(Calgary) Un groupe d’expéditeurs de pétrole demande à la Régie de l’énergie du Canada d’obliger l’entreprise à l’origine de l’agrandissement du pipeline Trans Mountain de lui fournir une ventilation complète et détaillée des coûts de construction croissants du projet.

Les expéditeurs – qui comprennent Canadian Natural Resources, Suncor Énergie, Cenovus Energy, PetroChina Canada et Marathon Petroleum Canada – demandent une ordonnance de l’organisme de réglementation exigeant que Trans Mountain Corp. fournisse plus d’informations sur les raisons pour lesquelles les coûts du projet ont grimpé à plus de 30 milliards, contre une estimation de 7,4 milliards en 2017.

« Les enjeux sont élevés : des milliards de dollars sont en jeu, les (coûts) de Trans Mountain ayant plus que quintuplé depuis 2017 – et ses coûts continuent d’augmenter de plusieurs milliards, apparemment incontrôlés », ont pointé les compagnies pétrolières dans une requête déposée auprès de la Régie de l’énergie du Canada, plus tôt cette semaine.

« Pourtant, Trans Mountain a refusé de répondre aux demandes de renseignements de la plupart des expéditeurs participants et a rejeté de manière inappropriée la plupart des demandes en les qualifiant d’“expéditions de pêche” non pertinentes. »

L’oléoduc Trans Mountain, acheté par le gouvernement fédéral en 2018, est le seul oléoduc du Canada vers la côte ouest. Son projet d’agrandissement presque terminé augmentera la capacité du pipeline de 590 000 barils par jour pour atteindre un total de 890 000 barils par jour, améliorant ainsi l’accès aux marchés d’exportation pour les sociétés pétrolières canadiennes.

Mais Trans Mountain Corp. et ses compagnies pétrolières clientes sont actuellement engagées dans un différend sur les péages, le terme désignant les frais que la société pipelinière facturera pour expédier le pétrole dans la canalisation élargie.

Dans sa dernière mise à jour, fournie le mois dernier, Trans Mountain a déclaré qu’elle avait désormais des raisons de croire que les coûts du projet seraient supérieurs d’environ 3,1 milliards à l’estimation de 30,9 milliards de mai 2023. Elle a déclaré qu’un décompte final ne serait pas disponible avant la fin de l’achèvement du projet, prévu pour ce printemps.

Les compagnies pétrolières s’inquiètent de l’augmentation des coûts, car elles devront en payer une partie sous forme de péages croissants.

Même si environ 70 % des dépassements de coûts du projet seront supportés par Trans Mountain, le tiers restant – plus de 9 milliards – est considéré comme des « coûts non plafonnés » qui augmentent les droits, conformément à une formule convenue par les expéditeurs et approuvée par l’organisme de réglementation il y a plus de dix ans.

Mais les expéditeurs de pétrole affirment que le nouveau droit de référence que Trans Mountain souhaite facturer est près de deux fois supérieur à une estimation de 2017, et affirment que davantage d’informations doivent être fournies afin de prouver que la hausse du prix du projet est à la fois raisonnable et nécessaire.

Ils disent avoir demandé à Trans Mountain de fournir une ventilation plus détaillée et demandent une ordonnance de l’organisme de réglementation parce qu’ils ne sont pas satisfaits de la réponse de l’entreprise.

La Régie de l’énergie du Canada a déjà autorisé Trans Mountain à facturer des droits plus élevés à titre provisoire, mais n’a pas encore pris de décision finale.

Pour sa part, Trans Mountain Corp. – qui est une société d’État – a déclaré que 70 % des dépassements de coûts du projet seraient supportés par la société pipelinière et n’auraient aucun effet sur les péages.

La société a également déclaré précédemment qu’en raison des dépassements de coûts du projet, elle n’attend que des « retours modestes » sur son investissement au cours des premières années d’exploitation du pipeline agrandi. Elle indique que tout niveau de droit inférieur à celui demandé par Trans Mountain « pourrait avoir une incidence sur la capacité de Trans Mountain à respecter ses obligations financières ».

En décembre, Trans Mountain Corp. a soumis une preuve écrite à l’organisme de réglementation dans laquelle elle a expliqué que le projet d’agrandissement du pipeline avait été affecté par des facteurs « extraordinaires » qui comprennent l’évolution des exigences de conformité, les mesures d’accommodement afin de tenir compte des préoccupations des groupes autochtones, l’engagement des parties prenantes et les exigences d’indemnisation, les conditions météorologiques extrêmes et la pandémie de COVID-19.

La société a déclaré dans son dossier que les dépassements de coûts du projet étaient « occasionnés raisonnablement et justifiés ».

La construction du projet d’agrandissement du pipeline Trans Mountain a commencé en 2019.