(Bromont) Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, croit toujours au potentiel du projet de Tergeo, qui s’est mis en faillite, mais le gouvernement Legault n’interviendra pas si d’autres partenaires financiers ne lèvent pas la main.

L’entreprise de Val-des-Sources en Estrie s’est placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. Anciennement connue sous le nom d’Alliance Magnésium, l’entreprise voulait transformer les résidus miniers de la mine d’amiante de Jeffrey en magnésium. Le projet est remis en question tandis que Tergeo cumule une dette de près de 100 millions.

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Québec est l’un des principaux créanciers par le biais d’Investissement Québec qui a injecté 40 millions dans l’entreprise. Investissement Québec détient également 14 % des actions.

M. Fitzgibbon estime toujours que le projet de Tergeo est intéressant. « Ce projet-là, je le trouve excessivement structurant et désirable pour le Québec, répond le ministre lors d’une mêlée de presse, vendredi, dans le cadre d’une annonce en Estrie. Parce que recycler les montagnes d’amiante, on a besoin de ça. En plus, créer de l’oxyde de magnésium, de la silice et du nickel… Le nickel, ça rentre dans les batteries alors c’est de l’économie circulaire. »

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon

Par contre, Québec ne mettra pas plus d’argent sur la table sans l’intervention d’autres partenaires privés. « J’aimerais que ça aille de l’avant, mais là, malheureusement, ça prend d’autres partenaires. »

La partie n’est pas jouée, reconnaît le ministre lorsqu’on lui demande s’il est optimiste quant à la possibilité de trouver ces fameux partenaires. « C’est ça, l’enjeu. Je ne veux pas répondre : “ oui, on va en trouver ” parce que la compagnie a essayé et, malheureusement, la production du recyclage n’a pas été démontrée encore. Il y a encore certains risques technologiques. »

Questionné à savoir combien le gouvernement serait prêt à mettre, M. Fitzgibbon a évoqué une aide d’entre 20 % et 25 %, rappelant que le projet est estimé à 1,5 milliard. Cela pourrait représenter 300 millions à 375 millions.

Hydro-Québec « n’a rien à voir avec la faillite »

Le refus d’Hydro-Québec de connecter le projet à son réseau n’a rien à voir avec les difficultés de l’entreprise, a défendu M. Fitzgibbon, qui est également le ministre de l’Énergie. « C’est facile de blâmer Hydro-Québec, mais Hydro-Québec n’a rien à voir avec la faillite. »

En raison de la fin des surplus énergétiques anticipée en 2027, les projets industriels de plus de 5 mégawatts (MW) doivent obtenir le feu vert du ministère de l’Économie et de l’Énergie avant de pouvoir se connecter au réseau d’Hydro-Québec.

La demande de Tergeo a été rejetée, mais il s’agit d’un refus temporaire parce que l’entreprise n’était pas viable au moment de la demande, nuance M. Fitzgibbon. « L’énergie, on l’alloue sur des projets qui sont à court terme réalisables. Ce projet-là, il est très stratégique, mais il n’y avait aucune visibilité à court terme. Zéro. Alors pourquoi allouer des mégawatts à une entreprise ? […] On verra plus tard. »