Avec la montée croissante des prix alimentaires, la pratique consistant à créer de nouveaux termes pour expliquer la hausse de ces coûts est devenue répandue.

En plus de devoir faire face aux défis conjugués des dépenses croissantes et de la réduction de la taille des produits, communément appelée « réduflation », les consommateurs se trouvent également confrontés au concept de « duraflation ». Cela renvoie à la réduction de la durée de conservation des produits d’épicerie en raison de perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, ce qui touche particulièrement les produits périssables comme les produits frais.

Si vous avez remarqué une baisse de la qualité des produits, ce phénomène peut être attribué à la « duraflation ».

Cependant, connaissez-vous la « déqualiflation », terme qui désigne une modification subtile de la composition nutritionnelle de certains produits ? Bien que ce terme puisse être nouveau pour beaucoup, la pratique elle-même a une histoire de plusieurs décennies.

Les fabricants d’aliments ont discrètement ajusté les formulations de divers produits alimentaires, entraînant souvent des disparités perceptibles dans le goût et la texture de ces produits. En effet, depuis des années, de nombreux produits alimentaires ont subi des modifications discrètes. Par exemple, un récent reportage de Radio-Canada a mis en évidence des changements dans la recette de la garniture de tarte à la citrouille d’E.D. Smith, où l’huile végétale est passée de la troisième à la sixième place, et l’eau joue un rôle plus prédominant en tant que troisième ingrédient.

Même des articles familiers comme la tartinade Cheez Whiz ont subi des transformations au fil des ans, le fromage ayant été dépassé en tant qu’ingrédient principal par un élément appelé « substances laitières modifiées ». Cette tendance s’étend à un éventail de produits, y compris les barres granolas, les croustilles, le chocolat, les pâtes, les craquelins, et bien d’autres.

Les motivations derrière ces ajustements sont variées. Bien que le terme « déqualiflation » puisse laisser entendre une dégradation délibérée de la qualité et de la valeur nutritionnelle pour réduire les coûts, la réalité est plus complexe.

Alors que les coûts des ingrédients alimentaires augmentent, les entreprises reformulent souvent les recettes et en testent rigoureusement de nouvelles afin que les consommateurs ne remarquent aucun changement.

De nombreuses initiatives de recherche et développement visent à fournir sur le marché des produits alimentaires à prix compétitifs, ce qui entraîne des modifications subtiles. Il est vrai que l’intégrité nutritionnelle des produits peut être compromise dans le processus, mais il existe d’autres raisons pour lesquelles nos produits alimentaires évoluent.

Les entreprises font des efforts de reformulation pour rendre les produits plus attrayants pour des groupes démographiques spécifiques. Cela peut impliquer des modifications intentionnelles de parfums, de compte de calories, de niveau de sodium, de teneur en matières grasses, voire de teneur en sucre. Certaines modifications sont motivées par des considérations stratégiques, tandis que d’autres sont motivées par des facteurs réglementaires.

Par exemple, les réglementations en matière d’étiquetage qui entreront en vigueur en janvier 2026 imposeront l’inclusion d’un nouveau symbole sur les emballages contenant des niveaux élevés de graisses saturées, de sucres ou de sodium. Pour éviter d’avoir un tel indicateur sur leurs produits, les fabricants s’engagent déjà dans la reformulation, ce qui se traduit par des listes d’ingrédients révisées pour de nombreux produits alimentaires.

La « déqualiflation » va au-delà de simples mesures de réduction de coûts. Elle peut également être une réponse à de nouvelles exigences réglementaires.

Bien que ces pratiques soient parfaitement légales, les consommateurs peuvent évaluer les implications de la « déqualiflation » en lisant constamment les étiquettes nutritionnelles, voire en examinant certains produits chaque semaine.

Le service à la clientèle aussi

Cependant, l’impact de la « déqualiflation » sur notre économie alimentaire englobe également le service à la clientèle. Un rapport de Field Agent Canada a mis en lumière, il y a un peu plus d’un an, de nombreuses expériences insatisfaisantes liées au service dans les épiceries, témoignant d’un changement dans la qualité du service et de problèmes de main-d’œuvre.

Collectivement, 79 % des Canadiens ont observé des cas d’indisponibilité de produits, 55 % ont rencontré des files d’attente plus longues, 48 % ont noté un manque de caissiers, 47 % ont eu du mal à trouver les employés du magasin et 39 % ont cité un nombre insuffisant de caisses. La prolifération des caisses en libre-service ces dernières années a encore exacerbé l’insatisfaction des consommateurs. Toutes ces situations soulignent une tendance aux réductions et aux mesures de réduction de coûts.

Nos épiceries changent de diverses façons, certaines sont plus perceptibles que d’autres. Disons que tout le monde aspire à un ralentissement de la « déqualiflation », du moins pour un certain temps.