Les préados qui avaient en 2010 un ordinateur ou une télévision dans leur chambre avaient de moins bonnes notes cinq ans plus tard et un risque de décrochage plus élevé, selon une nouvelle étude québécoise. Ils avaient aussi moins souvent trouvé l’amour.

« Un écran dans la chambre, quel qu’il soit, est associé à des conséquences négatives », dit Linda Pagani, de l’Université de Montréal, qui est l’auteure principale de l’étude publiée en février dans une revue de Santé Canada. « Nos données concernent la dernière génération avant l’omniprésence des téléphones intelligents. Elles montrent qu’il faut décourager leur utilisation trop grande chez les enfants d’aujourd’hui. »

Les 1300 enfants ont été suivis dès leur naissance en 1998. En 2010, ils avaient 12 ans. L’impact des écrans dans la chambre à 12 ans a été mesuré en 2015, quand ces enfants avaient 17 ans. Les calculs statistiques des chercheurs ne permettent pas de chiffre l’augmentation de prévalence du décrochage, ou des autres impacts négatifs des écrans.

« Le gouvernement devrait songer faire de la publicité pour sensibiliser davantage la population à l’importance de sortir les écrans des chambres des enfants et des jeunes adolescents pour privilégier un usage dans les espaces communs », ajoute le coauteur Benoit Gauthier, qui a fait cette analyse dans le cadre de son doctorat. « Les enfants aujourd’hui sont exposés à toutes sortes de contenus qui ne sont pas appropriés pour leur âge. S’ils sont dans des lieux communs, leurs parents peuvent en parler avec eux. »

Empathie

La seule différence entre les sexes est que les garçons qui avaient un écran dans leur chambre à 12 ans montraient à 17 ans moins de gentillesse et d’empathie et partageaient moins avec autrui. Cette « prosociabilité » n’était pas affectée chez les filles à cause des modèles sociaux favorisant ces traits de caractère, selon Mme Pagani. Elle était évaluée à l’aide de sept questions comme « quand quelqu’un fait une erreur, j’ai eu de la peine pour lui ».

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

Linda Pagani

Un peu moins de la moitié des enfants de 12 ans avaient une télé ou un ordinateur dans leur chambre. Étonnamment, il n’y avait pas de différence entre les deux, même si un ordinateur peut être utilisé pour les travaux scolaires. « Nous avons fait une analyse préliminaire et vu qu’il n’y avait pas de différence, alors nous avons groupé les deux », dit M. Gauthier.

Même pour les filles, moins portées à jouer aux jeux vidéo sur ordinateur ? « C’est vrai que les garçons jouent plus aux jeux, mais à l’époque il y avait déjà des réseaux sociaux, alors on pense que les ordinateurs ne servaient pas tant que ça aux travaux scolaires », dit Mme Pagani.

Un écran dans la chambre à 12 ans en 2010 n’était-il pas un signe de parents trop permissifs, plutôt que d’un impact négatif des écrans comme tels ? « Il y a en effet des études qui montrent des effets négatifs d’une trop grande permissivité des parents, mais nos données montrent que les écrans ont un effet bien réel », répond M. Gauthier.

En savoir plus
  • 76 %
    Proportion des garçons de 17 ans qui avaient eu une relation amoureuse dans les 12 derniers mois en 2015
    SOURCE : Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au canada
    70 %
    Proportion des filles de 17 ans qui avaient eu une relation amoureuse dans les 12 derniers mois en 2015
    SOURCE : Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au canada