Northvolt recevra des milliards de Québec et d’Ottawa pour construire sa méga-usine de cellules de batteries en Montérégie. La certitude, c’est que les deux ordres de gouvernement financeront la construction du complexe. Par la suite, c’est un peu plus compliqué. Difficile, pour l’instant, de déterminer quelle sera l’ampleur du soutien financier auquel aura droit l’entreprise suédoise.

On lit que Northvolt recevra plus de 7 milliards des gouvernements pour son projet. Est-ce que c’est le cas ?

C’est complexe. Le montage financier est « sophistiqué », affirme le sous-ministre adjoint au ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Jonathan Gignac. Il se décline en deux volets : le premier consiste à financer la construction de l’usine. Le second reproduit ce qui est offert par les États-Unis avec l’Inflation Reduction Act (IRA), qui subventionne une partie de la production de chaque batterie. Il est cependant trop tôt pour s’avancer sur l’ampleur des subventions à la production qui seront versées. On y reviendra plus loin.

Comment se décline l’aide financière ?

Pour la construction de l’usine, qui vient de débuter, les gouvernements Legault (1,37 milliard) et Trudeau (1,37 milliard) mettent ensemble 2,74 milliards sur la table. Il s’agit essentiellement de prêts, de prêts-subventions et de prises de participation en actions. L’argent sera versé par étapes et Northvolt aura des sommes à rembourser. Jusqu’ici, Québec a déboursé environ 510 millions, notamment pour aider le cellulier à acheter son terrain, qui chevauche Saint-Basile-le-Grand et McMasterville. « Pour le reste des sommes, il faut que l’entreprise avance au rythme prévu, affirme M. Gignac. Lorsque les jalons sont atteints, le gouvernement va ensuite débourser. » La proportion des prêts qui peuvent se transformer en subventions dans cette phase ? Environ 440 millions du côté du gouvernement québécois et environ 400 millions, selon nos informations, du côté du gouvernement fédéral.

On financera la production, mais pourquoi ?

Les gouvernements répètent que c’était le prix à payer pour convaincre Northvolt de s’établir au Québec. Autrement, l’entreprise se serait installée au sud de la frontière pour bénéficier des subventions à la production offertes par l’IRA. Ensemble, les gouvernements Trudeau (3,1 milliards) et Legault (1,5 milliard) pourraient signer des chèques totalisant 4,6 milliards. Essentiellement, chaque cellule de batterie qui sortira de l’usine de Northvolt devrait être subventionnée à hauteur d’environ 30 %. Il s’agit d’un soutien inusité qui profite également à Volkswagen et à Stellantis, qui construiront des usines de batteries en Ontario.

Cet argent a-t-il été versé ?

Pas encore, et rien ne garantit que Northvolt touchera la totalité de ces subventions à la production. « C’est un maximum », souligne M. Gignac. L’entreprise aura droit à ces subventions une fois que des cellules de batteries auront été produites au Québec. Cela devrait débuter en 2027. Si Northvolt prend plus de temps pour y arriver, les paiements attendront. Tout retard pourrait donc s’avérer coûteux pour l’entreprise. Ce volet de l’aide gouvernementale comporte également plusieurs mécanismes d’ajustement. En principe, les mesures de l’IRA américain prennent fin en 2032. L’échéance est la même de ce côté-ci de la frontière. De plus, si Washington décide de se montrer moins généreux avec l’IRA, Québec et Ottawa emboîteront le pas. « L’entente avec Northvolt, c’est que s’il y a une réduction des subventions aux États-Unis, il y a aussi une réduction chez nous, dit M. Gignac. Si cela devait se terminer aux États-Unis, ça finirait ici aussi. »

Donc, qu’est-ce qui sera versé à Northvolt ?

L’entreprise devrait recevoir près de 850 millions en subventions pour construire sa méga-usine. En ce qui a trait aux subventions à la production de 4,6 milliards, c’est ce qui se passera aux États-Unis, où une élection présidentielle aura lieu en novembre prochain, qui déterminera la suite des choses.

L’aide publique en bref

Pour la construction de l’usine (2,74 milliards d’argent public sur les 7 milliards prévus)

La part de Québec (environ 1,37 milliard)

  • Prêt : 376 millions
  • Subvention : 436 millions
  • Actions de l’entreprise : 567 millions

La part d’Ottawa (environ 1,37 milliard)

  • Prêt et actions de l’entreprise : 900 millions
  • Subvention : 400 millions

Subventions pour la production des cellules*

  • Québec : 1,5 milliard
  • Ottawa : 3,1 milliards
    L’argent sera versé une fois que les cellules auront été produites et livrées.
En savoir plus
  • 3000
    Nombre de personnes qui devraient travailler dans la première phase du complexe de Northvolt
    Source : Northvolt