(Ottawa) Une entente a été conclue entre Ottawa et Michael Spavor, qui avait annoncé sa volonté de poursuivre le gouvernement canadien dans la foulée de sa détention arbitraire de près de trois ans en Chine.

En vertu de l’accord, l’entrepreneur d’origine canadienne toucherait plusieurs millions de dollars, a rapporté mercredi le Globe and Mail.

L’avocat de Michael Spavor n’a pas voulu confirmer la somme que touchera son client.

« Je peux seulement dire que l’affaire entre M. Spavor et le gouvernement du Canada est réglée », a indiqué John Kingman Phillips dans une déclaration transmise par une adjointe, mercredi en début de soirée.

Selon Radio-Canada, l’homme obtiendrait un chèque de 7 millions. La Presse n’a pu confirmer cette information, mercredi soir.

Affaires mondiales Canada a refusé de confirmer qu’un accord est intervenu entre les deux parties, citant « des raisons de confidentialité ».

En novembre dernier, Michael Spavor a accusé Michael Kovrig d’être en partie responsable de sa détention.

Il a plaidé avoir été ciblé parce qu’il avait fourni au diplomate canadien des renseignements sur la Corée du Nord, où il brassait des affaires.

Le gouvernement canadien et Michael Kovrig avaient vigoureusement nié toute activité d’espionnage.

Les deux Michael étaient accusés d’espionnage par Pékin – des accusations qualifiées de bidon par Ottawa et de nombreux alliés occidentaux.

Ils avaient été interceptés quelques jours après l’arrestation, sur le sol canadien et à la demande des États-Unis, de la numéro deux du géant chinois des télécommunications Huawei, Meng Wanzhou.

Après plus de 1000 jours passés derrière les verrous, ils sont rentrés au Canada le 25 septembre 2021, juste après que la femme d’affaires a obtenu la permission de rentrer en Chine.

« Une reconnaissance »

« C’est une reconnaissance du fait que c’est quelqu’un qui a été pris dans un grand jeu politique, qui a été une victime et qui a subi des préjudices », estime Guy Saint-Jacques, ancien ambassadeur du Canada en Chine.

Il s’agissait cependant, croit-il, d’une « victime consentante », dans la mesure où « il appréciait rencontrer des diplomates étrangers » et « se vanter de ses relations privilégiées », notamment avec le dictateur Kim Jong-un.

Mais comme Michael Spavor a conversé avec Michael Kovrig, ancien diplomate au gouvernement, celui-ci vient de concéder « que peut-être, par inadvertance », il y a eu préjudice, ajoute M. Saint-Jacques.

Le gouvernement canadien « s’engage à les soutenir dans leurs efforts pour entamer un nouveau chapitre de leur vie en fonction de leurs circonstances et impacts individuels », a-t-on assuré chez Affaires mondiales.

L’automne dernier, Michael Kovrig a affirmé qu’il verserait l’argent d’un éventuel dédommagement financier d’Ottawa à un ou des organismes de bienfaisance.