Si vous pensiez ressortir votre carte Air Miles pour l’utiliser prochainement chez Dollarama, n’y touchez pas. Ce serait inutile. Pour accumuler des milles dans la chaîne de magasins à bas prix, il faut plutôt aller en ligne pour y lier sa carte de crédit Mastercard au programme de récompense.

Vous ne me suivez déjà plus ? C’est normal. Accumuler des Air Miles a perdu de sa simplicité.

De fait, le partenariat entre Dollarama et Air Miles annoncé mercredi ne fonctionne pas de la même manière que les ententes précédentes avec IGA ou Jean Coutu, par exemple. D’abord, il est temporaire. Vous ne pourrez y obtenir des milles que du 7 août au 6 novembre. Soit 13 semaines seulement.

Ensuite – et c’est sans doute le point le plus important à retenir –, c’est l’usage d’une carte Mastercard qui procure les milles chez Dollarama et non pas la présentation de la fameuse carte bleue.

Et, surprise, ça fonctionne avec toutes les Mastercard, même celles émises par Desjardins, la Banque Nationale, Canadian Tire ou Tangerine. À première vue, cela est étonnant, puisque la BMO est le nouveau propriétaire d’Air Miles (depuis le 1er juin) et que cette institution financière émet elle-même des cartes Mastercard.

Autrement dit, la BMO donnera des milles aux titulaires de cartes de crédit émises par ses concurrents.

Cela n’est pas nouveau, remarquez. Cette façon de faire existe depuis novembre 2021, mais je vous parie que vous n’étiez pas au courant. On n’a pas été inondés de publicités sur le sujet, bien au contraire. Sur le site d’Air Miles, le fonctionnement est expliqué dans la section « Offres à la carte », si ça vous intéresse.

Lorsque cette nouvelle façon d’accumuler des milles a été annoncée, à l’époque, des ententes avaient été conclues avec Subway, Boston Pizza, VIA Rail, Frank and Oak et Queues de Castor, entre autres. Certaines sont toujours en vigueur, d’autres pas. Sephora vient de s’ajouter, le 30 juin. Vous pourrez en profiter jusqu’au 30 juillet.

Attention, payer ses achats chez Dollarama ou tout autre « partenaire » avec sa Mastercard ne permet pas d’emblée d’engraisser sa cagnotte de milles. Il faut préalablement se rendre en ligne, sur le site d’Air Miles, pour lier sa carte de fidélisation et sa carte de crédit. Le processus m’a pris 15 secondes. C’est très facile. Mais c’est tout de même une étape que seuls les maniaques de points prendront le temps de faire, sans doute.

Suivez ce lien pour lier n’importe quelle Mastercard à Air Miles

Il faut aussi savoir que dans ce type de partenariat ponctuel, les points ne varient pas en fonction du montant de la facture comme on nous y a habitués. On obtiendra plutôt 10 milles pour chaque achat de 30 $ ou plus. Des factures de 34 $ et de 400 $ donneront donc 10 milles toutes les deux.

Selon les calculs de Milesopedia.com, un mille vaut entre 7 ¢ et 20 ¢ avec une moyenne de 11,5 ¢. Ainsi, 10 milles valent grosso modo 1 $.

Consultez la valeur des points de récompense calculée par Milesopedia (Air Miles se trouve à la fin de la page)

Il serait étonnant, dans ces circonstances, que les membres d’Air Miles fassent exploser les ventes de Dollarama au cours des prochains mois. Même s’il y en avait 10 millions au Canada, aux dernières nouvelles. Les habitudes de consommation ne devraient pas bouger de façon significative. L’offre est peu alléchante et de courte durée. D’ailleurs, c’est à se demander ce que Dollarama y gagnera. Est-ce un test avant une entente de longue durée ? Malheureusement, aucun de ses dirigeants n’a voulu répondre à mes questions.

Reçu Air Miles

Une autre façon qualifiée d’« innovante » pour accumuler des milles a aussi été annoncée : Reçus Air Miles. Les membres qui prennent une photo de leur reçu d’épicerie « admissible » avec l’application d’Air Miles et la transmettent dans les 14 jours obtiendront des milles. Combien ? Ce n’est pas précisé.

Quelles sont les épiceries « admissibles » ? La liste n’a pas été fournie. Et aucune information n’est disponible en ligne.

Air Miles n’a pas répondu à la liste de questions que je lui ai transmise ni à ma demande d’entrevue, ce qui aurait permis de mieux comprendre ses nouveautés. Du moins, c’était mon espoir.

Chose certaine, le programme de récompenses pourra accumuler d’importantes données sur les habitudes des consommateurs, grâce aux photos qui lui seront acheminées. S’en servira-t-on pour élaborer des offres et conclure de nouveaux partenariats ? Ce serait logique.

Malgré ses déboires des dernières années, Air Miles n’est pas mort et la BMO nous le rappelle en utilisant un nom fort comme celui de Dollarama dans ses communications. Le détaillant montréalais jouit d’une grande popularité d’un bout à l’autre du pays, et son attrait s’accroît en cette période inflationniste. En ce sens, c’est un excellent choix stratégique.

Mais ce partenariat de quelques semaines ne réussira pas, à lui seul, à redorer le blason de la carte bleue. Air Miles a frôlé la faillite, en mars, après avoir été abandonné par d’importants détaillants comme Jean Coutu et IGA qui ne seront pas évidents à remplacer dans le contexte où toutes les grandes chaînes de supermarchés et de pharmacies sont déjà associées à un programme de fidélisation. BMO devra donc faire preuve de créativité pour réinventer la carte bleue et lui redonner son attrait d’antan auprès des consommateurs. Tout un défi.