Une baisse postpandémique de leurs ventes laissent les fabricants et de commerces de jeux de société avec des surplus.

Les ventes de jeux de société ont explosé en 2020, sous l’élan d’une certaine pandémie de COVID-19. Durant cette période, les fabricants et les commerces ont souffert d’une pénurie de pièces et de jeux. Pour éviter qu’une telle situation se répète, ils ont massivement renfloué leurs stocks.

Cette année, les ventes de jeux sont revenues aux normes prépandémiques. Alors qu’on craignait une autre pénurie, ce sont finalement des surplus de stocks qui tracassent les acteurs du milieu.

Le plus grand fabricant de jeux de société au Canada, Gladius, doit affronter ce problème. « Je parle avec beaucoup d’autres entreprises qui me confirment que c’est pareil pour elles », affirme Marc Fournier, président fondateur des Éditions Gladius. Pour vider ses stocks, M. Fournier organise des ventes d’entrepôt, une solution qui fonctionne bien, précise-t-il.

Les pubs ludiques Randolph doivent également gérer un « surstock » de jeux de stratégie, qui se sont moins écoulés que les jeux de party, souligne Joël Gagnon, directeur de l’édition chez Randolph.

On gère les surstocks en proposant des promotions à nos clients ou, à un certain point, en faisant des liquidations.

Joël Gagnon, directeur de l’édition chez Randolph

Les ventes ralentissent

Les surplus de stocks coïncident avec le ralentissement des ventes des jeux de société depuis le début de l’ère post-COVID-19. Les ventes des Éditions Gladius avaient augmenté de 15 % à 20 % en 2020. En 2023, les chiffres de ventes correspondent à ceux de 2019, année où les jeux de société étaient bien moins en vogue qu’aujourd’hui, indique Marc Fournier à La Presse.

Du côté de Renaud-Bray, les ventes ont également baissé depuis 2022. « Si on compare à la prépandémie, on est quand même dans une progression », précise Floriane Claveau, directrice des communications de l’entreprise.

Une offre exponentielle

Depuis quelques années, l’offre de jeux de société foisonne. Il y a cinq ans, près de 50 jeux de société sortaient chaque semaine, indique Éric Raymond, copropriétaire et cofondateur des boutiques Joubec. Ce nombre oscillerait aujourd’hui entre 200 et 300, selon l’entrepreneur.

« La concurrence est 10 fois plus féroce qu’il y a 10, 15 ou 20 ans », ajoute Marc Fournier, des Éditions Gladius.

Le surnombre de jeux de société oblige les détaillants à exposer seulement quelques exemplaires d’un même jeu. « Les tablettes des commerçants ne sont pas élastiques », illustre M. Fournier.

Le casse-tête en baisse

De son côté, l’industrie du casse-tête, qui a connu un pic absolu durant la pandémie, est au point mort. Chez Wrebbit, fleuron québécois à qui l’on doit les casse-têtes 3D, les ventes avaient explosé de 60 % en 2020. Cette effervescence était du jamais-vu pour l’entreprise, qui vend 85 % de ses casse-têtes à l’international.

« Depuis janvier 2022, le marché est tombé », indique Claude Alary, directeur des ventes de l’entreprise.

À l’heure actuelle, les ventes de Wrebbit correspondent aux chiffres prépandémiques. Le casse-tête est devenu une activité populaire pendant le confinement, alors que les commerces, les restaurants, les activités sportives et les voyages étaient mis sur pause. La reprise des activités a grandement touché le marché du casse-tête et, plus largement, celui du jeu de société, soutient M. Alary.

Consolation, Wrebbit conçoit ses casse-têtes sur demande : l’entreprise n’a pas de surplus de stocks.