Fidèle à son plan qui prévoyait en 2020 l’injection de 300 millions de fonds publics pour soutenir les start-up québécoises actives dans la transition énergétique, Québec va investir jusqu’à 25 millions dans un fonds de technologie climatique pour stimuler l’émergence de jeunes pousses dans ce secteur d’activité hautement stratégique.

La COP28 s’est ouverte jeudi à Dubaï et le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, s’envole ce vendredi vers les Émirats arabes unis pour y participer en compagnie de la délégation de 120 entreprises et organisations québécoises engagées dans la lutte contre les changements climatiques.

En marge de cette participation québécoise à la grande conférence internationale annuelle sur les changements climatiques, Pierre Fitzgibbon profite de l’occasion pour confirmer l’engagement de Québec à soutenir financièrement la création d’un Fonds de technologie climatique mis en place par la Corporation Diagram.

La participation de Québec, qui se fera par l’entremise d’Investissement Québec, pourra atteindre un montant maximal de 25 millions. Pour chaque dollar recueilli auprès d’investisseurs institutionnels, d’entreprises ou d’individus fortunés, Québec investira un montant équivalent jusqu’à ce que le Fonds de technologie climatique Diagram atteigne les 50 millions.

« On pourrait amener le fonds jusqu’à 80 millions, mais la participation financière de Québec va être plafonnée à 25 millions », me précise François Lafortune, le PDG de Corporation Diagram.

Le ministre Pierre Fitzgibbon explique que cet investissement est tout à fait en phase avec la Stratégie québécoise de recherche et d’investissement en innovation 2022-2027 (SQRI⁠2), qui vise à interconnecter tous les acteurs du cycle de l’innovation à partir du concept de départ jusqu’à sa commercialisation.

« On manque de capital de risque au Québec, et c’est pourquoi on a participé au financement de plusieurs fonds spécialisés. On en a fait beaucoup avec Cycle Capital dans les technologies propres, et là, on s’associe à Diagram pour générer de nouvelles entreprises innovantes dans les technologies climatiques », explique pour sa part Pierre Fitzgibbon.

À ce jour, le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a engagé 230 des 300 millions de financements en capital de risque qu’il a prévu de dépenser initialement en 2020.

La dernière initiative que Québec vient d’annoncer avec le Fonds Diagram se distingue un peu puisque la firme de capital de risque participe à toutes les étapes du processus.

C’est Diagram qui développe elle-même l’idée de départ, qui trouve l’entrepreneur qui réalisera le projet et qui réalise ensuite le financement de l’amorçage du démarrage jusqu’à celui de la commercialisation du concept.

Un taux de réussite de plus de 50 %

La firme de capital de risque Diagram a été cofondée par François Lafortune et Paul Desmarais III, et elle est active depuis 2017 dans le financement d’entreprises innovantes à fort potentiel de croissance.

Diagram, qui a lancé jusqu’à maintenant quatre fonds de capital de risque qui ont récolté près de 400 millions, a investi jusqu’à ce jour principalement dans les secteurs des services financiers, de la santé et de l’assurance. Le Fonds de technologie climatique Diagram est le premier du genre que va lancer la firme spécialisée.

« Depuis 2017, on a lancé 20 entreprises qui sont toujours actives, on est derrière le lancement de la firme Dialogue dans le secteur de la santé ou celui de Nesto, la plateforme hypothécaire en ligne. On veut faire la même chose dans le secteur des technologies climatiques, il y a une urgence actuellement de le faire », souligne François Lafortune.

Une méthode unique

La Corporation Diagram a une méthode assez unique dans le monde du capital de risque, puisque c’est la firme qui développe une idée ou un concept de départ. Une fois que la validation de l’opportunité de marché est confirmée, Diagram recrute un entrepreneur intéressé par le secteur impliqué par le concept.

On a un taux de réussite de plus de 50 % avec nos start-up, ce qui est énorme parce qu’on n’investit pas seulement dans l’amorçage du démarrage, on fait la preuve de concept et on participe au financement de croissance.

François Lafortune, PDG de Corporation Diagram

« Une chose est certaine : il n’y aura jamais assez de capital d’amorçage, or, c’est ce qui peut amener l’innovation au marché », expose François Lafortune.

Diagram s’associe à des investisseurs institutionnels, des entreprises qui peuvent devenir des partenaires potentiels de la start-up et enfin à des individus ou familles fortunés qui veulent s’impliquer dans la lutte contre les changements climatiques.

« On a beaucoup d’individus qui nous demandaient si on avait des start-up impliquées dans la transition énergétique et climatique. C’est un besoin dans le marché du capital de risque, on vient de le combler et on va annoncer bientôt notre première start-up en technologie climatique », anticipe François Lafortune.