Vivre une séparation n’est jamais facile, et cela vient avec une bonne dose d’incertitude, notamment financière. Racheter la part de son ex-conjoint pour devenir l’unique propriétaire de sa maison peut rapidement devenir un casse-tête dans le marché actuel. Mais en définissant ses besoins et en allant chercher les bonnes informations, on met toutes les chances de son côté pour prendre la meilleure décision.

La situation

Thierry*, 54 ans, se sépare de sa conjointe. Ils ont une maison ensemble d’une valeur de 470 000 $ avec un prêt hypothécaire de 38 000 $. Ils payent chacun 50 % de toutes les dépenses reliées à leur propriété.

« Nous continuons à habiter ensemble le temps qu’elle se trouve une nouvelle place et mon intention est de lui racheter sa part, puis de louer une chambre à environ 700 $ par mois pour arrondir les fins de mois », indique Thierry.

S’il s’inquiète de son train de vie, c’est parce que la valeur de son prêt hypothécaire fera un bond considérable. Il donnera 216 000 $ à son ancienne conjointe (470 000 $ moins le prêt hypothécaire de 38 000 $ divisé en deux). Il ajoutera ensuite à cette somme les 38 000 $ de prêt hypothécaire actuel et il soustraira 30 000 $ qu’il prendra dans son compte d’épargne. Ainsi, il devra aller chercher un prêt hypothécaire de 224 000 $.

Thierry pense prendre une période d’amortissement de 20 ans et faire des paiements accélérés toutes les deux semaines. Mais il se demande s’il ne serait pas préférable de prendre 25 ans pour diminuer son stress financier. D’autant plus qu’à compter de 60 ans, il aimerait travailler trois ou quatre jours par semaine, ou encore profiter du traitement différé pour voyager deux ou trois mois par année. Il compte prendre sa retraite à 65 ans.

Thierry se questionne aussi sur le terme de son prêt.

« Comme la fin de notre contrat hypothécaire arrive à grands pas, mais qu’il est possible que les taux baissent dans les prochains mois, je me demande si je devrais prendre un prêt hypothécaire fixe de trois ans », indique Thierry.

Enfin, lui qui fait actuellement affaire avec une banque traditionnelle se questionne à propos des avantages d’aller vers une banque virtuelle.

Les chiffres

Revenu annuel : 85 000 $

Valeur de la maison : 470 000 $

Prêt hypothécaire : 38 000 $, qui arrive à échéance à la fin de mars

Dette : 0 $

Véhicule : payé, mais en achètera un d’ici trois ans d’une valeur de 10 000 $

Cote de crédit : plus de 800

Compte d’épargne : 60 000 $

Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) : 125 000 $

Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) : 70 000 $

Certificats de placement garanti (CPG) non enregistrés : 55 000 $

Évaluer l’offre de son prêteur actuel

PHOTO TIRÉE DU COMPTE LINKEDIN DE SANDRA ALLARD

Sandra Allard, courtière hypothécaire chez Planiprêt

Alors que bien des gens se posent des questions concernant le renouvellement de leur prêt hypothécaire dans le contexte actuel où tout bouge très rapidement, Sandra Allard, courtière hypothécaire chez Planiprêt, insiste sur l’importance de bien s’informer et d’aller chercher des conseils personnalisés d’un professionnel pour prendre une décision éclairée.

Par exemple, dans le cas de Thierry, elle est d’avis que la première étape est de demander à son prêteur actuel ce qu’il peut lui offrir. « Ensuite, il pourra regarder les autres options sur le marché auprès des banques traditionnelles et virtuelles, puis aller vers la meilleure offre en fonction de ses besoins, explique-t-elle. D’ailleurs, plusieurs prêteurs payent l’évaluation de la propriété. »

Opter pour un terme plutôt court

La courtière hypothécaire évalue que Thierry a un bon instinct en voulant éviter de signer maintenant pour un terme de cinq ans fixe. « Je lui recommanderais de ne pas opter pour un terme de plus de trois ans environ », affirme-t-elle.

Oui, parce que les taux sont très changeants, mais aussi parce que Thierry est dans une période de transition.

« On ne sait pas s’il rencontrera quelqu’un plus rapidement que prévu et s’il voudra toujours conserver sa maison, explique Sandra Allard. Puis, lorsqu’il aura 57 ans, il sera temps de mettre en place une stratégie financière pour ses besoins futurs alors qu’il approchera de la retraite et qu’il commencera bientôt à travailler moins. »

Utiliser ses économies pour diminuer son prêt

La courtière hypothécaire est aussi tout à fait d’accord avec l’idée de Thierry de prendre 30 000 $ dans son compte d’épargne pour réduire son prêt hypothécaire.

« Les taux d’intérêt sont élevés actuellement et ce qu’il a dans son compte d’épargne ne fait pas de profit, alors c’est mieux d’en sortir, évalue-t-elle. De plus, Thierry est nerveux d’aller se chercher un aussi gros prêt alors qu’il approche de la retraite. »

Elle ajoute qu’il pourrait même presque tout sortir de son compte d’épargne, parce qu’il a d’autres économies, notamment dans son CELI. « Mais j’ai l’impression que ça le rassure d’avoir autant d’argent dans son compte d’épargne et ce sentiment de sécurité est important, alors c’est correct qu’il s’en garde. »

Opter pour un amortissement de 25 ans

Sandra Allard encourage aussi Thierry à opter pour un amortissement de 25 ans au lieu de 20 pour réduire son stress financier. « Il doit se donner le plus de latitude possible, affirme-t-elle. Il pourrait tout de même faire ses paiements en accéléré comme s’il avait un terme de 20 ans. Mais, advenant un pépin, il pourrait revenir à son versement initial basé sur un amortissement de 25 ans. »

Enfin, elle tient à le rassurer sur sa capacité d’emprunt. « Passer d’un prêt hypothécaire de 38 000 $ à 224 000 $ est majeur, dit-elle. Mais d’après sa situation financière, il peut se le permettre. C’est bien toutefois d’être prudent, parce qu’il peut toujours arriver quelque chose et on voit beaucoup de gens emprunter trop et ensuite s’embourber dans les dettes. Thierry devrait tout de même consulter un courtier hypothécaire qui étudiera plus en profondeur son profil et ses besoins afin de lui donner des conseils personnalisés. »

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, le prénom utilisé est fictif.