Les conjoints Thomas*, 39 ans, et Catherine*, 33 ans, sont tous deux chercheurs de niveau postdoctoral dans le secteur biomédical.

La situation

Leurs revenus, qui totalisent quelque 105 000 $ par an, proviennent de bourses de travail de recherche, assorties de contrats de chargés de cours universitaires.

Dans le budget du couple, ces revenus de bourses de recherche ont l’avantage d’être exemptés d’impôt au Québec, mais pas au fédéral.

En contrepartie, ces revenus de bourses ne permettent pas d’accumuler des crédits de rentes futures auprès de le Régime de rentes du Québec (RRQ), ni de cotisations utilisables en REER personnel avec crédit d’impôt.

Néanmoins, Thomas et Catherine ont pu tirer avantage des revenus de bourses à faible taux d’imposition pour se constituer une bonne base d’actifs.

Par exemple, ils ont acheté en mai 2023 leur première propriété résidentielle (un condo en ville) pour 420 000 $ avec une bonne mise de fonds qui leur a permis d’obtenir un financement hypothécaire à un niveau viable malgré la hausse des taux d’intérêt.

Thomas et Catherine ont aussi des comptes d’épargne libre d’impôt (CELI) qui sont plutôt bien garnis (75 000 $ et 62 000 $ respectivement).

En contrepartie, leurs comptes REER demeurent très dégarnis en raison de l’absence de cotisations admissibles au crédit d’impôt pour des revenus de bourses.

Cette situation changera en 2024 pour Thomas, alors qu’il passera de revenu de bourses à un revenu d’emploi de chercheur dans un laboratoire biomédical du secteur public québécois.

Avec ce nouvel emploi, Thomas commencera aussi sa participation au très solide régime de retraite RREGOP du secteur public québécois.

Mais pour Catherine, cette transition de revenu de bourse à un revenu d’emploi imposable est prévue dans cinq ans, à l’horizon 2028.

D’ici là, Thomas et Catherine prévoient maintenir leur train de vie raisonnable aux environs de 66 000 $ par an, tout en continuant leurs habitudes d’épargne (env. 20 000 $ par an) dans leurs comptes enregistrés CELI et REER.

Aussi, le couple anticipe l’arrivée d’un premier enfant « dans deux à trois ans », ce qui pourrait nécessiter le remplacement de son petit véhicule vieillissant pour un modèle plus récent et mieux adapté à ses nouveaux besoins familiaux.

Les chiffres

Thomas*, 39 ans

Revenu : 50 000 $ Actifs financiers :
– en CELI : 75 000 $
– en placements non enregistrés (CPG 2 ans) : 18 000 $
– en épargne courante : 15 000 $
– en REER personnel : 600 $

Catherine*, 33 ans

Revenu : 55 000 $
Actifs financiers :
– en CELI : 62 000 $
– en placements non enregistrés (CPG 1 an) : 30 000 $
– en épargne courante : 15 000 $
– en REER personnel : 3600 $

Actif conjoint : – copropriété résidentielle : env. 400 000 $


Passif conjoint : – prêt hypothécaire : 332 000 $

Budget familial :

Revenus : 105 000 $ (brut)
Débours totaux annualisés : env. 86 000 $ (36 000 $ liés à la résidence, 30 000 $ liés au style de vie, 20 000 $ liés aux cotisations en comptes d’épargne enregistrés REER et CELI)

Les questions

Thomas et Catherine cherchent conseil pour la mise à niveau de leurs priorités de planification financière et d’optimisation fiscale au fil des prochaines années.

Entre autres, demande Thomas lors d’un entretien avec La Presse, « parce que nous n’avons presque pas cotisé à des régimes de retraite (RRQ, REER personnels), comment pourrions-nous estimer nos revenus à la retraite à 65 ans ? ».

Et d’ici là, ajoute Thomas, « comment organiser nos priorités de planification financière au fil des 25 à 30 années de revenu d’emplois que l’on prévoit d’ici la retraite ? ».

« Comment bien répartir notre capacité d’épargne entre nos REER, nos CELI, ou le remboursement accéléré sur notre emprunt hypothécaire, tout en tenant compte des considérations financières et fiscales à moyen et à long terme ? »

La situation et les questions de Thomas et Catherine ont été soumises pour analyse-conseil à David Paré, qui est planificateur financier et conseiller en placements chez Desjardins Gestion de patrimoine à Québec.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

David Paré, planificateur financier et conseiller en placements chez Desjardins Gestion de patrimoine à Québec

Les conseils

D’entrée de jeu, David Paré complimente les « habitudes d’épargne bien ancrées » et de train de vie raisonnable de Thomas et Catherine au cours de leurs dernières années de formation et au début de leur carrière de chercheurs.

« Grâce à leur bonne discipline budgétaire, ils ont déjà des actifs d’une valeur nette qui approche les 300 000 $, en incluant leurs comptes enregistrés (REER, CELI) et la bonne mise de fonds lors de l’achat de leur première propriété résidentielle », souligne M. Paré.

« En fait, si Thomas et Catherine gardent leur budget d’épargne autour de 20 000 $ par an, et réparti en divers types de comptes au fil des ans, ça devrait leur permettre d’être en bonne situation financière lors de leur retraite dans une trentaine d’années. »

Cela dit, David Paré leur a préparé un parcours de planification financière par étapes afin de les guider dans l’atteinte de leurs objectifs à moyen et à long terme.

La première étape ?

Alors que Thomas passera bientôt de revenus de bourses à un revenu d’emploi salarié comme chercheur, il pourra contribuer à de solides régimes de retraite – le RREGOP du secteur public québécois et le Régime de rentes du Québec – tout en commençant à bénéficier des crédits d’impôt pour les cotisations à son REER personnel.

Pour sa conjointe Catherine, cette transition est prévue dans cinq ans, vers 2029.

Donc, d’ici l’obtention par Thomas de son premier avis de cotisation fiscal avec un montant de cotisations en REER, attendue en 2025 pour l’année fiscale 2024, David Paré recommande aux conjoints de maximiser les cotisations dans leur CELI respectif en 2024 et en 2025, soit 7000 $ par an chacun ou 14 000 $ en tout.

Quant à la portion restante de 6000 $ de leur budget d’épargne annuel de 20 000 $, David Paré leur conseille d’établir une réserve d’épargne en vue du remplacement de leur véhicule, prévu dans cinq ans.

Après les CELI, les REER !

La deuxième étape du parcours financier préparé par David Paré est prévue de 2025 à 2030, avec les premières années de revenu d’emploi imposable de Thomas et les dernières années de revenu de bourses de Catherine.

Avec leur même budget d’épargne à 20 000 $ par an, M. Paré recommande à Thomas de maximiser ses cotisations disponibles dans son REER personnel – qu’il estime à 3000 $ par an – de façon à générer un « retour d’impôt » estimable aux environs de 1200 $ par an qui serait utilisable comme paiement anticipé sur l’hypothèque résidentielle.

Aussi, David Paré recommande à Thomas et Catherine de maintenir leurs cotisations en CELI au montant maximum (7000 $ par an chacun).

Quant à la part restante de leur budget d’épargne, soit environ 3000 $, Thomas et Catherine devraient la déposer dans leur réserve d’épargne pour le remplacement de leur véhicule.

Entre-temps, si Thomas et Catherine réalisent leur projet d’un premier enfant, ce budget d’épargne de 3000 $ par an devrait plutôt être dirigé vers un compte d’épargne-études (REEE) de leur enfant.

« C’est ainsi qu’ils pourront bénéficier rapidement de la subvention fiscale de l’ordre de 30 % sur le premier 2500 $ de cotisation annuelle au REEE de leur enfant. Et ce, jusqu’à son 17e anniversaire et le début de ses études postsecondaires », signale David Paré.

Des remboursements d’impôt pour régler l’hypothèque

La troisième étape du parcours financier suggéré à Thomas et Catherine s’amorcerait en 2029, qui est l’année du début d’emploi salarié en recherche envisagé par Catherine.

À l’instar de Thomas, cinq ans plus tôt, Catherine commencera alors à accumuler des crédits d’emploi auprès de la RRQ, ainsi que des cotisations en régime de retraite liées à son nouvel emploi.

David Paré note que s’il s’agit d’un emploi dans le secteur privé, avec un REER collectif en guise de régime de retraite, Catherine pourrait se retrouver avec un bon montant de cotisations utilisables dans son REER personnel.

« En ajoutant ce montant à celui de Thomas, j’en arrive à une estimation totale de l’ordre de 13 000 $ pour le couple », explique David Paré.

Un tel montant de cotisations admissibles dans leurs REER personnels serait alors prioritaire dans le budget d’épargne annuel de 20 000 $ du couple.

D’autant que ces cotisations leur vaudraient ensuite des « remboursements d’impôt » que David Paré estime autour de 4800 $ par an et qui pourraient ensuite servir de paiements additionnels sur leur emprunt hypothécaire.

À ce rythme, Thomas et Catherine pourraient rembourser leur hypothèque en 20 ans, au lieu de 25 ans.

David Paré, planificateur financier et conseiller en placements chez Desjardins Gestion de patrimoine

« Ça surviendrait autour de 2040, c’est-à-dire quelques années avant le début de retraite de Thomas et Catherine, avec l’avantage d’un budget de train de vie soulagé de paiements hypothécaires. »

Quant à la part restante de leur budget d’épargne annuel, que David Paré estime autour de 7000 $, il leur recommande d’abord de cotiser au REEE de leur enfant au maximum annuel admissible à la subvention fiscale.

En second lieu, ils pourront cotiser à leur CELI respectif en fonction de leur capacité d’épargne disponible.

« En suivant les grandes lignes de ce parcours financier, tout en maintenant un train de vie raisonnable, Thomas et Catherine pourraient envisager leur retraite en bonne santé financière », indique David Paré.

« Même qu’ils pourraient avoir suffisamment d’actifs financiers dans leurs REER et CELI personnels comme sources de revenu en début de retraite afin de pouvoir retarder le début des rentes d’origine publique (RRQ, PSV fédérale) au-delà de leur 65e anniversaire, et bénéficier ensuite de rentes bonifiées jusqu’à leur fin de vie. »