(Montréal) La FTQ-Construction et d’autres syndicats prévoient manifester, mardi devant l’Assemblée nationale, à l’occasion du début des consultations sur la réforme de l’industrie de la construction.

Le projet de loi 51 déposé par le ministre du Travail, Jean Boulet, vise à assurer une plus grande mobilité des travailleurs entre les régions du Québec et à accroître la polyvalence des travailleurs en permettant un partage de tâches entre certains métiers.

Si les organisations patronales ont en général applaudi au dépôt de ce projet de loi, il en est autrement des syndicats, qui s’inquiètent des répercussions sur leurs membres, particulièrement dans les régions plus éloignées des grands centres.

C’est pour faire valoir ses craintes et ses revendications que la plus grande des cinq organisations syndicales de l’industrie, la FTQ-Construction, manifestera devant l’Assemblée nationale, mardi avant-midi, lors du début des consultations.

« Ils vont même détruire l’employabilité régionale en donnant la permission à tout le monde de l’industrie de la construction d’aller travailler dans n’importe quelle région administrative. C’est un non-sens pour nous. Garder nos régions, garder nos familles dans nos régions, c’est une priorité à la FTQ-Construction », a lancé Éric Boisjoly, directeur général de la FTQ-Construction.

À l’heure actuelle, le principe de la priorité régionale d’embauche fait qu’un employeur qui décroche un contrat dans une autre région que la sienne peut y emmener un nombre limité de ses travailleurs réguliers.

M. Boisjoly s’inquiète également des répercussions de la polyvalence attendue de certains travailleurs, par le partage des tâches.

« La carte de compétence que vous avec dans vos poches, il faut la garder. Il faut s’assurer des compétences que vous avez acquises dans ce métier-là, dans cette occupation-là, il faut les préserver. Plus on est compétent dans nos activités, plus on est qualifié dans nos travaux, meilleure l’employabilité est », a-t-il ajouté, dans un message adressé à ses 80 000 membres.

D’autres syndicats se sont déjà engagés à manifester aux côtés de la FTQ-Construction, dont celui des Métallos, un autre grand syndicat du secteur privé qui est affilié à la FTQ. Et la présidente de la FTQ, Magali Picard, assistera également à la manifestation.

Du côté patronal, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui représente des petites et moyennes entreprises, voit plutôt dans cette réforme un « début de dépoussiérage d’un secteur surréglementé ».

Les associations patronales du secteur y ont aussi vu une façon de permettre plus de « flexibilité » et de réduire les coûts, en permettant le partage des tâches. Certaines trouvent toutefois que la réforme ne va pas assez loin.