« Coudonc, je ne fais pas d’argent ! » C’est ce que finissait toujours par se dire François Groulx en regardant ses relevés trimestriels de placements. Il n’y comprenait pas grand-chose, il posait des questions à ses conseillères financières et n’avait pas de réponse satisfaisante. Il en a eu assez. Il a commencé à s’informer et finalement, à gérer ses finances lui-même. Résultat ? Quinze ans plus tard, à 55 ans, il est presque à la retraite !

« On n’est jamais mieux servi que par soi-même, affirme fièrement François. Après mes enfants, prendre mes finances en main a été ma plus grande réussite. »

À tel point que l’an dernier, à 54 ans, François a donné sa démission à son employeur. « À ma grande surprise, il m’a offert un contrat à trois jours par semaine, raconte-t-il. J’ai accepté. Le mandat se termine bientôt et ensuite, je vais travailler pour le plaisir en acceptant des emplois que j’aurais toujours voulu faire, mais qui n’étaient pas assez payants. »

Comment tout cela est-il possible ? Pendant des années, lorsqu’il était marié, François gagnait un bon salaire, tout comme sa conjointe, mais les deux n’avaient pas le même rapport à l’argent.

Nous n’avions pas de coussin financier, nous étions toujours serrés et je trouvais que ça n’avait pas de bon sens. Je voulais investir.

François Groulx

« C’est comme ça que nous avons fini par aller voir des conseillères en placement et que nous avons commencé à investir de l’argent chaque mois dans des fonds communs. »

Lorsqu’il a reçu ses premiers rapports trimestriels, il n’y a rien compris. « J’essayais de voir quels étaient les frais que je payais, combien d’argent j’avais fait et ce n’était vraiment pas clair, se souvient-il. Puis, j’ai commencé à lire des livres sur le domaine de l’investissement et les nouvelles économiques. Mieux outillé, je posais des questions plus pointues aux conseillères et je trouvais leurs réponses très vagues. »

Insatisfait, François s’est dit qu’il était temps qu’il prenne la gestion de ses avoirs en main.

Investir seul et se faire un plan

La première étape était donc de sortir son argent des fonds communs. « J’ai tout retiré d’un coup, raconte-t-il. Il y avait des frais de sortie à payer, mais ça ne m’a pas arrêté, parce que je n’avais plus confiance. J’ai tout déposé dans un compte de courtage et j’ai commencé à acheter des titres de compagnies matures, souvent avec des dividendes, que j’ai toujours réinvestis pour profiter des intérêts composés. »

Il s’agit quand même d’un gros saut dans le vide ! « Oui et dans un sens, j’avais peur, mais dans un autre, non, se souvient-il. Avant, je ne savais pas vraiment dans quoi j’investissais ni si je faisais de l’argent. Maintenant, je prends toutes mes décisions et si je perds de l’argent, c’est moi qui suis responsable. Puis, rapidement, j’ai commencé à faire de l’argent, alors ça m’a mis en confiance. Et maintenant, je vieillis, donc je commence à acheter des fonds indiciels, qui sont moins risqués. »

Pour s’assurer qu’il s’en allait dans la bonne direction, François s’est aussi fait un plan de retraite. « Pour y arriver, j’ai lu énormément, indique-t-il. J’ai un compte de retraite immobilisé (CRI) qui me donnera un certain montant à 65 ans, puis j’ai un compte d’épargne libre d’impôt et mon compte de courtage.

Au départ, je me disais que j’allais prendre ma retraite vers 60 ou 65 ans, mais plus les années passaient, plus je réalisais que ça allait bien et que je pourrais la prendre avant.

François Groulx

Il faut dire aussi qu’il a récemment vendu sa maison parce qu’il en avait assez de l’entretien. Il est maintenant locataire, mais il a investi la somme obtenue pour la maison. « C’est certain que ça a fait une grosse différence dans mon plan ! »

De plus, il pense attendre à 70 ans avant de demander sa rente de la Régie des rentes du Québec et sa pension de Sécurité de la vieillesse, pour qu’elles soient bonifiées. Il ne prévoit pas de rouler sur l’or, mais tout de même, de pouvoir bien vivre.

« Je sortirai toujours de la Bourse l’argent nécessaire pour vivre quatre ans et je l’investirai de façon sécuritaire, explique-t-il. Comme ça, je ne serai pas stressé s’il y a un krach. Pour le reste, c’est certain que tout dépendra des rendements. Il y a toujours de la nervosité : je me demande si mon plan est bon. Mais, à un moment donné, il faut se faire confiance. Au pire, je retournerai travailler. Chose certaine, je veux profiter des prochaines années. Je ne veux pas être le plus riche du cimetière ! »