Hydro-Québec devra redoubler d’efforts et augmenter les salaires pour attirer des ingénieurs si elle veut réaliser les investissements de 100 milliards prévus pour augmenter sa production, prévient le Syndicat professionnel des ingénieurs de la société d’État.

Son généreux régime de retraite, qui a peu d’égaux au Québec, n’attire pas autant qu’avant, assure Nicolas Cloutier, président du syndicat qui regroupe les 2578 ingénieurs d’Hydro-Québec.

« Un jeune diplômé qui dans sa tête pense qu’il va changer d’emploi plusieurs fois dans sa vie a moins d’intérêt pour un régime de retraite, explique-t-il lors d’un entretien avec La Presse. Il pense davantage à son style de vie et à la conciliation travail-famille. »

L’intention d’Hydro-Québec de relancer la machine et d’augmenter sa production d’électricité de 9000 mégawatts d’ici 2035 enchante les ingénieurs d’Hydro-Québec. Ils veulent y participer à fond et ne pas laisser le travail à des sous-traitants du secteur privé. « On ne veut pas devenir des gestionnaires de contrats, comme au ministère des Transports », affirme le représentant syndical.

« Les ingénieurs d’Hydro-Québec sont présents de la goutte d’eau jusqu’au client, dit-il. Pas d’ingénieurs, pas de térawattheures. »

Un marché « vorace »

Recruter la main-d’œuvre nécessaire pour réaliser d’ici 2035 des investissements équivalents à deux fois ceux de la Baie-James sera le principal défi d’Hydro-Québec, de l’aveu même de son PDG Michael Sabia.

L’entreprise aura besoin de 35 000 travailleurs qualifiés par année en moyenne pour réaliser son plan d’action. De ce nombre, le syndicat estime qu’il y aura 700 ingénieurs.

En théorie, Hydro-Québec ne devrait pas avoir de problème à recruter des ingénieurs pour réaliser des projets d’une envergure unique au Québec. Il y a 10 000 diplômés par année qui sortent des universités québécoises et Hydro-Québec en embauche actuellement 100 par année, selon le syndicat.

Mais « le marché est vorace », dit Nicolas Cloutier. Le problème d’Hydro-Québec, c’est le salaire à l’embauche des ingénieurs, dit-il. Il est de 63 000 $ par année, en comparaison de 100 000 $ et plus dans des entreprises privées comme Arcelor Mittal.

« On est loin, loin d’être concurrentiels », affirme-t-il.

C’est en augmentant le salaire de départ qu’il faut commencer pour embaucher des jeunes qui sont davantage attirés par les possibilités qu’offrent les start-up et qui n’ont pas tous envie de travailler en régions éloignées.

Le télétravail est assurément un atout de recrutement, estime le Syndicat professionnel des ingénieurs d’Hydro-Québec, qui a été le premier au Québec à inscrire ce droit dans un contrat de travail.

Le contrat prévoit deux journées de présence obligatoire au bureau, mais dans la réalité, c’est une présence d’une seule journée qui s’est imposée, a fait savoir Nicolas Cloutier.

Cette flexibilité a déjà eu un impact sur la rétention du personnel, selon lui, parce que des ingénieurs qui pensaient partir à la retraite ont décidé de rester plus longtemps au travail.

Plus de deux ans d’attente pour un branchement

Il y a actuellement 492 clients résidentiels qui attendent depuis plus de deux ans d’être branchés au réseau d’Hydro-Québec, selon les chiffres obtenus à la suite d’une demande d’accès à l’information.

La société d’État explique que pour 397 de ces demandes, elle a attendu pendant plus d’un an de l’information ou des travaux que le client devrait fournir. Ces délais peuvent être liés à des modifications apportées au projet ou à l’obtention de servitude et sont hors du contrôle d’Hydro-Québec.

La société d’État affirme être pleinement responsable de seulement 21 demandes de clients résidentiels en attente depuis plus de deux ans.

Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse