(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que le Canada envisageait d’imposer des sanctions contre les colons israéliens de Cisjordanie accusés d’avoir attaqué des Palestiniens et des militants pacifistes israéliens sur le territoire.

Jeudi, le département d’État américain a imposé des sanctions financières contre les Israéliens vivant dans des colonies illégales qui, selon Washington, sont liés à « l’escalade de la violence » contre les Palestiniens.

Ottawa n’a pas suivi les États-Unis en imposant des interdictions de voyager aux personnes responsables, affirmant que ceux qui commettent certains crimes sont déjà censés se voir interdire l’entrée au pays.

« Nous envisageons des sanctions contre les colons extrémistes », a affirmé M. Trudeau aux journalistes vendredi à Waterloo, en Ontario, où il n’a donné aucune mise à jour sur un Canadien porté disparu dans la bande de Gaza.

« La violence des colons en Cisjordanie est absolument inacceptable et met en péril la paix (et) la stabilité dans la région, ainsi que la voie vers une solution à deux États qui est absolument essentielle », a-t-il ajouté.

M. Trudeau faisait référence à la politique de longue date du Canada consistant à plaider en faveur d’un État palestinien qui existe en paix aux côtés d’Israël.

Les sanctions américaines dévoilées jeudi visent à empêcher quatre personnes d’utiliser le système financier américain et à interdire aux citoyens américains de traiter avec elles. Washington a précisé que davantage de colons pourraient s’ajouter à la liste.

En décembre dernier, le Canada faisait partie des 14 pays qui ont condamné « les colons extrémistes qui terrorisent les communautés palestiniennes ».

Les attaques se sont intensifiées pendant la guerre entre Israël et le Hamas. Les autorités palestiniennes affirment que certains Palestiniens ont été tués. Et les groupes de défense des droits soutiennent que les colons ont incendié des voitures et attaqué plusieurs petites communautés bédouines, forçant ainsi des évacuations.

Les groupes qui défendent les intérêts des Palestiniens, comme les Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient, demandent au Canada de sanctionner non seulement les colons israéliens, mais aussi les hauts responsables gouvernementaux qui les encouragent.

Par ailleurs, M. Trudeau n’a fait aucune mise à jour vendredi sur le cas de Mansour Shouman, un citoyen canadien à Gaza qui documentait les efforts humanitaires pendant la guerre qui fait rage entre Israël et le Hamas.

Les contacts de M. Shouman à l’étranger disent avoir perdu le lien avec lui il y a environ deux semaines et affirment que des témoins oculaires ont vu des responsables militaires israéliens l’emmener.

L’ambassade d’Israël à Ottawa a indiqué vendredi qu’elle était au courant de ces informations et qu’elle étudiait les informations qu’elle pouvait partager sur M. Shouman.

M. Trudeau n’a pas voulu dire s’il avait parlé de ce dossier avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, mais a déclaré que les responsables étaient « saisis » de l’affaire et travaillaient avec « tous les partenaires » pour comprendre ce qui s’est passé, y compris le gouvernement israélien.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, s’est entretenue jeudi avec la famille de M. Mansour. Selon le bureau de Mme Joly, les responsables étaient en contact avec des responsables israéliens et des organisations non gouvernementales régionales.

M. Shouman travaillait auparavant comme consultant pétrolier et gazier à Calgary.

Il figurait sur une liste d’étrangers autorisés à quitter Gaza le 7 novembre, mais il a choisi de rester à Gaza lorsque sa famille est partie, invoquant son devoir de documenter la guerre et ses ramifications.

Sa femme et ses cinq enfants sont partis ce jour-là pour Abou Dabi, où réside sa mère.