(Ottawa) La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a approuvé le rachat de HSBC Canada par la Banque Royale du Canada (RBC) pour 13,5 milliards, malgré les appels des politiciens de l’opposition et d’autres groupes à le bloquer en raison des craintes d’une concurrence réduite.

L’approbation de Mme Freeland était le dernier obstacle à l’accord, après que le Bureau de la concurrence l’a approuvé en septembre.

L’approbation de la ministre est assortie de conditions imposées à RBC, notamment qu’aucun des 4000 employés de HSBC Canada ne soient licencié dans les six mois suivant la date de clôture, ou deux ans pour le personnel de première ligne, et que les services bancaires continuent d’être fournis dans au moins 33 succursales HSBC Canada pendant quatre ans.

Le gouvernement fédéral a également lancé une consultation sur le renforcement de la concurrence dans le secteur financier, qui examinera des enjeux tels que la question de savoir si les fusions entre grandes banques devraient être formellement interdites et si le gouvernement devrait limiter la croissance des grandes banques par le biais d’acquisitions.

La consultation intervient alors que de nombreuses personnes ont demandé que le rachat de HSBC Canada par RBC soit bloqué, car cela réduirait la concurrence dans un secteur bancaire déjà fortement concentré. Les six plus grandes banques du Canada contrôlent environ 93 % des actifs bancaires, et cet accord portera ce pourcentage à environ 95 %.

Le chef conservateur Pierre Poilievre avait demandé le blocage de l’accord, affirmant que le secteur bancaire canadien est trop concentré et que la perte de HSBC Canada ne fera qu’aggraver la situation.

Il a rappelé la conclusion du Bureau de la concurrence selon laquelle la banque perturbait les taux hypothécaires, dont la perte pourrait obliger les Canadiens à payer des taux plus élevés.

« Les libéraux de Trudeau auraient dû soutenir la concurrence dans le secteur bancaire et des prêts hypothécaires en bloquant la fusion. Désormais, tous les Canadiens en paieront le prix », a-t-il déclaré jeudi sur X, anciennement Twitter.

La ministre Freeland a répondu à M. Poilievre sur X en soulignant que HSBC allait quitter le Canada.

« En bloquant cette entente, Pierre Poilievre aurait risqué 4000 emplois, que les investisseurs perdent foi dans le Canada comme place pour faire des affaires et que 780 000 personnes perdent leurs services bancaires. Ce n’est pas sérieux, c’est irresponsable ! »

Le chef de la direction de RBC, Dave McKay, a déclaré que le rejet de l’accord aurait été un mauvais signal pour les investisseurs étrangers.

Il a affirmé jeudi dans une entrevue que l’approbation était bonne pour les Canadiens.

« Nous sommes extrêmement enthousiastes à l’idée de réunir ces deux institutions. Ce sera formidable pour les Canadiens et les clients de HSBC. »

Il a soutenu qu’il existe une forte concurrence dans le secteur bancaire canadien et que cet accord ne la diminue en rien « sous quelque forme que ce soit ».

Selon lui, les Canadiens sont plus préoccupés par l’abordabilité, et c’est pourquoi la banque a accepté de fournir 7 milliards de financement pour la construction de logements abordables partout au Canada dans le cadre des conditions d’approbation.

« Nous avons pensé qu’il était très important d’aborder le problème numéro un avec les Canadiens, pas avec la concurrence. Il y a des tonnes de concurrence. »

La banque a également accepté d’établir un nouveau centre bancaire mondial à Vancouver qui soutiendra plus de 1000 emplois et créera environ 440 nouveaux emplois nets en Colombie-Britannique, et d’augmenter de 10 % ses effectifs liés aux opérations clients à Winnipeg pour créer 100 nouveaux emplois.

M. McKay ne s’est pas engagé à maintenir les emplois chez HSBC Canada au-delà du délai convenu, affirmant que la banque n’avait pas été en mesure d’en apprendre davantage sur les employés jusqu’à ce que l’accord soit approuvé.

« Donnez-nous six mois et nous allons faire connaissance avec les employés et nous tracerons la voie à suivre. »