« Ça a été difficile et ça va continuer d’être difficile. » Le taux d’occupation des urgences n’a jamais été aussi élevé en cinq ans au Québec, à peine quelques jours après le temps des Fêtes. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, prévient que la situation n’est pas près de se résorber.

Chaque jour au Québec, 10 000 personnes se présentent aux urgences. C’est environ 1000 de plus qu’à pareille date l’an dernier. « Ce n’est pas juste une augmentation de volume, mais de difficulté de cas », a déclaré M. Dubé.

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Le ministre de la Santé, Christian Dubé, en conférence de presse mercredi

La grippe saisonnière, la COVID-19 et le virus respiratoire syncytial (VRS) pèsent lourd sur le réseau de la santé. On note deux fois plus de personnes aux urgences pour des virus respiratoires que l’an dernier. La Santé publique prévoit d’ailleurs une hausse soutenue de la propagation des virus respiratoires dans les prochains mois, ce qui pourrait se traduire par une hausse du nombre de patients aux urgences.

Au 8 janvier, le taux d’occupation des urgences s’est établi à 135 %. On est bien loin de l’objectif de 85 % du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Le précédent sommet du taux d’occupation remonte à janvier 2020, soit avant la pandémie. Il était alors monté à 130 %.

Les patients doivent parfois attendre jusqu’à 24 heures pour voir un médecin. « On remercie la population d’être patiente », a déclaré le DGilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec. Plus de 1000 Québécois dorment actuellement dans les urgences, bien qu’ils devraient être hospitalisés aux étages.

La situation continue d’être particulièrement tendue dans le Grand Montréal, où les taux d’occupation dépassent 140 %. La région de Lanaudière se trouve au sommet de ce triste palmarès, avec un taux d’occupation de 190 %, suivi des Laurentides, à 165 %. Les urgences de Chaudière-Appalaches, sur la Rive-Sud de Québec, connaissent aussi un achalandage accru en ce début d’année.

Un temps des fêtes achalandé

« Pendant le temps des fêtes, ça n’a pas été facile », a déclaré le DGilbert Boucher, qui est également urgentologue à l’Institut de cardiologie de Montréal. En conférence de presse le 19 décembre, M. Dubé avait prévenu que la situation serait tendue dans le réseau de la santé en raison de la circulation des virus respiratoires, des congés des Fêtes et de la pénurie de main-d’œuvre.

Autour de Noël, on a eu une petite accalmie. Ça a été très occupé entre Noël et le jour de l’An. Depuis [huit] jours, nos urgences débordent, malheureusement.

Le DGilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec

La forte circulation de la grippe a mis à mal les urgences. « L’an passé, ça avait été beaucoup plus facile parce qu’on avait eu un pic [d’influenza] à la fin novembre, début décembre, donc on avait toutes nos équipes. Cette année, c’est vraiment arrivé pendant le temps où on avait le moins de ressources durant le temps des fêtes », a-t-il indiqué.

Tenter d’éviter les urgences

Le ministre Christian Dubé a demandé aux Québécois d’éviter les urgences si leur état n’exige pas des soins immédiats. À l’heure actuelle, plus de la moitié des personnes se rendant aux urgences sont classées priorités 4 ou 5, soit les cas les moins urgents. « On aimerait en enlever une grande partie », a déclaré M. Dubé.

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Le président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec, le DGilbert Boucher, le ministre de la Santé, Christian Dubé, et le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau, mercredi

Québec mise sur les médecins de famille, afin de prendre en charge ces patients ne nécessitant pas de soins urgents. Pour y arriver, des rencontres sont prévues avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).

Au cours des prochaines semaines, Québec prévoit également ouvrir 500 places d’hébergement, afin que les patients qui n’ont plus besoin de soins à l’hôpital puissent être redirigés dans un milieu de vie adapté.

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse