Les récents ajustements de prix décrétés chez Tesla et Ford – pour le modèle Mustang Mach-E – pourraient laisser croire qu’une trame de fond se dessine dans le créneau des véhicules électriques. Cependant, tout indique qu’il faudra s’armer de patience avant de voir un recul généralisé des prix.

Certains constructeurs automobiles, comme Volkswagen, ont publiquement affirmé qu’ils n’avaient pas l’intention d’emboîter le pas à leurs concurrents. D’autres géants de l’automobile peinent à accroître leur production, contraignant les consommateurs désireux de se procurer un véhicule électrique à patienter sur une liste d’attente.

« Il n’y a que quelques entreprises qui peuvent se targuer de faire un profit et de vendre à plus bas prix », analyse Simon-Pierre Rioux, président de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ).

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Simon-Pierre Rioux, président de l’Association des véhicules électriques du Québec

Plusieurs vont devoir être en mesure de réaliser d’importantes économies d’échelle avant de refiler des diminutions de coûts aux clients.

Simon-Pierre Rioux, président de l’Association des véhicules électriques du Québec

Tesla lance le bal

Tesla s’est retrouvé sous les projecteurs en sabrant ses prix le mois dernier. Avec un prix de détail suggéré par le fabricant (PDSF) de 54 990 $ – abaissé de 5000 $ –, le véhicule Model 3 est une fois de plus admissible au rabais fédéral de 5000 $. Si on inclut l’incitatif provincial de 7000 $, la voiture est admissible à une réduction de 12 000 $.

Puis, le 30 janvier dernier, Ford a réduit les prix des versions du Mustang Mach-E – un rival du Tesla Model Y – de 4750 $ à 8500 $. Le constructeur américain veut appuyer sur l’accélérateur et en produire davantage.

« J’ai lu les mêmes choses que vous et dans les marques que nous offrons, on ne voit pas cela », répond Norman John Hébert, président et chef de l’exploitation du Groupe Park Avenue, interrogé sur les récentes annonces de Tesla et Ford. « On n’entrevoit pas d’autres baisses de prix. Je pense que c’est un peu tôt. »

Pour plusieurs constructeurs, l’approvisionnement reste un enjeu. La pression sur les fabricants de batteries est élevée. Malgré tout, certaines tendances sont encourageantes et laissent entrevoir des assouplissements lorsque l’offre répondra à la demande. Par exemple, le coût d’un bloc-batterie ne cesse de fléchir. Selon une étude du département américain de l’Énergie, le prix moyen de fabrication – lorsqu’une entreprise peut produire au moins 100 000 blocs-batterie par année – a décliné d’environ 90 % depuis 2008 pour se situer en deçà de 200 $ US.

« Cette baisse est due aux améliorations apportées aux technologies, aux produits, ainsi qu’à l’augmentation du volume de production », expliquent les autorités américaines.

Ajustements anticipés, mais…

Une réduction des coûts de production, une fois les problèmes d’approvisionnement réglés, pourrait tirer les prix à la baisse. Cependant, certains géants de l’automobile ont encore des croûtes à manger en matière de production électrique. Le Mustang Mach-E, qui a commencé à être vendu vers la fin de 2020, est un bon exemple. Ford a récemment découvert que le véhicule comportait 1,6 km de câblage excédentaire, ce qui avait d’importantes répercussions financières.

« Nous ne savions pas que le véhicule pesait environ 70 lb [32 kg] de trop et que cela coûtait 300 $ de plus par batterie », avouait le chef de la direction de la multinationale américaine, Jim Farley, le 4 février dernier, en conférence téléphonique avec les analystes financiers.

Selon le président de l’AVEQ, Ford a néanmoins réduit le prix du véhicule en anticipant des réductions de coût à plus long terme.

La prochaine année marquera l’arrivée de nouveaux modèles électriques chez les concessionnaires. Parmi ceux-ci, on retrouve le Chevrolet Equinox, dont le prix de détail sera de 35 000 $.

Avec les rabais gouvernementaux, la version électrique sera moins chère que la version à essence. La raison : General Motors (GM) a mis au point une plateforme – Ultimum – qui se retrouvera sur ses autres modèles électriques, comme le Blazer, le GMC Hummer et le Cadillac Lyriq.

Il y a donc des économies d’échelle qui sont anticipées par GM.

« D’un constructeur à l’autre, on voit que c’est vraiment différent et inégal », remarque l’ex-ministre péquiste de l’Environnement Daniel Breton, actuellement président et chef de la direction de Mobilité électrique Canada. « Tant qu’on ne sera pas en mesure de répondre à la demande, il n’y a pas de raison de diminuer les prix. »

Les concessionnaires interrogés par La Presse prévoient une fluctuation des prix des véhicules électriques à plus long terme. Mais la plupart sont d’accord sur une chose : au rythme où vont les choses, ce n’est pas pour demain.

Lisez l’article « Concessionnaires automobiles : des voitures dans la cour, mais pas trop »
En savoir plus
  • 60 000 $
    Seuil maximal du prix de vente suggéré d’un véhicule électrique pour obtenir un rabais de 7000 $ au Québec
    Source : Gouvernement du Québec
    55 000 $
    Au fédéral, le prix ne doit pas dépasser 55 000 $ si l’on veut profiter de l’incitatif de 5000 $.
    Source : Transports Canada