« Les technologies d’intelligence artificielle sont de plus en plus utilisées en finance, et particulièrement en gestion de portefeuilles d’investissement, en raison de leur grande capacité à traiter et analyser des informations provenant de différentes et larges bases de données », constate Maher Kooli, professeur de finance et directeur scientifique de la Chaire Fintech (technologies financières) à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM).

« Les technologies d’IA peuvent être utilisées pour aider à choisir des actions, faire des prévisions sur les mouvements du marché, optimiser des portefeuilles et détecter les signaux d’achat ou de vente. Le recours aux technologies de l’IA facilite aussi la création et la gestion automatisée de portefeuilles qui sont de plus en plus personnalisés en fonction des critères spécifiques d’un investisseur, tels que son aversion au risque et ses objectifs de rendement. »

Chez l’association d’affaires Finance Montréal, qui regroupe l’ensemble des intervenants du secteur financier au Québec, on constate que le développement et l’implantation des technologies de l’IA dans les services financiers aux particuliers s’effectuent en deux volets principaux.

« Ce qui a progressé le plus jusqu’à maintenant, ce sont les applications de l’IA dans les activités opérationnelles des entreprises de services financiers. Notamment pour effectuer des tâches complexes de compilation et d’analyse de données qui peuvent servir ensuite à rehausser l’offre de produits et de services financiers aux particuliers. Ça constitue d’ailleurs le deuxième volet de l’usage de l’IA comme outil technologique pour améliorer “l’expérience client”, qui est un enjeu de premier plan dans le marché des services financiers aux particuliers », indique Sebastian Boisjoly, vice-président en fintech et innovations technologiques chez Finance Montréal.

Chez le groupe financier Industrielle Alliance, qui est un important fournisseur de produits d’assurance et de services de gestion de patrimoine au Québec, le vice-président principal aux technologies de l’information, Alain Bergeron, constate aussi que « les systèmes de gestion basés sur des modèles technologiques de l’IA sont en place depuis quelques années dans la gestion interne des entreprises de services financiers aux particuliers ».

Toutefois, souligne M. Bergeron, « l’émergence récente des technologies de l’IA dite générative, comme celle du système ChatGPT popularisé par la firme OpenAI, augure d’un nouvel engouement envers le développement d’outils de gestion et de services-conseils aux clients encore plus efficaces et personnalisables à leurs besoins particuliers ».

À la Banque Nationale, le directeur principal en IA, Julien Crowe, précise ce qui suit : « Jusqu’à maintenant, l’IA a été utilisée comme une technologie parmi d’autres selon nos besoins de gestion d’affaires et d’amélioration continue de nos services-conseils aux clients. »

Il cite en exemple les systèmes conversationnels de type agent conversationnel (chatbot) qui peuvent répondre aux questions de base des clients des sites internet de la banque et de sa filiale de courtage direct. La Banque Nationale utilise aussi des agents conversationnels d’informations spécialisées à l’usage de ses employés, en guise d’assistance dans leur secteur d’activité.

Mais avec l’avènement de l’IA générative, Julien Crowe s’attend à un afflux de nouvelles occasions pour développer des applications plus performantes et surtout beaucoup plus adaptables aux besoins spécifiques des usagers, tant les clients que les employés de la banque.

En contrepartie, note Julien Crowe, l’essor des technologies d’IA générative dans le secteur des services financiers aux particuliers pourrait aussi rehausser le besoin de surveillance de ces systèmes pour éviter le développement de tendances fautives au fur et à mesure de leur processus d’apprentissage évolutif.

Cette surveillance des capacités de l’IA générative est très importante afin que nous puissions identifier et corriger les risques de biais ou de discrimination qui pourraient s’introduire dans les processus de collecte et d’analyse des informations financières et personnelles de nos clients.

Julien Crowe, directeur principal en IA à la Banque Nationale

« La rapidité et le potentiel de l’évolution technologique en IA générative ne doivent pas compromettre notre priorité envers la sécurité et la confidentialité des données de nos clients. »