(Saint-Basile-le-Grand) Les travaux de préparation du site qui doit accueillir la future méga-usine de batteries de Northvolt débuteront « au cours des prochains jours » à Saint-Basile-le-Grand, a indiqué mardi l’entreprise, qui devra compenser d’ici six ans cette perte de milieux naturels.

La multinationale suédoise n’attend plus que le permis de construction de la municipalité pour entreprendre le déboisement et le nivellement d’une partie de son terrain de 170 hectares, après la délivrance, lundi, d’une première autorisation ministérielle.

Les travaux, qui se dérouleront du lundi au vendredi entre 7 h et 21 h, comprendront l’abattage de 8730 arbres vivants et de 5365 arbres morts, ainsi que le retrait des souches et des matières végétales au sol.

Un biologiste sera présent en permanence lors du déboisement, et les travaux seront arrêtés dès qu’un animal sera aperçu, afin de permettre son déplacement dans un secteur sans travaux, a indiqué Luc-Antoine Marcoux, gestionnaire du site, lors d’une séance d’information pour les médias.

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Luc-Antoine Marcoux, gestionnaire du site pour Northvolt

« Chacun des travailleurs va être sensibilisé à la biodiversité présente sur le site », a-t-il assuré.

Northvolt prévoit commencer à ériger ses premiers bâtiments durant l’été, mais d’autres permis et autorisations seront nécessaires pour ce faire – l’entreprise estime qu’il lui en faudra entre 15 et 30 pour l’ensemble de son projet.

Six ans pour compenser

Le projet de Northvolt « ne comporte pas d’empiétement significatif dans les milieux jugés plus sensibles du site » que sont les cours d’eau et leurs rives, l’ensemble des zones inondables et les milieux humides qui constituent un habitat de reproduction potentiel pour certaines espèces comme le petit blongios, a déclaré mardi le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), dans un communiqué.

L’entreprise devra néanmoins compenser la perte de milieux naturels pour la biodiversité que ses premiers travaux occasionneront en restaurant, créant ou conservant de 30 à 50 hectares de milieux naturels contigus, le plus près possible de son site.

Québec lui accorde un délai de 36 mois pour déposer et faire approuver un plan, puis un autre délai de 36 mois pour le mettre en œuvre, soit six ans au total.

Ce délai s’explique notamment par le fait qu’il n’est « pas simple » de trouver un tel terrain en Montérégie, a fait valoir Laurent Therrien, directeur des affaires publiques de Northvolt en Amérique du Nord.

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Laurent Therrien, directeur des affaires publiques de Northvolt en Amérique du Nord

L’entreprise devra aussi verser une contribution financière de 4,75 millions au Fonds de protection de l’environnement et du domaine hydrique de l’État pour compenser spécifiquement la perte de milieux humides causée par ses premiers travaux.

Transparence

Cette première phase du projet n’est pas soumise du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), puisque le gouvernement Legault a modifié récemment le seuil d’assujettissement à une telle évaluation ; la production de cathodes de Northvolt, qui pourrait atteindre 56 000 tonnes métriques par année, se trouve ainsi juste sous le nouveau seuil de 60 000 tonnes à partir duquel un tel examen est automatique.

La seconde phase du projet de Northvolt, qui concerne le recyclage de batteries, fera quant à elle l’objet d’une évaluation du BAPE.

« Nous continuons à penser qu’une évaluation environnementale indépendante est nécessaire pour ce projet », a déclaré à La Presse Alain Branchaud, directeur général de la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs, se disant particulièrement inquiet du prélèvement d’importantes quantités d’eau dans la rivière Richelieu, un habitat du chevalier cuivré.

L’entreprise dit vouloir rendre publics les six rapports environnementaux qu’elle a soumis au gouvernement pour obtenir l’autorisation d’amorcer ses travaux, mais soutient devoir d’abord obtenir l’autorisation de leurs auteurs, soulignant que certains documents réalisés avant qu’elle n’acquière le site ne lui appartiennent pas.

Northvolt a aussi mis en ligne un nouveau site internet afin d’informer la population et de répondre aux questions sur les travaux et sa « démarche environnementale » ; elle tiendra également des rencontres avec des groupes de la société civile.

Arbres valorisés

Les arbres abattus sur le site de Northvolt seront mis en valeur par le Centre de valorisation du bois urbain, une entreprise d’économie sociale de la région. Le « bois non marchand » sera utilisé comme biomasse pour chauffer des serres, le « bois marchand non sciable » ira à l’industrie des pâtes et papiers, tandis que le « bois marchand sciable » sera transformé en produits à valeur ajoutée comme des planchers de bois franc, du bois d’ébénisterie, des piquets ou pourrait même être utilisé pour le revêtement extérieur de l’usine, a expliqué Maxime Bourdeau, responsable de l’organisme. Le Centre sera aussi chargé par Northvolt de replanter 24 000 arbres, en grande majorité sur le terrain de l’entreprise. Et ce ne seront pas « des petites épinettes de quatre pouces » comme dans les reboisements de l’industrie forestière, a souligné M. Bourdeau, mais bien des arbres « de calibre paysager, qu’on trouve en pépinière ».

En savoir plus
  • 2016
    Année de fondation de Northvolt, en Suède
    Source : Northvolt
    3000
    Nombre de personnes qui travailleront à l’usine québécoise de Northvolt quand elle entrera en production
    Source : Northvolt