En achetant ses billets pour un séjour en Floride, l’automne dernier, Michèle Cossette ne s’attendait pas à devoir se tourner vers un plan B à quelques jours de son départ. Si la résidante de Laval s’estime « chanceuse dans sa malchance », ce n’est pas le cas de tous les voyageurs qui avaient opté pour Lynx Air.

En apprenant, jeudi soir, que le transporteur à bas coût de Calgary aura cessé ses activités lundi prochain, Mme Cossette s’est demandé si elle allait pouvoir partir. La date de son départ vers Tampa coïncide avec le moment où la compagnie aérienne sera à l’arrêt pour de bon.

« J’ai reçu le courriel de Lynx vers 21 h et je me suis aussitôt mise à faire des recherches, raconte-t-elle, dans un entretien téléphonique avec La Presse. J’ai essayé de regarder [les aéroports] de Plattsburgh et Burlington. On a été chanceux, on a finalement trouvé un vol avec Delta Air Lines à un prix raisonnable. Je m’estime chanceuse dans ma malchance. »

Ce changement de plan s’accompagne cependant d’une facture supplémentaire pour Mme Cossette : chaque billet acheté auprès de Delta coûte 230 $ de plus par rapport à celui de 340 $ chez Lynx. Il y aura également une escale à l’aller et au retour, ce qui n’était initialement pas prévu.

Les options n’étaient pas nombreuses, raconte Mme Cossette. Du côté d’Air Canada, chaque billet était 1200 $, dit-elle. Dans ce contexte, elle s’estime « bénie des dieux ». D’autant que le Mouvement Desjardins, son émetteur de carte de crédit, lui avait confirmé, vendredi, qu’on lui rembourserait ses billets achetés chez Lynx.

« Je me dis que ce n’est pas tout le monde qui a pu se trouver une solution de rechange, raconte la sexagénaire. Surtout avec la semaine de relâche qui s’en vient. »

C’était la première fois que je me tournais vers un transporteur à bas prix. C’est la dernière. La prochaine fois, on va payer un peu plus cher et opter pour des transporteurs établis.

Michèle Cossette, cliente de Lynx Air

Lynx offre peu d’options à ses clients. Le transporteur suggère à ceux qui avaient acheté un billet pour un vol après le 25 février de se tourner vers leur compagnie de carte de crédit (voir capsule) pour se faire rembourser. Pour ses clients déjà en déplacement et dont le retour est prévu après la fin des activités, Lynx leur fait la même suggestion afin de récupérer leur argent pour la portion restante de leur voyage.

Perdre ses vacances

Malgré son empreinte limitée dans le marché canadien, la débâcle de Lynx bouscule les plans de nombreux voyageurs. Vendredi, tous les vols de l’entreprise prévus à l’aéroport Montréal-Trudeau étaient annulés. C’est le transporteur qui a pris cette décision, a précisé Aéroports de Montréal, par courriel.

Certains de ses clients devront changer leurs plans de vacances. C’est le cas d’Aline Gervais, qui devait s’envoler vers St. John’s à Terre-Neuve en août prochain. L’avion, l’hébergement… Tout ce qui est planifié tombera à l’eau.

« Nous avons regardé avec d’autres transporteurs pour les mêmes dates, mais les prix tournent autour de 1200 $ alors que nous avons payé le billet environ 250 $, explique Mme Gervais. C’est une méchante différence. Heureusement, nous pouvons nous faire rembourser l’hébergement. Je me dis que ça doit être encore pire pour ceux qui partent bientôt. Nous, on ne perd pas d’argent. La déception, c’est de perdre nos vacances. »

D’autres lecteurs ont aussi contacté La Presse en expliquant avoir été en mesure de réserver des billets auprès d’autres compagnies aériennes sans modifier les dates de leur séjour à l’étranger. Dans tous les cas, cela s’est accompagné d’une facture supplémentaire de quelques centaines de dollars. Vendredi, Air Canada a indiqué son intention de « plafonner ses tarifs », en plus d’ajouter 6000 places dans « certains marchés exploités par Lynx » dans le but d’offrir aux clients touchés des « options abordables ». Reste à voir si cela sera suffisant pour offrir des options de rechange intéressantes.

Lisez « Lynx ne payait plus les aéroports »

Comment se faire rembourser 

Si vous avez acheté votre billet par l’entremise d’une agence de voyages, vous pouvez vous tourner vers le Fonds d’indemnisation des clients des agents de voyages (FICAV). Autrement, tout achat effectué par carte de crédit devrait permettre aux consommateurs québécois lésés de demander un remboursement auprès de leur émetteur de carte de crédit en vertu de la Loi sur la protection du consommateur. Il faudra cependant s’armer de patience. « Il faut faire une demande de résolution de contrat auprès du commerçant, explique Sylvie De Bellefeuille, avocate chez Option consommateurs. Ma compréhension, c’est que Lynx ne le fera pas. À ce moment-là, on dispose de 50 jours pour faire une demande de rétrofacturation à l’émetteur de carte de crédit. » Généralement, cette requête doit se faire par écrit, mais certains émetteurs peuvent consentir à un remboursement au téléphone.