Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) veut convaincre les entrepreneurs québécois de faire des affaires ailleurs qu’aux États-Unis. Voyant le grand potentiel de croissance économique des pays de la Francophonie, notamment ceux de l’Afrique, le CPQ a choisi la femme d’affaires Danièle Henkel comme ambassadrice de la Francophonie économique.

« C’est 10 millions d’entreprises qu’on pourrait rejoindre dans la Francophonie. C’est un réel potentiel pour le Québec », s’enthousiasme en entrevue avec La Presse le président et chef de la direction du CPQ, Karl Blackburn.

Les impacts de la fermeture des frontières avec le voisin américain pendant la pandémie et la montée de son protectionniste lui font dire que d’exporter 70 % de la production du Québec vers le marché américain fragilise la province. « Il est clair qu’on doit trouver des façons de diversifier nos marchés », affirme-t-il.

Assise à ses côtés dans les bureaux du CPQ à Montréal, l’ambassadrice de la Francophonie économique renchérit.

« C’est toujours les autres qui voient grand, pourquoi pas nous au Québec ? Pourquoi nous ne pourrions pas innover et créer cet engouement pour ailleurs que les États-Unis d’Amérique ? », soutient Danièle Henkel, stimulée par sa nouvelle mission après 34 ans passés au Québec.

Les statistiques parlent d’elles-mêmes, affirme le duo. Que ce soit les 321 millions de francophones dans le monde, les 14 % des ressources naturelles situées sur des territoires francophones et ces 16 % du produit intérieur brut mondial dans la Francophonie. Sans oublier que la troisième langue d’affaires parlée dans le monde, présente sur cinq continents, c’est le français, ajoute M. Blackburn.

D’ici une quarantaine d’années, 80 % de la population africaine aura moins de 30 ans. Les défis de société qu’ils ont peuvent représenter des opportunités pour nous. Et nos défis de société peuvent représenter des opportunités pour ces pays de la Francophonie.

Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ

Le CPQ fait partie de l’Alliance des patronats francophones, créée en 2022, qui regroupe une trentaine de patronats dans le monde.

« Il faut sortir de cette fragmentation de Québec qui veut rester Québec. Non, Québec peut être un leader », insiste la femme d’affaires, qui a fait des affaires en Chine à l’époque où le pays était encore qualifié de pays émergent.

L’ambassadrice de la Francophonie économique

Avec ses origines d’Afrique du Nord, ses connaissances à l’international et son parcours auprès des femmes entrepreneures d’ici et d’ailleurs, Danièle Henkel est la personne toute désignée pour ce rôle, affirme le CPQ.

En juin 2023, lors de la Rencontre internationale des entrepreneurs francophones (REF) à Québec, le discours de la femme d’affaires a créé un engouement chez les 800 entrepreneurs réunis, relate le CPQ, qui croit qu’elle sera la bonne interlocutrice et le bon exemple dans les pays où les femmes n’ont pas l’habitude d’être au premier plan en affaires.

« Les entrepreneurs d’ailleurs ont beaucoup apprécié notre approche quand ils sont venus au Québec en juin 2023. C’est une relation d’égal à égal, gagnant-gagnant, il n’y a pas un conquérant versus un conquis. On ne veut pas changer les gens, mais seulement être capables de commercer ensemble et de s’apporter les uns les autres ce qui nous manque », explique-t-elle.

Selon un sondage auprès des participants à l’évènement, 50 % ont dit envisager des retombées économiques directes pour leur entreprise et près de 40 % les chiffrent à plus de 100 000 $.

La prochaine Rencontre internationale des entrepreneurs francophones (REF) aura lieu en mai 2024 à Casablanca, au Maroc.