Il y en a qui se fixent des objectifs à long terme ambitieux et cartographient une feuille de route passablement chargée pour espérer un jour arriver à destination. Il y en a d’autres, plus pragmatiques, qui planifient des cibles de résultats à plus court terme en adoptant une démarche réaliste pour être certains de se rendre à bon port.

C’est un peu l’impression que j’ai eue en parcourant le livre blanc que vient de publier le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ) dans la foulée du 8e Forum économique de la relève d’affaires que l’association a tenu à la fin du mois de mars.

Chaque année depuis huit ans, le RJCCQ – qui chapeaute 42 jeunes chambres de commerce, dont 18 ailes jeunesse d’associations membres de la Fédération des chambres de commerce du Québec – organise ce type de rencontre autour d’une thématique bien précise.

On a décidé cette année de déterminer quels seraient les chantiers à prioriser pour permettre au Québec de devenir un chef de file de la croissance durable, et ce, dès 2030. On veut que le Québec réalise sa transformation numérique pour bonifier sa productivité, et qu’il le fasse dans une perspective de développement durable.

À l’issue du Forum économique de la relève d’affaires, les membres du RJCCQ ont formulé huit recommandations qui permettront, selon eux, de positionner le Québec comme chef de file d’une croissance durable. Une feuille de route simple avec un horizon bien défini.

Il y a d’abord l’exploitation intelligente du fleuve Saint-Laurent, un vecteur de développement économique durable selon le RJCCQ. En utilisant davantage et mieux le fleuve, en favorisant notamment les biocarburants pour réduire l’empreinte carbone de la navigation fluviale, on inscrit le Québec dans ce qu’on appelle l’économie bleue.

Pierre Graff, PDG du RJCCQ, me précise qu’une dizaine de jeunes chambres de commerce du Québec qui sont parmi les plus actives du regroupement couvrent un territoire situé le long du fleuve, que l’on pense à la Gaspésie, à Baie-Comeau ou à Rivière-du-Loup.

Et c’est pourquoi les jeunes entreprises actives dans le secteur de l’économie bleue ou de l’innovation souhaitent avoir un meilleur accès aux programmes de financement et d’accompagnement.

On recommande également que les programmes de formation spécialisée soient mieux adaptés aux différentes réalités des jeunes en entreprise. « Qu’on soit en région ou en milieu urbain, on n’a pas toujours besoin de suivre une formation mur à mur. On peut segmenter ces formations pour les rendre plus accessibles à tous », observe Pierre Graff.

Les jeunes professionnels, cadres, travailleurs autonomes et entrepreneurs veulent aussi qu’on leur rende accessibles les zones d’innovation ouverte, comme la zone de la transition énergétique de Bécancour ou celle des technologies numériques de Bromont, qui sont trop liées aux grandes entreprises, estime le RJCCQ.

On recommande également que l’on intègre davantage les innovations technologiques comme la chaîne de blocs dans les affaires courantes des entreprises pour qu’elles puissent se les approprier et mieux en profiter.

Enfin, l’ultime proposition que soumettent les membres du RJCCQ est d’encourager le milieu des affaires à intégrer les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans leur prise de décisions, ce qui contribuera fortement à réaliser l’objectif que le Québec devienne chef de file d’une croissance durable d’ici 2030.

Préoccupations et engagement

Les 12 000 membres du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec ont une moyenne d’âge de 35 ans et sont issus à 70 % du milieu professionnel et à 30 % du monde entrepreneurial.

Pierre Graff m’explique que les jeunes gestionnaires sont particulièrement intéressés par le repreneuriat, le développement des compétences, le développement durable, la conciliation travail-vie personnelle ainsi que la pérennité de leur entreprise.

Le développement durable est au cœur de leurs préoccupations, mais ils sont aussi très impliqués dans le développement de leur entreprise, ils veulent progresser au sein de leur organisation et on sent une volonté croissante vers l’entrepreneuriat, particulièrement chez ceux qui œuvrent en management.

Pierre Graff, PDG du RJCCQ

Pour atteindre l’objectif d’un Québec performant d’ici 2030, ils misent principalement sur la transition énergétique et l’innovation ouverte, mais ils souhaitent y arriver tout en maintenant un équilibre de vie adéquat.

Les résultats d’un sondage commandé par le RJCCQ qui a été publié cette semaine démontrent que la moitié des jeunes professionnels de moins de 35 ans se sentent surchargés mentalement en raison de leur travail, et que la situation est encore pire chez les jeunes professionnelles lorsqu’il est question de conciliation travail-vie personnelle.

L’équilibre travail-vie personnelle est un problème pour 28 % des hommes et pour 38 % des femmes, alors que 53 % de tous les répondants affirment qu’ils doivent faire des sacrifices aux dépens de leur vie personnelle et familiale pour faire progresser rapidement leur carrière. Un Québec vraiment performant ne devrait pas se réaliser au détriment de la qualité de vie personnelle de ses acteurs.