(Québec ) Logement, itinérance, pénurie de main-d’œuvre et transition climatique. Le gouvernement Legault décaisse 4,3 milliards sur cinq ans pour déployer des « gestes ciblés » et répondre aux différentes crises qui secouent le Québec. En voici un aperçu en huit points.

8000 logements sociaux et abordables

À l’heure où la crise du logement sévit au Québec, le gouvernement Legault alloue 1,8 milliard sur cinq ans à la construction de 8000 nouveaux logements sociaux et abordables, dont 500 logements pour les personnes en situation d’itinérance. Les sommes prévues pour 2024-2025 (210 millions) seront d’ailleurs décaissées dès cette année pour commencer le plus rapidement la construction de logements. Le gouvernement peut mettre le pied sur l’accélérateur grâce à une entente conclue avec Ottawa, qui lui permet de toucher 900 millions en transferts fédéraux. Québec s’engage à investir la même somme. Les nouveaux logements seront construits dans le cadre du Programme d’habitation abordable du Québec. Eric Girard a dit s’attendre à ce que ces 8000 logements soient construits d’ici cinq ans.

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Plutôt que d’envoyer des chèques, le gouvernement Legault mise sur une indexation de 5,08 % des aides fiscales.

Indexation des aides fiscales

Plutôt que d’envoyer des chèques, le gouvernement Legault mise sur une indexation de 5,08 % des aides fiscales (régime d’imposition des particuliers et prestations d’assistance sociale) pour dire qu’il donne de l’air aux Québécois qui souffrent de l’inflation. Cette indexation est automatique chaque année depuis 2002, en vertu d’une loi. Cela se traduira par le rehaussement de plusieurs déductions et crédits d’impôt au 1er janvier 2024. Par exemple, le montant maximal de l’Allocation familiale passera de 2782 $ à 2923 $ et le crédit d’impôt pour la solidarité pour une personne vivant seule augmentera de 1162 $ à 1221 $. L’indexation – qui représente 2 milliards par année – correspondra à un montant moyen de 282 $ par contribuable en 2024.

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Le gouvernement Legault injectera des sommes additionnelles de 22 millions par année pour la construction de refuges d’urgence.

Lutte contre l’itinérance

Pour répondre à la crise de l’itinérance qui frappe de nombreuses villes du Québec, le gouvernement Legault injecte des sommes additionnelles de 22 millions par année pour la construction de refuges d’urgence. À cela s’ajoutent les 4,5 millions déjà prévus dans le budget, pour un total de 26,5 millions par an jusqu’en 2027-2028. Dans la foulée de la publication du dernier dénombrement en septembre, le ministre Lionel Carmant était parvenu à faire débloquer 15,5 millions d’argent frais pour démarrer des projets d’hébergement avant l’hiver. Son souhait de voir ces sommes devenir récurrentes a été exaucé. Québec bonifie aussi l’appui aux services culturellement adaptés pour les Premières Nations et la réinsertion sociale.

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Le gouvernement Legault débloque une aide ponctuelle et ciblée de 20,8 millions pour cinq organismes offrant de l’aide alimentaire.

Aide ponctuelle pour les banques alimentaires

Le gouvernement Legault débloque une aide ponctuelle et ciblée de 20,8 millions pour cinq organismes offrant de l’aide alimentaire (le réseau des Banques alimentaires du Québec, le Club des petits-déjeuners, La Tablée des Chefs, la Fondation OLO et La Cantine pour tous), un autre secteur où les demandes explosent. Or, le réseau des Banques alimentaires du Québec à lui seul demandait en octobre une aide de 18 millions. Le directeur général Martin Munger estime qu’il s’agit d’un « coup de pouce » qui permettra au réseau de traverser la période des Fêtes. « Il faudra reparler rapidement au gouvernement », a-t-il prévenu mardi.

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Québec injectera 62 millions pour relancer la formation accélérée des préposés aux bénéficiaires.

Formation dans des domaines spécifiques

Le gouvernement Legault décaisse de nouvelles sommes pour soutenir la formation dans le secteur de la construction et de la santé et des services sociaux, deux domaines particulièrement touchés par la pénurie de main-d’œuvre. Québec injecte 261 millions sur deux ans pour son « offensive en construction » qui vise à former entre 4000 et 5000 travailleurs, et 62 millions pour relancer la formation accélérée des préposés aux bénéficiaires, qui a connu du succès lors de la pandémie. Québec ajoute 5,8 millions pour encourager les étudiants en psychologie à pratiquer dans le réseau public.

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Québec verse aux villes des sommes additionnelles de 292,1 millions sur cinq ans, dont 114,9 millions dès cette année, pour les aider à s’adapter aux changements climatiques.

Soutenir la transition climatique

Québec verse aux villes des sommes additionnelles de 292,1 millions sur cinq ans, dont 114,9 millions dès cette année, pour les aider à s’adapter aux changements climatiques. Il s’agit en partie de l’impact financier de la « Déclaration de réciprocité » entre le gouvernement et les municipalités, la formule qui remplace le pacte fiscal. Comme La Presse l’a révélé, quelque 500 millions supplémentaires doivent être versés aux villes au titre de la transition climatique. La différence fera partie de mesures annoncées « ultérieurement » par le ministre de l’Environnement, Benoit Charette. Le gouvernement décaisse également 269 millions pour aider les collectivités qui ont souffert des incendies de forêt à l’été 2023 (404,2 millions sur cinq ans). Il ajoute comme prévu 265 millions pour le transport collectif.

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Québec révise à la baisse ses prévisions de croissance économique pour 2024. Il s’attend à une hausse du PIB réel de 0,7 % au lieu de 1,4 %.

Stagnation économique

Québec révise à la baisse ses prévisions de croissance économique pour 2024. Il s’attend à une hausse du PIB réel de 0,7 % au lieu de 1,4 %. « La persistance de l’inflation » et « l’effet cumulé des hausses de taux » d’intérêt expliquent cette détérioration, selon le ministre des Finances. « Nous ne sommes pas en récession, mais certainement dans une période extrêmement difficile qu’on pourrait qualifier de stagnation. »

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« Le cadre financier est très serré », a dit Eric Girard dans un message envoyé aux syndicats des 600 000 employés de l’État.

Québec pige dans son coussin

Avec des revenus fiscaux en baisse et de nouvelles dépenses, Québec doit puiser dans sa provision pour éventualités afin de maintenir l’objectif de retrouver l’équilibre budgétaire en 2027-2028. Il utilise 5 des 6,5 milliards de dollars en cinq ans qui étaient dans son coussin pour les imprévus. « Le cadre financier est très serré », a dit Eric Girard dans un message envoyé aux syndicats des 600 000 employés de l’État.