Hydro-Québec a commencé à serrer la vis aux clients de sa filiale Hilo qui profitent indûment du système pour maximiser les récompenses en argent qu’ils reçoivent.

Alors que la période de froid bat son plein, la société d’État vient d’envoyer un avertissement aux clients soupçonnés d’avoir triché sur leur consommation d’électricité et les prévient que leurs récompenses pourraient être réduites à la fin de la saison.

« L’analyse de vos données de consommation nous porte à croire que vous pourriez avoir manipulé le calcul de votre consommation de référence en consommant davantage avant les défis Hilo, afin de maximiser vos récompenses lors des défis », dit le message d’Hydro-Québec.

En échange d’une aide financière qui couvre en grande partie l’achat et l’installation de thermostats intelligents, les clients d’Hilo s’engagent à relever des défis, soit de déplacer leur consommation d’électricité en période de forte demande pour soulager le réseau.

Ils reçoivent une remise en argent pour chaque kilowattheure déplacé pendant ces périodes. La différence entre la consommation normale du client et la consommation effacée pendant la période critique sert de calcul à la remise en argent.

Or, en chauffant exagérément pendant la période qui précède les défis, quitte à ouvrir les fenêtres, puis en coupant tout pendant la période de restriction, des utilisateurs ont réussi à encaisser des remises incroyables. Plusieurs se sont même vantés de leurs résultats extraordinaires sur les réseaux sociaux.

Les clients d’Hilo ont reçu en moyenne des remises totalisant 140 $ pour toute la saison l’hiver dernier, qui comportait 19 défis, alors que certains d’entre eux ont reçu plus que cette somme pour chaque défi.

La société d’État réagit

Les remises en argent font plus que compenser le coût de la consommation supplémentaire des clients visés par l’avertissement, ce qui a forcé Hydro-Québec à réagir.

« L’objectif des défis d’Hilo est de réduire sa consommation par rapport à sa consommation habituelle », dit le message d’Hydro-Québec, qui rappelle que l’entente signée par les participants « spécifie qu’il ne faut pas truquer la consommation d’électricité dans le cadre du programme ».

« Nous nous réservons donc le droit d’ajuster vos récompenses à la fin de la saison si nous constatons que cette tendance se maintient », prévient l’entreprise.

Ceux qui ont reçu ce premier avertissement ont un comportement « qui ne s’est pas produit une seule fois et ne semble pas accidentel », a indiqué le porte-parole d’Hydro-Québec, Cendrix Bouchard.

Selon lui, il s’agit de « cas exceptionnels », soit une centaine de clients sur les 30 000 que compte Hilo. « Nous encourageons une consommation responsable de l’électricité et non une manipulation volontaire de la consommation afin de maximiser les récompenses lors des défis », a-t-il dit.

Les récompenses pourraient être plafonnées si les comportements abusifs se poursuivent, a-t-il précisé.

Débuts difficiles

Hilo, qui en est à sa quatrième saison hivernale, a connu des débuts difficiles. D’abord créée comme une filiale indépendante, l’organisation a été rapatriée dans le giron d’Hydro-Québec après le départ de son PDG et celui de son responsable de la technologie.

L’an dernier, ses 22 000 participants ont soulagé le réseau électrique de 62,5 mégawatts en moyenne lors de chacun des 19 épisodes de froid pour lesquels ils ont été sollicités. C’est l’équivalent de la consommation de 9000 résidences qui a été effacé.

Cette année, le nombre de participants est passé à plus de 30 000.

Hilo est un des outils de gestion de la pointe qui coûte cher à Hydro-Québec, qui subventionne en partie l’équipement nécessaire et qui paie l’installation des thermostats par un électricien.

Selon la société d’État, Hilo ne doit pas être vu seulement comme un centre de profit, mais comme une centrale virtuelle, qui permet de gérer plus efficacement le réseau de distribution d’électricité, ce qui se traduit par des économies.

Avec cette centrale virtuelle, la société d’État prévoit pouvoir déplacer 600 mégawatts de demande de pointe d’ici 2028-2029, soit 10 fois les résultats obtenus l’an dernier.