(Charlottetown) Le premier ministre Justin Trudeau persiste et signe : l’achat du pipeline Trans Mountain de la société américaine Kinder Morgan par le gouvernement fédéral en 2018 était dans l’intérêt national, même si les coûts de construction liés à son agrandissement ont plus que triplé.

M. Trudeau a dit avoir bon espoir de privatiser cet actif controversé au cours des prochains mois tandis que les travaux de construction achèvent et que l’ouverture du nouveau pipeline est prévue au début de la nouvelle année. Des pourparlers sont en cours avec des acheteurs potentiels, dont des investisseurs des Premières Nations, a-t-il indiqué.

À l’issue de la retraite du Cabinet fédéral de trois jours, le premier ministre a de nouveau défendu la décision de son gouvernement d’acheter ce pipeline, fortement critiquée encore à ce jour par les groupes environnementaux, afin d’en tripler la capacité de 300 000 barils par jour à quelque 900 000 barils.

« Le gouvernement fédéral n’est pas dans la business de gérer des pipelines. Nous avons acheté ce pipeline pour nous assurer qu’il serait construit parce que cela était dans l’intérêt national. Il y a beaucoup de groupes du secteur privé, dont des groupes autochtones, qui sont très intéressés à en devenir les propriétaires », a affirmé le premier ministre.

PHOTO DARREN CALABRESE, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre Justin Trudeau

Ottawa s’est porté acquéreur du pipeline pour la somme de 4,5 milliards de dollars après que Kinder Morgan eut décidé d’annuler le projet d’agrandissement en raison des batailles judiciaires menées devant les tribunaux par des groupes autochtones et la province de la Colombie-Britannique pour le stopper. Le gouvernement fédéral voulait aussi permettre à l’Alberta d’obtenir un meilleur prix pour le pétrole que la province produit.

Au départ, les travaux d’agrandissement du pipeline qui relie Edmonton, en Alberta, à Burnaby, en Colombie-Britannique, étaient évalués à 7,4 milliards. La facture a bondi à 21,4 milliards en 2022 avant d’être revue à la hausse à 30,9 milliards de dollars au printemps.

M. Trudeau a refusé de dire si le gouvernement fédéral devrait vendre à perte le nouveau pipeline. « Nous sommes convaincus que le plan d’affaires de Trans Mountain demeure solide », s’est-il borné à dire.

Selon un rapport du directeur parlementaire du budget publié l’an dernier, le gouvernement fédéral sera contraint de vendre le pipeline Trans Mountain à perte en raison de l’explosion des coûts de construction. En 2021, une équipe de chercheurs de l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, estimait que les pertes pour les contribuables pourraient friser les 18 milliards.