu pour la division Waffen-SS Galicia, une unité volontaire créée par les nazis pour aider à combattre l’Union soviétique, a été accueilli à la Chambre des communes l’automne dernier pour entendre un discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le rapport du chercheur Alti Rodal, connu sous le nom de rapport Rodal, a été préparé dans le cadre d’une commission d’enquête sur les criminels de guerre au Canada en 1985. Il visait à fournir à la commission des informations sur les politiques et les circonstances historiques qui ont conduit à la présence de criminels de guerre nazis au Canada.

Le rapport a été initialement publié en vertu de la Loi sur l’accès à l’information sous une forme fortement censurée en 1987, et plus de détails ont été rendus publics l’été dernier en réponse à une demande d’accès à l’information de l’organisme B’nai Brith Canada.

La version récemment publiée et quasi complète rend publiques 15 pages précédemment classifiées, a indiqué jeudi la directrice des communications du ministre fédéral de l’Immigration, Aïssatou Diop.

« Bien que des renseignements supplémentaires qui ne sont plus sensibles en raison du temps écoulé puissent maintenant être divulgués, certains renseignements restent protégés conformément à la Loi sur l’accès à l’information et la Loi sur la protection des renseignements personnels », a précisé Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada dans un communiqué jeudi.

Aucune personne n’est identifiée dans la version récemment publiée du document. Elle comprend toutefois des informations que le Canada a reçues à titre confidentiel de gouvernements étrangers, des détails auparavant protégés par le secret professionnel de l’avocat, ainsi que des informations qui pourraient nuire aux affaires internationales et à l’application des lois canadiennes, a expliqué Mme Diop.

« Les personnes qui ont souffert aux mains de l’Allemagne nazie et leurs descendants veulent de la transparence sur ce chapitre honteux de notre histoire », a déclaré le ministre de l’Immigration, Marc Miller, par voie de communiqué.

Le rapport de Rodal conclut qu’au cours de la décennie qui a suivi la guerre, les criminels de guerre et les collaborateurs des nazis avaient « de nombreuses possibilités » d’entrer au Canada.

B’nai Brith Canada demande la publication du document complet depuis les années 1980 et a déposé plusieurs demandes en vertu de la Loi sur l’accès à l’information au cours de l’année écoulée, demandes qui ont été rejetées à plusieurs reprises par le gouvernement, selon le groupe.

« Nous nous félicitons de cette divulgation presque complète du rapport Rodal », a commenté mercredi David Matas, qui représentait le groupe lors de la commission.

Bien que 79 ans se soient écoulés depuis la Seconde Guerre mondiale et 37 ans depuis la fin du travail de M. Rodal, M. Matas a déclaré que les atrocités de masse en cours et les efforts déployés par les auteurs pour chercher refuge au Canada confèrent une pertinence contemporaine au rapport.

« Nous ne pouvons pas tirer des leçons du passé sans connaître le passé. La divulgation presque complète du rapport Rodal est une étape importante pour comprendre notre passé et en tirer les leçons pour le présent », a-t-il soutenu.