Tous les vendredis, une personne de la communauté des affaires se dévoile dans notre section. Cette semaine, la présidente du conseil d’administration d’Hydro-Québec et ex-PDG de Vidéotron, Manon Brouillette, répond à nos questions.

Quelle est votre meilleure habitude ?

C’est vraiment d’être très, très matinale. J’ai tout le temps commencé à travailler super tôt. En général, vers 5 h. J’essaie d’étirer ça jusqu’à 18 h... vacances pas vacances, week-end, semaine, c’est mon rythme naturel. Ça s’est instauré quand j’ai eu des enfants. J’avais une carrière, le père de mes enfants aussi, donc c’était un peu ça, le deal, à l’origine : moi je partais super tôt, ça me permettait d’être là plus tôt en fin de journée. Puis on dirait que c’est resté au fil de ma carrière.

Votre pire habitude ?

J’ai un petit faible pour la réglisse rouge. Quand je prends l’avion, c’est bien facile à l’aéroport de se ramasser des petits Twizzlers, cerise ou fraise. J’aimerais bien ça, couper cette habitude. Ça fait bien rire mes enfants. C’est souvent des cadeaux, quand la visite vient à la maison...

Que faites-vous quand vous avez besoin de trouver une idée ?

J’arrête d’y penser. Souvent, ma meilleure façon, c’est que je mets mes souliers de course et je m’en vais courir sur la montagne. J’ai la chance de vivre vraiment juste à l’orée du mont Royal. Donc je sors littéralement de ma cour, puis j’entre dans les sentiers. Plein d’idées me viennent quand je fais de la course. Ça m’arrive souvent d’arrêter et de prendre une note parce que je ne veux pas perdre mon idée.

Comment faites-vous pour vous débrancher ?

Ma meilleure façon, c’est de faire de l’exercice. J’ai essayé de faire de la méditation, ce n’est pas trop pour moi... Mais hier, j’avais une super grosse journée, je suis arrivée, je me suis branchée sur mon application Peloton et j’ai fait hiking boot camp. C’est 60 minutes et tu n’as pas le choix. Tu décroches vraiment, parce que tu es presque en mode survie, à faire ton exercice.

Quel livre recommandez-vous ?

Je recommande souvent le livre qui, dans la dernière année, m’a le plus marquée. En ce moment, c’est Demain et demain et demain, de Gabrielle Zevin. C’est l’histoire de trois étudiants qui créent une petite entreprise de jeux vidéo. C’est tellement touchant, sur l’importance de la communication, sur les décisions qu’on prend et qui ont un impact à long terme... Ça m’a vraiment touchée.

Est-ce qu’il y a un moment où votre carrière a vraiment basculé ?

Je réalise que j’ai pris des risques dans ma carrière. Puis chaque fois que j’ai pris un risque important, il est arrivé quelque chose. Par exemple, quand je suis arrivée chez Vidéotron, on m’a donné quand même une grosse job dès le départ avec une portée de gestion. Il y a eu l’étape du développement du sans-fil, un projet qui était très ambitieux : c’était quand même 1 milliard en investissements... Donc j’ai eu plusieurs tests chez Vidéotron et on m’a donné des projets de plus en plus gros, ce qui m’a permis de devenir par la suite PDG. C’est une chance dans une carrière de pouvoir avoir cette occasion-là.

De quoi voudriez-vous plus dans votre milieu de travail ?

De la collaboration dans un but commun. C’est la clé fondamentale pour réussir un grand objectif, si on est tous orientés vers la même destination et qu’on place le bien collectif avant notre réussite personnelle.

De quoi voudriez-vous moins ?

Ce n’est pas évident parce qu’il y en a tout le temps, mais c’est de la politicaillerie. Il y a les grands jeux politiques, c’est correct, mais de la politicaillerie, ce n’est rien de vraiment positif. J’aimerais voir moins d’ego, des fois. Dans n’importe quelle organisation, il y a des gens qui placent leur ego avant le but collectif.

Votre meilleur investissement ?

C’est mon investissement dans l’amour de ma famille recomposée. Ça fait 23 ans qu’on est ensemble ; tout le monde va bien, on est heureux. Moi, j’avais deux enfants de 4 et 7 ans, puis mon mari en avait deux de 5 et 7 ans. On vit tous ensemble depuis tout ce temps.

Qu’est-ce qu’un bon patron ?

Ce n’est pas nécessairement dans l’ordre, mais une combinaison de tout ça : quelqu’un qui est capable de se doter d’une grande vision, qui est à l’écoute, qui valorise le travail d’équipe... Donc ce n’est pas un one-man-show. Quelqu’un qui est résilient et courageux.

Qui est Manon Brouillette ?

Née en 1968, elle a étudié en communication publique à l’Université Laval et elle a suivi l’Ivey Executive Progam de l’University of Western Ontario en 2006.

Elle a été PDG de Vidéotron de 2014 à 2018. Elle travaillait depuis 2004 au sein de l’entreprise, où elle a notamment piloté le déploiement du réseau cellulaire jusqu’en 2010. En 2019, elle a fait le saut aux États-Unis chez Verizon, où elle a notamment été cheffe de l’exploitation et cheffe de la direction adjointe.

Elle est présidente du conseil d’administration d’Hydro-Québec depuis juin dernier.