Le successeur de Sophie Brochu à la tête d’Hydro-Québec n’a pas encore été nommé officiellement que les dossiers s’accumulent déjà sur son bureau. Survol de la tâche qui attend Michael Sabia au siège social du boulevard René-Lévesque.

Le contrat de Churchill Falls

En haut de la pile se trouve certainement la renégociation du contrat d’approvisionnement de Churchill Falls. Ce contrat conclu en 1969 à des conditions qui se sont avérées très avantageuses pour Hydro-Québec se termine en 2041 et des discussions préliminaires ont déjà commencé entre Québec et Terre-Neuve pour son renouvellement. Avec son expérience de grand mandarin fédéral, Michael Sabia pourrait bien avoir été choisi par Québec expressément pour mener à bien ces discussions périlleuses. Terre-Neuve n’a qu’un seul acheteur pour l’électricité de Churchill Falls qui produit 15 % des besoins en électricité du Québec et génère le tiers des profits d’Hydro-Québec.

La boucle de l’Atlantique

Celui qui est toujours le sous-ministre des Finances à Ottawa est bien au fait des efforts du gouvernement fédéral pour aider le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, qui dépendent du charbon pour produire de l’électricité, à avoir accès à l’énergie renouvelable du Québec et de Terre-Neuve. Ce projet connu sous le nom de boucle de l’Atlantique (Atlantic Loop) repose sur la construction de lignes de transmission qui permettraient les échanges d’énergie entre les quatre provinces. Le dernier budget fédéral qui porte la marque de Michael Sabia prévoit d’ailleurs que la Banque d’infrastructure du Canada finance ce projet estimé à 5 milliards. Nul doute que M. Sabia, qui a été président du conseil d’administration de la Banque d’infrastructure du Canada, a intérêt à faire avancer ce projet qui profiterait à Hydro-Québec.

Augmenter la production d’électricité

Le Québec doit décider s’il mise sur les économies d’énergie pour éviter de construire de nouvelles installations ou s’il augmente sa capacité de production pour répondre à la demande des entreprises attirées par son énergie renouvelable. En acceptant de devenir le patron d’Hydro-Québec, Michael Sabia semble avoir la même vision que gouvernement Legault et son ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, qui veulent se servir du levier énergétique pour attirer des investissements. M. Sabia connait bien le ministre Fitzgibbon, qui a été membre du conseil d’administration de la Caisse de dépôt sous sa gouverne, et l’autre gros canon du gouvernement, Christian Dubé, qui a été son vice-président de 2014 à 2018.

Le prochain PDG d’Hydro-Québec pourrait donc donner le coup d’envoi du premier projet de construction d’une centrale hydroélectrique en 20 ans. Cet ajout de production pourrait par ailleurs provenir du Bas-Churchill, où il existe encore du potentiel de développement hydroélectrique, si les négociations sur le contrat de Churchill Falls et la boucle de l’Atlantique sont couronnées de succès.

Le dernier budget fédéral, auquel Michael Sabia a tenu à participer avant d’accepter le poste de PDG d’Hydro-Québec, accorde pour la première fois à la société d’État québécoise le droit de bénéficier d’un crédit fédéral de 15 % sur tout investissement en énergie verte au Québec ou ailleurs au Canada.