Sam Bankman-Fried, le dirigeant en disgrâce du secteur des cryptomonnaies, a formulé jeudi sa première réponse détaillée aux accusations criminelles déposées contre lui le mois dernier, arguant que les millions de clients de sa plateforme d’échange en faillite, FTX, pourraient encore récupérer leur argent.

Dans une déclaration publiée sur Substack, M. Bankman-Fried a déclaré qu’un « recouvrement très important reste éventuellement possible ».

« Je n’ai pas volé de fonds, et je n’ai certainement pas caché des milliards, a-t-il écrit. La quasi-totalité de mes actifs était et est toujours utilisable pour soutenir les clients de FTX. »

Sa déclaration est intervenue un jour après que les avocats chargés de superviser la faillite de FTX ont déclaré au tribunal qu’ils avaient récupéré au moins 5 milliards de dollars de fonds.

M. Bankman-Fried a cité cette annonce pour tenter d’étayer sa thèse selon laquelle les clients de FTX pourraient encore être « substantiellement épargnés ». Il n’a pas été précisé s’il avait vérifié sa déclaration auprès de son équipe juridique avant de la publier.

FTX a déposé le bilan en novembre après qu’une ruée sur les dépôts des clients a révélé un trou de 8 milliards de dollars dans ses comptes. M. Bankman-Fried, 30 ans, a été arrêté le mois dernier à son domicile aux Bahamas, où FTX était établie, et a rapidement été extradé vers les États-Unis. Les procureurs fédéraux de Manhattan l’ont inculpé pour fraude, blanchiment d’argent et violation des règles de financement des campagnes électorales.

Les autorités affirment que M. Bankman-Fried a siphonné des milliards de dollars de dépôts de clients de FTX et utilisé les fonds pour acheter des biens immobiliers de luxe, investir dans d’autres sociétés, faire des contributions politiques et financer le commerce de cryptomonnaie chez Alameda Research, le fonds spéculatif qu’il possédait également.

Le fondateur de FTX a été libéré le mois dernier contre une caution de 250 millions de dollars sous des conditions strictes qui l’obligent à rester confiné dans la maison de ses parents à Palo Alto, en Californie.

Lors d’une brève comparution devant le tribunal de New York la semaine dernière, il a plaidé non coupable aux accusations criminelles.

Un porte-parole de Damian Williams, le procureur des États-Unis pour le district Sud de New York, qui poursuit M. Bankman-Fried, s’est refusé à tout commentaire.

Un porte-parole de M. Bankman-Fried et de son équipe juridique s’est refusé à tout commentaire.

Des sommes pratiquement illimitées

La déclaration de jeudi de M. Bankman-Fried réitère un récit qu’il a déjà avancé auparavant – et que les procureurs américains, les régulateurs et les experts du secteur ont rejeté en bloc. Il y présente une chronologie détaillée de la situation financière d’Alameda, qui était étroitement liée à FTX, en faisant valoir que la société a perdu de l’argent en raison d’un effondrement du marché auquel elle n’était pas préparée.

Dans sa déclaration, M. Bankman-Fried a également imputé l’échec de FTX en partie à une attaque de son principal rival, Binance.

« Aucuns fonds n’ont été volés », a-t-il écrit.

Mais alors même qu’il décrivait les finances d’Alameda, M. Bankman-Fried a également affirmé qu’il n’avait pas dirigé la société « ces dernières années » et qu’il n’avait pas accès à toutes ses informations financières. Les régulateurs et les procureurs ont affirmé qu’il était en fait intimement impliqué dans la gestion d’Alameda et qu’il avait orchestré un système qui permettait à l’entreprise d’emprunter des sommes pratiquement illimitées à partir de l’argent déposé par les clients de FTX.

Sa déclaration n’a pas abordé la reconnaissance de culpabilité de deux de ses anciens cadres supérieurs, Caroline Ellison et Gary Wang, qui coopèrent tous deux avec les procureurs.

Mme Ellison, qui a eu une relation amoureuse avec M. Bankman-Fried, était à la tête d’Alameda lorsque la société s’est effondrée, et M. Wang a fondé FTX avec M. Bankman-Fried.

Mercredi, un avocat de FTX spécialisé dans les faillites a déclaré à un juge fédéral que la plateforme avait récupéré plus de 5 milliards de dollars de liquidités et d’actifs en cryptomonnaie, soit beaucoup plus que ce que la société avait précédemment déclaré avoir en main.

Cette annonce a fait naître l’espoir que FTX puisse être en mesure de restituer un peu d’argent à ses millions de créanciers et de clients dans le monde entier.

Andrew Dietderich, un avocat du cabinet Sullivan & Cromwell, a également déclaré au juge chargé de superviser la faillite de FTX dans le Delaware que l’équipe juridique avait identifié plus de 9 millions de comptes clients de la plateforme.

Environ 1,7 milliard d'actifs récupérés en espèces

Dans un courriel envoyé après l’audience sur la faillite, M. Dietderich a déclaré que sur les 5 milliards de dollars d’actifs nouvellement récupérés, environ 1,7 milliard de dollars étaient en espèces.

Il a précisé que les actifs nouvellement récupérés ne comprenaient pas les quelque 20 millions de dollars en espèces et 484 millions de dollars en actions de la société de commerce en ligne Robinhood que les procureurs fédéraux avaient saisis auprès d’une société distincte que M. Bankman-Fried avait créée à Antigua. Il a également déclaré que la nouvelle direction de FTX pense que les actions de Robinhood et l’argent saisi devraient être distribués aux créanciers de FTX.

FTX cherche également à savoir si elle peut vendre environ 4,6 milliards de dollars d’investissements que la société avait réalisés dans d’autres entreprises, principalement des sociétés de cryptomonnaie.

Dans sa déclaration de jeudi, M. Bankman-Fried a déclaré qu’il avait précédemment offert « de remettre presque toutes [s]es actions personnelles dans Robinhood aux clients » si FTX acceptait de l’aider à payer ses frais juridiques. Il a récemment déposé une requête au tribunal des faillites dans laquelle il affirme que ces actions sont ses biens personnels et qu’il doit en vendre certaines pour payer ses avocats.

Lisez l’article original (en anglais ;
abonnement requis)