La majorité des parents québécois discutent de finances personnelles avec leurs enfants… mais pas nécessairement des questions importantes. Et pas très souvent.

Enfin des données financières encourageantes : dans huit familles québécoises sur dix, les questions financières ont déjà été abordées avec les enfants. Chez les parents dont les enfants ont moins de 15 ans, la proportion s’établit à 53 %.

C’est ce que révèle le sondage mené du 2 au 9 novembre auprès de 1094 répondants par Tact pour l’Institut de planification financière (auparavant l’Institut québécois de planification financière, ou IQPF), dont les résultats sont dévoilés ce lundi.

« Ce qui est étonnant, c’est de voir qu’il y a beaucoup de parents qui parlent de finances personnelles avec leurs enfants », se réjouit Chantal Lamoureux, présidente-directrice générale de l’Institut.

Mais en parlent-ils suffisamment souvent ?

Seuls 22 % le font fréquemment. En majorité, les parents n’en discutent qu’à l’occasion (40 %) ou rarement (19 %).

Et à quel âge ? Chez les parents qui avaient parlé de finances avec leurs enfants, 37 % avaient entamé la discussion alors que leur enfant était déjà âgé de 18 ans ou plus.

Et surtout, abordent-ils les bons sujets ?

« Ça, on trouve ça un petit peu préoccupant, souligne Chantal Lamoureux. Dans le fond, ils parlent de sujets que nous, on qualifie peut-être d’un peu plus légers : la valeur de l’argent, comment s’ouvrir un compte de banque, etc. »

Sujets abordés par les parents qui ont discuté de finances avec leurs enfants

Valeur de l’argent ou des objets : 64 %

Ouverture d’un compte de banque : 54 %

Modes de paiement : 48 %

Endettement : 45 %

Source : sondage Tact pour l’Institut de planification financière, novembre 2023

Mais quand vient le temps de parler de choses plus importantes, comme l’importance de planifier, les achats en ligne, les emprunts, comment faire un budget, comment fonctionnent les investissements, ce ne sont pas des sujets qui sont abordés par la majorité.

Chantal Lamoureux, présidente-directrice générale de l’Institut de planification financière

Sujets moins discutés avec les enfants

Aide pour faire un budget : 32 %

Emprunts (prêt étudiant ou auto, etc.) : 30 %

Planification des projets à long terme : 28 %

Investissements (ex. : comment fonctionnent les rendements) : 27 %

Achats sur l’internet : 26 %

Source : sondage Tact pour l’Institut de planification financière, novembre 2023

Des connaissances rarement acquises à l’école

Le sondage mené pour l’Institut de planification financière s’est également intéressé aux connaissances financières des adultes.

« Parmi les gens qui disaient avoir de bonnes connaissances financières, il y en a seulement 13 % qui disent avoir acquis leurs connaissances au cégep et 6 % au secondaire, relève la présidente de l’Institut. Ce n’est donc pas à l’école qu’on apprend comment gérer notre argent ou notre patrimoine. Ce n’est pas là que ça se passe avec les programmes qu’on a en place présentement. Ça se passe plus tard, soit auprès de la famille, soit auprès de professionnels. »

Ce qui soulève la question : comment les parents peuvent-ils s’investir dans l’éducation financière de leur enfant ?

Au fur et à mesure

Chantal Lamoureux – qui se défend d’être une spécialiste de l’éducation à l’enfance – suggère d’aborder les sujets financiers à mesure qu’ils se présentent dans la vie quotidienne.

« Les parents peuvent dire pourquoi ils achètent telle chose et pas telle autre, donne-t-elle en exemple. Nos enfants nous voient faire des achats en ligne. C’est important qu’ils comprennent que ce n’est pas juste un clic, mais qu’il y a un paiement et qu’il va falloir donner du véritable l’argent. »

Les principes de planification et d’épargne peuvent s’acquérir tôt.

« Avec un enfant qui veut une bicyclette, on peut montrer à planifier pour en faire l’achat, faire les calculs avec lui, propose-t-elle. La bicyclette vaut 400 $, mais on peut lui expliquer qu’il y a des taxes qui s’ajoutent. Je pense que ça rend les choses très concrètes pour les enfants, et ça leur fait réviser leurs notions de mathématiques ! »

Elle reconnaît que certains sujets sont plus complexes pour de jeunes enfants.

« Mais parvenus à 13, 14 ou 15 ans, les jeunes travaillent. S’ils sont en âge de travailler, je pense qu’ils sont en âge de comprendre et d’avoir ces discussions. Quand on comprend le concept d’intérêt composé, ne serait-ce que ça, ça nous fait réaliser que des petits montants, quand on commence jeune, vont faire des montants plus importants plus tard. »

« Je pense que c’est important de comprendre ces choses-là rapidement, pour éviter à nos enfants quelques erreurs. »

Quelques outils

Pour acquérir eux-mêmes quelques notions fondamentales, les parents pourront visionner la série documentaire Format économique, en 10 épisodes de 15 à 20 minutes, réalisée par Savoir média avec la collaboration de l’Institut de planification financière.

« Ce n’est pas pour de jeunes enfants, mais des ados peuvent très bien être intéressés, commente sa présidente. Il n’y a pas de jargon, il n’y a pas de grands acronymes et c’est rendu très accessible par l’équipe de Savoir média. »

Visionnez la série

Le site de l’Institut de planification financière propose également quelques outils grand public, comme un estimateur d’espérance de vie selon le genre et l’âge et une calculatrice d’accumulation de capital. « Ça peut être un bel outil facile pour avoir une discussion avec des jeunes pour comprendre le concept d’intérêt composé », suggère la présidente de l’organisme.

Testez l’accumulation du capital Estimez votre espérance de vie

Mais rien ne vaut une démonstration concrète.

« Je pense que les enfants sont en mesure de comprendre beaucoup de choses rapidement, conclut Chantal Lamoureux. Il y a quelqu’un qui me disait récemment qu’il est allé voir sa planificatrice financière et il a amené son ado avec lui. »

Une autre façon de générer de l’intérêt.