Toujours plus petite que celle de l’Ontario, l’économie du Québec aurait progressé plus rapidement au cours des 40 dernières années. À pouvoir d’achat égal, les Québécois ont déjà rattrapé leurs homologues ontariens.

Ces conclusions ont été présentées par des économistes dans le cadre du dévoilement, mardi, d’un nouveau baromètre économique conçu par la firme BCF Avocats d’affaires et la firme de conseils Quadrat.

Sous l’angle du pouvoir d’achat, les Québécois ont déjà rattrapé les ménages ontariens, affirme l’économiste Pierre Fortin. En 1980, le pouvoir d’achat des Québécois représentait 80 % de celui des Ontariens. Il est maintenant relativement équivalent, soit à 101 %. « À partir de 1990, le rattrapage du Québec a été rapide et persistant. »

Il reste un écart quand on considère la taille de l’économie par habitant, mais le Québec a effectué un rattrapage sur un horizon de 40 ans, ajoute l’économiste François Delorme. « Le Québec est parti de plus loin, mais il est allé plus vite. Le rattrapage avec l’Ontario et le Canada se fait à un rythme qui est accéléré. »

Composé de 28 indicateurs, l’indice Prospéra a été fixé à 100 au début des années 1980 pour le Québec, l’Ontario et le Canada. En 2021, il était à 132 points pour le Québec, comparativement à 126,9 pour le Canada et 125,3 pour l’Ontario.

Le résultat ne veut pas dire que les conditions économiques sont meilleures au Québec qu’en Ontario, mais qu’elles se sont améliorées plus rapidement depuis le point de départ fixé à 1980.

Le PIB réel par habitant du Québec est d’ailleurs de 13 % inférieur à celui de l’Ontario. Le gouvernement Legault veut ramener l’écart à 10 % d’ici 2026.

« On peut penser que l’écart avec l’Ontario, qui est un objectif du gouvernement, va se faire assez rapidement, commente M. Delorme. L’écart va continuer à diminuer si on se fie aux tendances de l’indice. »

Des tendances à long terme

Il existe différents indicateurs pour mesurer la performance économique à court terme, mais M. Delorme croit que le baromètre Prospéra apporte un éclairage différent.

« On ne s’intéresse pas au bruit, on s’intéresse aux tendances à long terme, précise l’économiste en entrevue après sa présentation. Il n’y a pas d’indicateurs qui permettent d’expliquer les succès du Québec sur plusieurs années. Ça nous permet aussi d’identifier ce qu’il faut continuer à faire. »

Ce rattrapage s’explique notamment par l’augmentation du taux de diplomation postsecondaire pour l’ensemble de la population, une augmentation des investissements, une politique familiale encourageant la participation des femmes au marché du travail et une réduction du poids de la dette publique.

Pour continuer le rattrapage, le rapport suggère de miser sur les investissements pour combler l’écart de productivité du Québec. On recommande également d’établir des politiques pour stimuler le taux d’emploi des 55 ans à 74 ans, de poursuivre la lutte contre le décrochage scolaire et de développer les énergies renouvelables.

Le Québec fait aussi moins piètre figure sur le front de l’endettement des ménages qu’en Ontario, où l’immobilier est moins abordable. Le bilan des ménages québécois s’est tout de même dégradé sur une longue période. « Le fait que les finances des ménages ne se soient pas améliorées dans aucune de ces juridictions (Canada, Québec et Ontario) au cours des 40 dernières années représente une énorme occasion manquée », déplorent les auteurs du rapport.

La solution à ce problème pourrait passer par un plus grand contrôle de la publicité, suggère M. Delorme en entrevue, qui ajoute qu’il s’agit d’un sujet « sensible » qui n’a pas été abordé dans le cadre de la conception du baromètre.

« Moi, je dirais qu’il faut limiter l’exposition à la publicité, répond-il. On l’a fait pour les enfants. On l’a fait pour l’alcool. L’être humain n’est pas un être rationnel : il est tenté. Il faut réussir à moins l’exposer à ce qui va l’amener à surconsommer. »