L’inflation, les pleins d’essence à 90 $, le prix de l’immobilier qui explose, les taux d’intérêt qui vont grimper et les factures salées à l’épicerie préoccupent d’un bout à l’autre du pays. Mais pas mal moins au Québec.

Les Québécois se distinguent en affichant le plus haut niveau de zénitude au pays en ce qui concerne leurs finances personnelles et la hausse du coût de la vie.

Dans la province, 58 % des résidants se disent préoccupés par leur situation financière. Ailleurs au pays, la moyenne est plutôt de 66 %, nous apprend un sondage réalisé par la firme Léger pour Option consommateurs dévoilé ce mardi. La plus forte proportion de personnes inquiètes (70 %) se trouve dans les Prairies.

En ce qui concerne l’inflation, qui est sur toutes les lèvres, 35 % des Québécois jugent qu’elle provoque un stress important dans leur vie. Encore là, c’est moins que la moyenne qui s’établit à 42 % dans les autres provinces. Dans les Prairies, la hausse des prix stresse de façon marquée… la moitié de la population. Ouf !

Ces écarts sont « significatifs », juge Christian Bourque, vice-président exécutif et associé chez Léger. Mais ils ne sont pas très étonnants. Les Québécois ont toujours manifesté « une petite forme d’insouciance et de légèreté », dit-il. Une attitude qui fait partie de la personnalité de la société distincte. Et pas seulement en matière de finances.

Au plus fort de la pandémie, les Québécois craignaient moins que les autres Canadiens de contracter la COVID-19 et ils étaient davantage en faveur de la réouverture des écoles, donne en exemple l’expert.

Dans les sondages de satisfaction à l’égard des commerces, les Québécois « sont toujours plus positifs », observe Christian Bourque, qui y voit un « un biais culturel ».

Ces différences s’étaient également vues dans les résultats d’un sondage commandé par la Banque Royale en janvier. Les Canadiens devaient dire s’ils se sentaient « accablés financièrement » et s’ils craignent une détérioration de leur situation financière dans la prochaine année. Les écarts entre le Québec et les autres provinces furent stupéfiants.

On peut attribuer ces résultats à la personnalité particulière des Québécois, mais il ne faut pas oublier que la croissance économique de la province favorise l’optimisme collectif. Le taux de chômage est à un creux historique de 4,1 %, et les salaires ont bondi, en mars, de 5,5 % sur 12 mois, nous a appris Statistique Canada, il y a quelques jours.

J’ai pensé que l’annonce d’un chèque de 500 $ à 94 % de la population par le gouvernement Legault avait pu avoir un impact sur les résultats du sondage, mais non, il a été réalisé dans les semaines avant.

La conjoncture, qui varie d’une province à l’autre, se répercute aussi dans les bureaux de syndics de faillite, note Ronald Gagnon, associé chez BDO Canada. « Mes collègues en Alberta sont complètement débordés ! Et ceux en Colombie-Britannique aussi. Le contexte au Québec est différent, les dossiers d’insolvabilité sont moins nombreux qu’il y a un an. »

Répartition inégale de l’inquiétude

Dans ce genre d’étude, il est toujours intéressant de s’attarder aux chiffres qui ont mené à la moyenne et de les décortiquer. Car cette moyenne cache bien des disparités, comme on peut s’en douter.

Les femmes, par exemple, sont pas mal moins zen que les hommes. Les écarts sont de 10 points ou plus.

Cela est malheureusement le symptôme d’un certain nombre de réalités, à commencer par le fait que les femmes gagnent moins que les hommes. En outre, elles sont plus nombreuses à devoir subvenir aux besoins de leur progéniture.

Le fait d’avoir des enfants a également un impact marqué sur l’état d’esprit et du portefeuille dans un contexte de hausse des prix.

Si l’inflation affecte bien davantage les moins nantis, personne ou presque ne semble à l’abri d’angoisses liées à son compte de banque. De fait, pas moins de la moitié des Canadiens qui gagnent 100 000 $ et plus par année se disent préoccupés par leur situation financière. Le niveau monte à 77 % parmi ceux dont le revenu n’atteint pas 40 000 $.

Option consommateurs, qui offre des services de consultation budgétaire gratuits à Montréal, constate que sa clientèle est particulièrement préoccupée par le coût des aliments (+ 7,4 % en février). « On le voit quand on fait des publications sur les réseaux sociaux qui expliquent, par exemple, comment faire un panier d’épicerie : les gens sont à la recherche de solutions », rapporte sa porte-parole Marie-Ève Dumont.

C’est effectivement le poste budgétaire qui préoccupe le plus les Québécois, selon le coup de sonde de Léger, tout juste devant l’essence. Le loyer, l’électricité, la santé, les télécommunications suivent, dans cet ordre qui est à peu près le même partout au pays.

Quant à la dette personnelle (sans l’hypothèque ni le prêt auto), c’est dans la société distincte qu’elle préoccupe le moins, et de loin. Êtes-vous surpris ?

Appel à tous

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