Un an après son annonce par le gouvernement fédéral, le « Fonds de croissance du Canada », doté de 15 milliards de dollars à investir dans des projets du secteur privé de réduction des émissions carbone, entre en scène avec la réalisation d’un premier investissement.

Le Fonds (FCC), dont la gestion a été confiée à la firme montréalaise Investissements PSP, qui gère déjà 243 milliards d’actifs des régimes de retraite des employés fédéraux, investit 90 millions dans une entreprise de Calgary, Eavor Technologies.

Selon le FCC, cette entreprise a développé une technologie novatrice de géothermie en circuit fermé, baptisée « Eavor-Loop », qui permet de produire « de la chaleur et de l’électricité de façon propre et fiable ».

Cette injection de 90 millions du FCC aidera Eavor Technologies à « maintenir et à soutenir de nouveaux emplois permanents en Alberta », tout en s’assurant que les effectifs et le savoir-faire technologique de l’entreprise demeurent établis au Canada à long terme.

Mais pour les gestionnaires du FCC, en particulier son président et chef de la direction, Patrick Charbonneau, haut dirigeant d’expérience chez PSP, cet investissement dans Eavor Technologies représente le premier pas d’une série de transactions à venir au cours des prochains mois.

PHOTO FOURNIE PAR PSP

Patrick Charbonneau, président et chef de la direction du Fonds de croissance du Canada

L’un des objectifs qui nous ont été confiés est d’investir ces 15 milliards de dollars d’ici cinq ans afin d’encourager et d’amplifier les investissements dans des projets du secteur privé qui visent à réduire les émissions de carbone.

Patrick Charbonneau, président et chef de la direction du Fonds de croissance du Canada, lors d’un entretien avec La Presse

« Or, avec ce type de fonds d’investissement spécialisé, c’est toujours la première année et le premier milliard qui sont les plus difficiles à réaliser. Dans le cas du FCC, parce que nous arrivons avec de nouveaux produits financiers, en plus d’un profil de risque et d’un mandat spécifique, nous avons eu fort à faire depuis juin pour nous introduire auprès des principaux intervenants d’affaires dans le domaine de la décarbonation de l’économie. »

Accueil « très positif »

Ces efforts ont toutefois vite porté leurs fruits pour l’équipe de 14 analystes et gestionnaires d’investissement assemblée et dirigée par M. Charbonneau au siège administratif de PSP à Montréal. Il s’agit d’une cohabitation opérationnelle, alors que la sélection et la gestion des placements du Fonds sont indépendantes de PSP et du gouvernement fédéral.

« L’accueil a été très positif parmi nos principaux interlocuteurs et partenaires d’investissement potentiels, d’autant que nous arrivons avec une équipe de gens d’expérience dans l’analyse et la gestion d’investissements. Ça nous a permis d’avancer rapidement dans l’identification de projets et d’entreprises du secteur des technologies de décarbonation qui sont les plus aptes à bénéficier de notre appui financier pour poursuivre et accélérer leur développement. »

Depuis leur entrée en fonction en juin, les gestionnaires du Fonds de croissance du Canada ont inscrit une soixantaine de projets et d’entreprises sur leur liste d’investissements potentiels. Et de cette liste, une vingtaine sont considérés comme prioritaires à réaliser au cours des prochains mois.

« Ces projets et ces entreprises sont situés au Québec et ailleurs au Canada. Et le montant de ces investissements potentiels varie de façon importante selon les secteurs d’activité ciblés », indique Patrick Charbonneau sans pouvoir en révéler davantage.

« Dans le secteur des technologies propres [cleantech], par exemple, ça pourrait être de quelques dizaines de millions de dollars. Mais dans le secteur des infrastructures de décarbonation, je m’attends à ce que ce soit plus de l’ordre de quelques centaines de millions par projet. »