Même lorsqu’elles coûtent cher, les nouvelles technologies ne nous facilitent pas toujours la vie. Parfois, elles nous font même regretter l’époque où les choses étaient simples et que la base nous convenait parfaitement. Prenez les clés électroniques de ces voitures modernes qu’on fait démarrer en appuyant sur un bouton. Elles peuvent faire un trou considérable dans le budget, sans pour autant améliorer notre qualité de vie.

Quand Rosaire s’est procuré une Toyota Camry flambant neuve, à la mi-décembre, elle avait ses quatre roues, ses deux rétroviseurs, mais une seule clé électronique. La seconde devait lui être remise un peu plus tard. Il l’attend encore. Comme d’autres constructeurs automobiles, Toyota continue de subir la pénurie de composants électroniques et ne fournit plus deux clés à la livraison.

Cette unique clé est devenue une source d’inquiétude pour le retraité. Et si elle était perdue ? Et si elle était défectueuse ? Dans les deux cas, sa femme et lui se retrouveraient à pied. Sans voiture.

En réalité, même quand ce type de clé est en parfait état, il est possible que la voiture ne démarre pas ! Les problèmes d’ondes brouillées sont de plus en plus fréquents, comme l’a rapporté Protégez-vous⁠1.

Ce phénomène avait même paralysé toutes les voitures d’un quartier de Shawinigan⁠2, en 2020. Pas très commode lorsqu’on a besoin de se rendre quelque part ou qu’on risque une contravention si on ne déplace pas son véhicule illico.

C’est sans compter que des fraudeurs adorent les modèles dotés de clés dites intelligentes. En utilisant un logiciel qui capte le signal, ils peuvent créer un double en moins d’une minute ou alors utiliser un appareil qui amplifie assez le signal pour faire démarrer la voiture. Il leur suffit de s’approcher tout près des résidences où une voiture récente est stationnée dans l’entrée pour tenter le coup.

Les compagnies d’assurance et le CAA suggèrent donc de ranger les clés électroniques dans une boîte en métal loin de la porte d’entrée ou des fenêtres. Quel progrès !

Le risque est assez grand pour que l’assureur Beneva précise, sur son site, que les voitures volées « sont pour la plupart livrées avec une clé intelligente ou un dispositif de démarrage à bouton-poussoir ». Bien sûr, les voitures plus récentes sont plus attrayantes, mais les policiers préviennent quand même qu’ils voient de plus en plus de vols « en lien avec les clés intelligentes », a rapporté Le Soleil⁠⁠⁠3.

Comme si ce n’était pas assez, ces clés intelligentes sont compliquées à obtenir et très coûteuses. Ça n’a rien à voir avec le passage à la quincaillerie du coin qui fait des clés de maison en 3 minutes, pour 3 $.

Puisqu’elles doivent être programmées à proximité du véhicule, vous aurez deux options en cas de perte, si vous ne possédez pas un double : faire remorquer le véhicule chez le concessionnaire et attendre qu’il obtienne une clé ou trouver un serrurier automobile qui viendra à votre rencontre pour vous sauver.

Chez le concessionnaire, la facture est d’environ 500 $ à 600 $ en incluant les taxes et la programmation (chez Toyota, Ford et Volkswagen, par exemple) et jusqu’à 1300 $ chez Mercedes.

Ces montants n’incluent pas le remorquage ni la location d’une voiture, si nécessaire. Il faut généralement compter entre deux et cinq jours d’attente.

Le serrurier automobile est une option moins coûteuse, surtout si on fait le choix d’une clé générique, sans le logo du constructeur. Pour un double, il faut compter entre 250 $ et 500 $.

S’il y a urgence, la facture devrait se situer entre 350 $ et 1000 $ selon la distance à parcourir, précise Samuel Duval, propriétaire de Serrurier Duval, de Québec. Une pièce d’identité est alors requise. « Des fois, ce n’est pas drôle. Un gars a échappé sa clé dans l’eau, dans le parc des Laurentides. Il était avec ses enfants. Une dépense imprévue de 1000 $, ça scrappe des vacances ! »

Le coût de remplacement en cas de perte ou de bris est tellement élevé que des automobilistes font des réclamations à leur assureur. On ne peut le leur reprocher, mais cela fait grimper le prix des primes pour tout le monde.

Sur le coup, quand Rosaire a appris qu’il n’aurait qu’une seule clé pendant un temps, il s’est dit qu’il pourrait toujours utiliser la clé standard, en métal. Mais il a vite découvert que non.

Lorsqu’il a voulu faire démarrer son véhicule en appuyant sur le bouton, le système d’alarme s’est mis en marche. On ne l’avait pas prévenu que la voiture devait absolument détecter la clé électronique pour que le moteur s’active. « La vraie clé, c’est juste pour ouvrir l’auto. C’est un leurre. On ne peut pas partir l’auto avec. » J’aurais évidemment fait le saut moi aussi. Rosaire pourrait bien sûr allonger quelques centaines de dollars pour se procurer un double. Mais par principe, l’idée lui déplaît. Car sa voiture incomplète, il l’a payée en entier, comme d’autres automobilistes frustrés⁠4.

Même si Samuel Duval fait de l’argent avec les clés intelligentes, il partage mon incompréhension face à cette technologie qu’on impose aux automobilistes. « Ce n’est pas une amélioration. C’est plus fragile, c’est plus cher et c’est moins sécuritaire. Les autos se font plus voler. Je ne vois aucun avantage. »

Rien à ajouter, votre honneur.

1. Lisez le texte de Protégez-vous sur les risques inhérents aux clés électroniques 2. Lisez un texte du Nouvelliste sur la paralysie des voitures à Shawinigan 3. Consultez le texte du Soleil sur la mise en garde des policiers 4. Consultez une chronique sur les voitures amputées