Depuis le début de 2024, de nombreux réfugiés ukrainiens se dépêchent d’arriver au Canada et au Québec pour se prévaloir du programme du gouvernement canadien avant la date limite du 31 mars.

Résultat, les organismes d’aide doivent redoubler d’efforts pour accueillir ce flux de nouveaux arrivants.

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Le local de l’organisme La Terrasse, chemin de la Côte-des-Neiges

Comme à La Terrasse, dont le local se trouve sur le chemin de la Côte-des-Neiges, près du chemin Queen-Mary, à côté de l’hôtel Terrasse-Royal.

« On aide les gens », explique Claire Kermarrec, debout derrière le comptoir, en compagnie de Sofiia Nazar, deux bénévoles âgées de 15 ans.

« On leur montre comment remplir le questionnaire s’ils viennent pour la première fois », précise l’élève de cinquième secondaire, qui parle français, anglais et russe. « Après, on leur propose des cours de français, d’anglais, pour qu’ils puissent s’adapter rapidement. »

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Des vêtements sont offerts à ceux qui en ont besoin.

« Les Ukrainiens peuvent choisir ce dont ils ont besoin dans le local », ajoute Kateryna Boiko, qui donne aussi de son temps.

Une coupe de cheveux ?

Des piles d’assiettes, des tasses et des verres sont disposés sur de longues tables, à côté de draps et de couvertures pliés. Derrière, des vêtements pour enfants sont suspendus sur des cintres et des tuques sont empilées sur des étagères.

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Kateryna Benamara coupe les cheveux de sa cliente, Valentina.

Ce samedi matin, Kateryna Benamara offre des coupes de cheveux, installée dans un coin tranquille. Valentina, sa cliente, est assise sur sa chaise.

À l’autre bout, Karen Manukov répond aux questions de ceux qui franchissent la porte : cours de francisation, permis de travail, RAMQ, résidence permanente, aide gouvernementale, etc. Intervenant social au Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI), il vient ici un samedi sur deux.

M. Manukov est au Québec depuis 18 mois. Il était en vacances en Égypte lorsque les Russes ont attaqué son pays. Cela lui a permis d’échapper à la mobilisation militaire générale décrétée par le président Zelensky, et de demander un visa spécial pour entrer au Canada.

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Karen Manukov, intervenant social au Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI)

Il y a plus de personnes qui arrivent à Montréal depuis le début de janvier.

Karen Manukov, intervenant social au Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI)

La date du 31 mars

En vertu de l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine (AVUCU), les Ukrainiens fuyant la guerre avaient jusqu’au 15 juillet dernier pour demander un visa de visiteur sans avoir à suivre le processus habituel.

Ceux qui ont obtenu le précieux document de voyage ont maintenant jusqu’au 31 mars pour entrer au pays, s’ils veulent profiter des diverses mesures de soutien, notamment l’aide financière et l’accès plus facile à un permis de travail ou d’études.

Les personnes déjà au Canada ont aussi jusqu’au 31 mars pour présenter une demande de prolongation ou de modification de leur statut de résident temporaire, sans frais, dans le cadre de ces mesures extraordinaires.

Depuis le lancement du programme Canada-Ukraine, en mars 2022, le fédéral a accordé au total 958 190 visas d’urgence à des ressortissants ukrainiens.

Combien sont venus au pays ? En date du 27 janvier, 221 231, dont 21 000 en décembre et en janvier.

D’ici au 31 mars, des dizaines de milliers d’autres pourraient donc arriver.

Pour le Québec, il n’y a pas de données officielles, mais la Régie de l’assurance maladie a délivré 17 102 cartes à des Ukrainiens présents sur le territoire québécois.

Une nouvelle vie ici

Inna Tripachova, 60 ans, fait partie des nouveaux venus. Elle est arrivée à la fin janvier avec son amie Liudmyla Tieriekhova.

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Inna Tripachova et Liudmyla Tieriekhova

Pourquoi avoir attendu près de deux ans avant de se prévaloir du programme de visa spécial ?

« Avant la guerre, elle avait commencé à travailler en Pologne », explique la bénévole Kateryna Boiko, qui fait office d’interprète.

« Elle a demandé les documents du gouvernement du Canada pour le visa d’urgence, mais c’est très cher pour les Ukrainiens et les Polonais d’acheter les billets d’avion. Il faut économiser de l’argent pour pouvoir payer le loyer et les dépenses de la vie courante. Elle vient d’une région en Ukraine fortement touchée par la guerre. Elle ne peut pas retourner chez elle. Pour elle, c’est une bonne décision de recommencer une nouvelle vie ici. »