(Ottawa) Isabelle Branco et Jean-Louis Ménard, ces deux médecins français pris dans les dédales bureaucratiques d’Immmigration et Citoyenneté Canada, pourront finalement rester au pays. Ils attendent toutefois de connaître les détails pour leurs permis de travail. La lettre de confirmation leur a été envoyée en anglais seulement, une langue qu’ils ne maîtrisent pas.

« Pour moi, ce n’est pas clair », a réagi Isabelle Branco au téléphone, peu de temps après avoir reçu la lettre. « C’est la première fois qu’ils m’envoient un document en anglais. »

La lettre datée du 2 octobre indique que les demandes des deux médecins pour obtenir des permis de travail ont été approuvées et qu’ils peuvent rester au Canada sous certaines conditions. Elles ne sont toutefois pas détaillées. Ils doivent attendre de recevoir leurs permis de travail par la poste.

Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a confirmé en fin d’après-midi lundi sur le réseau social X que leur situation était « maintenant réglée ».

« Oui, la bureaucratie est parfois lourde, mais c’est grâce au travail de fonctionnaires et non de politiciens que nous avons pu rectifier le tir. Gouverner, c’est plus que des slogans bidon, M. Poilievre », a-t-il ajouté en lançant une flèche au chef du Parti conservateur.

Un peu plus tôt dans la journée, ce dernier s’était emparé de cette histoire rapportée par plusieurs médias, dont La Presse. « Ça n’a pas de bon sens ! Des fonctionnaires de Trudeau empêchent 2700 Québécois d’avoir un médecin. Je vais enlever la bureaucratie pour permettre aux médecins immigrants de soigner les Canadiens. »

Les deux médecins français, installés dans les Laurentides depuis cinq ans, ont dû cesser leur pratique abruptement vendredi après que le renouvellement de leurs permis de travail eût été annulé à la suite d’un cafouillage. Ils suivaient en tout 2700 patients. Le ministère soutenait qu’Isabelle Branco n’avait jamais fourni le « numéro d’identification d’emploi valide » nécessaire à sa demande. Elle affirmait l’avoir téléversé le 14 septembre, doit 12 jours avant de recevoir une lettre de refus.

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« Ils nous disent bien dans la lettre de refus qu’il faut un rétablissement des statuts, explique-t-elle. À aucun moment, ils ne parlent de rétablissement des statuts ou de résidence temporaire [dans la lettre de confirmation]. »

Elle attend de recevoir l’ensemble des documents avant d’y croire hors de tout doute.

La députée du Bloc québécois, Marie-Hélène Gaudreau, qui a multiplié les démarches pour aider le couple, a dénoncé « l’inhumanité » d’Immigration et Citoyenneté Canada. « Est-ce que c’est normal de se rendre à ce niveau-là parce qu’il y a plein d’autres cas, qui ne sont pas mis en lumière, qui affectent des communautés, a-t-elle demandé en entrevue. Il faut trouver des solutions et ça presse ! »

Ses employés ont aidé les deux médecins à soumettre une nouvelle demande de prolongation de leur permis de travail le 1er octobre. Elle a été traitée en priorité étant donné qu’Isabelle Branco et Jean-Louis Ménard, comme médecins de famille, offrent des services essentiels.

Reste que la députée de Laurentides–Labelle demeure peu impressionnée par la lettre de confirmation envoyée en anglais seulement à ces immigrants français. « C’est inacceptable, a-t-elle réagi. De recevoir une lettre en anglais quand en plus on connaît l’origine des individus, franchement ! »

« Au final, ce qui important, c’est qu’il ne faut plus qu’il y ait des cas comme ça », a-t-elle conclu.