Tassez-vous, cols bleus et cols blancs, voici les « cols nouveaux ».

C’est un néologisme, commençons par une définition.

COL NOUVEAU [kɔl nuvɔ] n. m. et adj. : Employé possédant des compétences spécialisées, mais pas nécessairement un diplôme universitaire, ayant de plus en plus de valeur dans les domaines émergents de la haute technologie comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les véhicules électriques et la robotique.

De nombreux travailleurs craignent d’être remplacés par l’intelligence artificielle et d’autres machines dans les prochaines années. Mais les cols nouveaux voient l’avenir d’un œil plus favorable : il y a de réelles occasions pour les travailleurs qualifiés qui comprennent les machines.

« Quelqu’un doit programmer, surveiller et entretenir ces robots », explique Sarah Boisvert, fondatrice du New Collar Network, un programme national de formation de la main-d’œuvre établi au Nouveau-Mexique.

Même si des millions d’emplois technologiques sont créés, les travailleurs déclassés vivront de grandes perturbations. Pour les nombreux Américains qui n’ont pas de baccalauréat – plus de la moitié des adultes, selon le recensement –, il faudra se requalifier.

C’est à Ginni Rometty, PDG d’IBM en 2016, qu’on doit le terme « col nouveau ». À l’époque, IBM avait du mal à pourvoir les postes dans le domaine de la cybersécurité, en partie à cause de critères obsolètes exigeant un diplôme universitaire.

« Parce qu’on avait surqualifié ces cyberemplois, on négligeait tout un vivier de candidats qualifiés et disponibles, dit-elle. Si des millions de gens ne sont pas formés maintenant aux compétences requises par les employeurs, le chômage les guette alors que des millions d’emplois bien payés ne sont pas pourvus. »

Les recruteurs ont compris

Nombre d’employeurs semblent avoir compris : les recruteurs utilisent de plus en plus les critères de compétences sur LinkedIn pour trouver des candidats, explique un porte-parole de LinkedIn, ajoutant que 155 millions de ses 930 millions d’usagers n’ont pas de baccalauréat.

« Avoir un terme clair comme ‟col nouveau » aide les entreprises à agir et à innover », dit Colleen Ammerman, de la Harvard Business School. Elle donne en exemple l’électrification automobile, qui requiert de nombreux travailleurs qualifiés.

En 2017, 2019 et 2021, le Congrès a étudié – sans les adopter – des versions du New Collar Jobs Act, censé promouvoir l’emploi et la formation dans des domaines comme la cybersécurité.

« C’est bien qu’il y ait d’autres modèles que le bac », dit Christopher Cox, un chercheur qui a écrit sur l’économie des cols nouveaux. Mais il ajoute que ce terme pourrait aussi être un subterfuge pour apaiser les travailleurs en leur présentant sous un jour radieux l’évolution du marché du travail et les projets des firmes technos… et non comme le « Terminator » de leurs emplois.

Cet article a été publié dans le New York Times.

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