Mai est le mois de la sensibilisation à la maladie cœliaque. Pour les personnes atteintes de cette maladie, acheter de la nourriture coûte encore plus cher que pour le reste d’entre nous.

La plupart des Canadiens ne savent pas que le mois de mai promeut la sensibilisation à la maladie cœliaque. Près de 400 000 Canadiens ont reçu un diagnostic clinique de cette intolérance héréditaire grave au gluten. Ce nombre représente environ la population d’une ville comme Laval. Les personnes cœliaques doivent obligatoirement consommer une nourriture sans gluten. Même les denrées contaminées de façon croisée représentent un danger. Pour cette raison, Santé Canada a rendu obligatoire l’étiquetage des produits contenant du gluten. Cela représente une énorme victoire pour les Canadiens touchés. Tout ce qui contient du gluten, du blé, du seigle ou de l’orge porte une étiquette. Toutefois, les aliments sans gluten se vendent incroyablement cher.

Le coût de la nourriture sans gluten représente un défi important pour les personnes atteintes de maladie cœliaque et pour les consommateurs intolérants au gluten. En fait, les recherches suggèrent que les produits sans gluten coûtent souvent de 150 % à 500 % plus cher que leurs produits comparables contenant du gluten. Par exemple, le pain sans gluten se vend 240 % plus cher, selon Cœliaque Québec, et les pâtes sans gluten coûtent 160 % de plus.

Cette différence de prix entraîne une charge financière importante pour un individu. Le coût supplémentaire pour choisir des aliments sans gluten par rapport aux aliments ordinaires peut facilement dépasser 1000 $ par année.

Cela s’avère particulièrement difficile pour les gens aux ressources financières limitées, surtout de nos jours avec des prix alimentaires déjà très élevés.

Un récent sondage mené par l’Association canadienne de la maladie cœliaque suggère que certaines personnes atteintes de la maladie ont dû commencer à visiter les banques alimentaires après leur diagnostic, en raison du coût élevé des aliments sans gluten. En fait, plusieurs devaient s’y rendre au moins une fois par mois. Pour une personne atteinte, ne pas avoir accès à une nourriture sans gluten abordable, c’est comme ne pas pouvoir se procurer à prix abordable les médicaments nécessaires à sa survie.

Dans le même sondage, une proportion importante de gens sondés a déclaré que le coût des aliments sans gluten avait augmenté par rapport à celui d’avant la pandémie, ce qui a entraîné des difficultés financières pour nombre d’entre eux. Cela souligne le fardeau important que le coût de l’alimentation sans gluten impose aux personnes et aux familles vivant avec la maladie cœliaque au Canada.

Il faut également noter que cette maladie intestinale chronique et auto-immune est sous-diagnostiquée. En fait, on estime que près de 85 % des gens atteints ne sont pas diagnostiqués du tout. Il s’agit d’une tendance inquiétante, compte tenu des conséquences potentielles à long terme sur la santé d’une maladie cœliaque non traitée, notamment une mauvaise absorption des nutriments, l’ostéoporose et un risque accru de certains types de cancer. Être touché par la maladie cœliaque peut être onéreux à plus d’un chapitre.

Certains groupes plaident pour bonifier le fameux « rabais d’épicerie » présenté lors du dernier budget fédéral pour les personnes atteintes de maladie cœliaque. À première vue, cette mesure pourrait aider, mais ne constitue probablement pas la solution idéale pour subventionner ceux qui doivent acheter ces produits. Une telle approche ne ferait qu’augmenter davantage les prix. Par contre, inciter les entreprises à se concentrer sur les produits sans gluten favoriserait la concurrence et pourrait entraîner une réduction des prix. C’est exactement ce qui se passe à l’épicerie dans la section des aliments à base de plantes, produits laitiers et substituts de viande. Plus d’options et d’approvisionnement finiront par faire baisser les prix.

Par ailleurs, le goût, la texture et la saveur de certains de ces produits sans gluten laissent à désirer. On a cependant remarqué des améliorations au cours des dernières années, mais il y a toujours du travail à faire dans ce sens.

Évidemment, sur le plan économique, il reste difficile d’inspirer de l’enthousiasme aux entreprises alimentaires pour produire des aliments destinés à un marché limité à environ 400 000 personnes. Une plus grande sensibilisation à la maladie devient essentielle afin de réduire le nombre d’individus non diagnostiqués. Ces dernières années, nous avons vu des célébrités comme Kourtney Kardashian et Jessica Alba affirmer qu’elles étaient allergiques ou intolérantes au gluten. De nombreuses vedettes ont intégré la nourriture sans gluten à leur nouveau style de vie, même si la plupart d’entre elles ne sont pas atteintes de la maladie. Si plus de personnalités connues s’expriment, cela peut créer une plus grande prise de conscience de la nécessité des produits sans gluten, tant qu’il reste possible de faire la distinction entre un choix alimentaire et le fait d’avoir la maladie réelle. Reconnaître les deux marchés constituerait un meilleur argument pour que les entreprises alimentaires envisagent d’investir dans le marché sans gluten.

Des produits sans gluten plus abordables ayant meilleur goût, c’est ce que méritent de nombreux Canadiens. Alors que certains ont besoin de ces aliments, d’autres s’en procurent simplement par choix, et il n’y a rien de mal à cela. Reconnaître les besoins et les désirs peut certainement conduire à plus d’innovation alimentaire.