(Montréal) Les pilotes d’avion exigent de meilleurs salaires et avantages sociaux de la part de leurs employeurs, augmentant ainsi la pression financière sur les lignes aériennes, qui commencent tout juste à se remettre de la pandémie.

Le syndicat représentant quelque 320 aviateurs chez WestJet Encore, le service régional du transporteur WestJet, a annoncé mardi son intention de lancer les négociations en vue de sa deuxième convention collective.

Cette décision intervient après que 1800 pilotes de la ligne principale de WestJet et de sa filiale budgétaire Swoop ont ratifié en juin un nouvel accord qui les place sur une échelle salariale uniforme, accordant aux équipages une augmentation de salaire de 24 % sur quatre ans et entraînant la fermeture de Swoop à la fin octobre.

Quelques jours plus tard, quelque 4500 pilotes d’Air Canada ont lancé leur propre processus de négociation, alors que les syndicats recherchent des gains qui les rapprocheraient des accords conclus aux États-Unis, qui menacent d’attirer les travailleurs canadiens au sud de la frontière.

Entre mars et septembre, les pilotes de Delta Air Lines, United Airlines et American Airlines ont conclu des accords prévoyant des augmentations de salaire sur quatre ans allant de 34 % à 40 %.

John Gradek, qui enseigne au programme de gestion de l’aviation de l’Université McGill, a souligné que la perte d’un pilote était un gros problème pour une compagnie aérienne, car le remplacer prend du temps et coûte cher.

« Les compagnies aériennes feront tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger leur base de pilotes. Et cette approche va coûter très cher », a estimé M. Gradek.

De plus en plus, les aviateurs se tournent vers les cieux plus ensoleillés au sud de la frontière.

Bien que ce chiffre augmente progressivement depuis 2017, le nombre de pilotes canadiens demandant une certification pour piloter des avions commerciaux aux États-Unis a presque quadruplé pour atteindre 147 l’an dernier, contre 39 en 2021, selon la Federal Aviation Administration.

« Nous sommes dans un monde où l’attrition est une préoccupation majeure des compagnies aériennes », a expliqué M. Gradek au sujet des transporteurs canadiens.

« Où allez-vous chercher des pilotes ? Vous vous adressez aux transporteurs régionaux, vous vous adressez aux pilotes de brousse pour les obtenir. Mais eux aussi manquent de pilotes, donc cela devient vraiment très délicat. »

Les pénuries de main-d’œuvre continuent de frapper l’industrie aéronautique alors que le secteur émerge de la COVID-19 et des perturbations de voyage de l’année dernière, alors qu’une pénurie de travailleurs touche plusieurs domaines allant du poste de pilotage au contrôle du trafic aérien, en passant par l’assistance au sol.