Le franchiseur montréalais MTY – derrière Mikes, Scores, Bâton Rouge, Thaï Express, Valentine et de nombreuses autres enseignes – a vu son action toucher cette semaine son niveau le plus bas depuis un an à la Bourse de Toronto. L’une des raisons évoquées ? Ozempic.

Ozempic est ce médicament autorisé pour traiter le diabète, mais de plus en plus connu pour sa capacité à contribuer à la perte de poids en freinant l’appétit. Il est considéré comme un des éléments influant sur la valeur des entreprises associées au secteur de la restauration et de la production alimentaire.

La popularité croissante d’Ozempic et d’autres médicaments similaires associés à la perte de poids pourrait inciter les consommateurs à acheter moins de nourriture, en particulier les collations riches en calories et les repas préparés dans les comptoirs de restauration rapide.

Le déclin appréhendé des ventes à long terme de certaines entreprises serait surtout alimenté non pas par la crainte de voir les gens favoriser une alimentation plus saine, mais davantage par l’inquiétude de voir les consommateurs manger moins.

Au début d’octobre, la banque britannique Barclays a publié un rapport de recherche dans lequel il est indiqué que les médicaments comme Ozempic doivent être considérés comme un risque pour les entreprises du secteur de la restauration rapide, notamment, et que ce risque ne serait pas pleinement escompté.

L’agence Bloomberg rapportait pour sa part au début du mois que le PDG de Walmart lui avait déclaré que ses clients prenant Ozempic achetaient moins de nourriture.

La croissance organique de MTY est freinée par les difficultés de l’industrie dans laquelle l’entreprise évolue, souligne l’analyste John Zamparo, de la CIBC, dans une note envoyée à ses clients la semaine dernière.

PHOTO TOM LITTLE, ARCHIVES REUTERS

Injecteurs du médicament contre le diabète Ozempic en production dans une usine danoise de Novo Nordisk

Cet expert fait précisément référence à l’impact potentiel des médicaments amaigrissants comme étant un des vents de face pour l’industrie.

Son camarade Nick Corcoran, de la firme Acumen, croit qu’il pourrait s’agir d’une préoccupation à plus long terme, mais à court terme, ces médicaments restent « excessivement chers » et hors de portée de la plupart des gens, dit-il à La Presse.

L’action de MTY a perdu 30 % de sa valeur depuis son sommet de février et le repli s’élève à 23 % depuis le début de septembre. Même la publication la semaine dernière d’une performance financière trimestrielle supérieure aux attentes n’a pu renverser la tendance.

Si John Zamparo est d’avis que la baisse du titre de MTY depuis la présentation des résultats financiers la semaine passée est injustifiée, il soulève plusieurs points pour tenter d’expliquer la dynamique actuelle dans l’industrie.

Outre l’impact potentiel des médicaments amaigrissants, il cite la prudence accrue des consommateurs dans le contexte économique incertain actuel et la reprise des remboursements de prêts étudiants aux États-Unis.

Nick Corcoran se montre lui aussi étonné par la réaction des investisseurs. En dépit de la glissade boursière de MTY, il continue de recommander l’achat du titre de l’entreprise qui exploite aussi les enseignes Sushi Shop, Dagwoods, La Diperie, Yuzu Sushi, Cafés Van Houtte et Café Dépôt, entre autres.

Selon la firme de données financières Refinitiv, le titre de MTY n’est recommandé que par trois des sept analystes qui suivent officiellement les activités de l’entreprise.

Le ratio cours/bénéfice actuel sous-estime le potentiel des activités de MTY et les améliorations apportées au cours des dernières années, selon John Zamparo, qui lui aussi continue de proposer l’achat de l’action de MTY.

Les dépenses de consommation pourraient être sous pression en 2024, mais John Zamparo considère MTY et le secteur de la restauration rapide comme étant « défensifs » par rapport à d’autres.

De son côté, l’analyste Sabahat Khan, de RBC, entend suivre l’impact que les augmentations du salaire minimum en Ontario (octobre 2023) et en Californie (janvier 2024) pourraient avoir sur le réseau d’établissements de MTY.

Il note par ailleurs que l’obtention d’un financement adéquat pour les franchisés a été plus difficile récemment en raison du contexte macroéconomique incertain et de l’augmentation des taux d’intérêt.

Chez Raymond James, Michael Glen attribue la contraction du multiple d’évaluation de MTY à la transformation du modèle d’affaires, autrefois principalement orienté autour d’emplacements dans des aires de restauration rapide de tours de bureaux et de centres commerciaux, vers un modèle comportant des établissements avec de plus en plus de salles à manger avec service aux tables. Il fait remarquer que les investisseurs accordent historiquement un multiple moins élevé aux entreprises ayant ce type de modèle.

80 millions

Ozempic et les médicaments de même nature pourraient aussi avoir un effet positif sur certaines entreprises. Si des chaînes de pharmacies peuvent potentiellement bénéficier d’une hausse des ordonnances pour les médicaments, les transporteurs aériens ont également des gains à réaliser. La firme américaine Jefferies soutient dans un rapport de recherche publié cet automne que United Airlines, par exemple, pourrait économiser jusqu’à 80 millions de dollars par année si le poids de ses passagers diminuait en moyenne de 10 livres. Selon l’analyste Sheila Kahyaoglu, la demande de médicaments permettant une perte de poids rapide pourrait faire de ces médicaments un marché de 100 milliards US.

Le fabricant d’Ozempic en un coup d’œil

  • Nom : Novo Nordisk
  • Secteur : pharmaceutique
  • Année de fondation : 1923
  • Président : Lars Fruergaard Jorgensen
  • Siège social : Danemark
  • Nombre d’employés : 55 000