À l’aube d’une grève de trois jours, des travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux se disent « prêts pour un long combat » afin d’obtenir de meilleures conditions de travail.

« On est prêts à continuer la grève le temps qu’il faudra. On est tous prêts pour un long combat », a déclaré Jean-François Dionne, qui travaille dans les cuisines du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) depuis une vingtaine d’années. Une centaine d’employés s’étaient rassemblés devant l’établissement mardi matin, pancarte à la main, dans le but de se faire entendre par le gouvernement.

La deuxième séquence de grève du Front commun du secteur public a débuté mardi et se poursuivra jusqu’à jeudi. Le Front commun regroupe 420 000 travailleurs de quatre syndicats (CSN, CSQ, FTQ et APTS). Les secteurs de la santé, des services sociaux et de l’éducation sont touchés.

« J’ai voté pour faire la grève illimitée. Ça prendra le temps que ça prendra. Je me suis acheté de nouvelles combines. Je suis prêt », s’est exclamé en riant Pierre-Yves Paradis, qui travaille en médecine nucléaire. Il déplore que les salaires, dans son domaine, soient beaucoup moins élevés qu’ailleurs au Canada, ce qui nuit à la rétention de personnel.

La dernière offre du gouvernement Legault comprend des augmentations de salaire de 10,3 % sur cinq ans, en plus de bonifications représentant 3 % pour certaines catégories de travailleurs et un montant forfaitaire pour tous de 1000 $ la première année.

« Je pense que le gouvernement ne se rend pas compte qu’on existe et qu’on a des familles », a déclaré la technicienne de laboratoire Cassandre Houdin.

On travaille déjà comme des chiens les fins de semaine, les fériés et les nuits. Ça ne suffit pas.

Cassandre Houdin, technicienne de laboratoire

De meilleures conditions de travail

« Depuis plusieurs années, le réseau est en crise et aujourd’hui, on vit un paroxysme. Tout le personnel est en surcharge de travail et tout le personnel est en épuisement », a déclaré le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Réjean Leclerc, en mêlée de presse devant le centre de recherche du CHUM.

Le Front commun juge l’offre du gouvernement Legault « dérisoire » et « insultante ». Il demande plutôt des augmentations salariales représentant environ 20 % sur trois ans.

« Le gouvernement doit accepter de nous parler. Messieurs les ministres, madame LeBel, au lieu d’enrichir les millionnaires des Kings, commencez donc à vous préoccuper des conditions de travail pour améliorer le sort de tous vos travailleurs », a déclaré Sylvie Nelson, présidente du Syndicat québécois des employées et employés de services (SQEES-FTQ).

Des répercussions sur le réseau

Ces journées de grève auront des répercussions sur le réseau de la santé. Le ministère de la Santé et des Services sociaux estime à 450 le nombre d’interventions chirurgicales non urgentes qui devront être reportées par journée de grève.

Autour de 1500 opérations sont réalisées chaque jour et les services sont maintenus à 70 %. « Les chirurgies urgentes, semi-urgentes et oncologiques ne sont pas affectées », a déclaré le porte-parole du MSSS, Francis Martel.

Il précise d’ailleurs que les chiffres sont basés sur des hypothèses théoriques et « pourraient varier considérablement selon la situation observée réellement dans chaque établissement ».