C’est le poste budgétaire le plus difficile à bannir à cause de la culpabilité, de la pression de l’entourage et des stratèges du Vendredi fou qui mettront tout en œuvre pour vous faire acheter. Soyez fort !

Libérez vos proches dès maintenant de l’obligation d’acheter des cadeaux, recommande Hélène Hétu, consultante budgétaire à l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de la Rive-Sud de Montréal, qui donne actuellement l’atelier « Noël autrement, pourquoi pas ? ».

« Noël est toujours fêté d’une manière précise, alors on propose aux participants une réflexion, explique-t-elle. Est-ce que les Fêtes des dernières années correspondent à mes valeurs ? Qu’est-ce que je veux vraiment ? »

Quand on veut opérer des changements, il faut commencer à en parler tôt aux proches, suggère la consultante budgétaire.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Hélène Hétu, consultante budgétaire à l’Association coopérative d’économie familiale de la Rive-Sud de Montréal

Les gens qui viennent à l’atelier sont prêts à changer. Mais j’entends que c’est difficile. Parler d’argent est tabou. On leur suggère de proposer à leur entourage des changements progressifs.

Hélène Hétu, consultante budgétaire à l’Association coopérative d’économie familiale de la Rive-Sud de Montréal et animatrice de l’atelier « Noël autrement, pourquoi pas ? »

« Quand j’étais monoparentale, j’étais mal à l’aise de rappeler à ma famille que j’étais seule pour payer les cadeaux de tout le monde, raconte Caroline Cadorette, alias Miss Couponning. Ça devenait très angoissant. Quand ma sœur a proposé qu’on fasse un échange d’un seul cadeau, j’étais soulagée. »

« Dans ma famille, on n’a jamais donné de cadeau individuel, juste un cadeau d’échange. Au lieu de passer la soirée à déballer des cadeaux, on joue à des jeux et on profite du temps ensemble », raconte Marilyne Gagné, alias Miss économe, qui donnera un cadeau de seconde main à sa fille de 2 ans.

« Adolescente, j’aimais passer du temps juste avec mon père ou juste avec ma mère. On pense qu’un ado veut la dernière bébelle, mais il veut du temps de qualité aussi. »

Marcia Pilote n’a jamais donné de cadeaux à ses enfants, mais leur a fait vivre des expériences. Comme aller glisser à 3 h du matin ou servir de la soupe à l’Accueil Bonneau. Ils s’en souviennent encore, souligne-t-elle.

Son truc ? Préparer une activité et créer de l’anticipation chez les enfants en l’annonçant. « On peut leur dire : cette année on ne vous donne pas de cadeaux traditionnels dans une boîte qui vient d’une liste, mais vous allez voir, on va vous donner autre chose. Ils vont demander : “Mais quoi, quoi, quoi ?” Vous répondez simplement : “Vous allez voir…” »

Selon son expérience, ce qui fonctionne bien avec les adultes, c’est le tour de table de style bilan de l’année : l’année 2023 a été celle de… l’année 2024 sera…

Cette expérience humaine permet de découvrir ses proches sous un autre angle et de rire un bon coup, soutient-elle, mais elle suggère quand même d’annoncer nos intentions. « On peut prévenir la famille en disant : “Cette année, je vais vous faire un beau cadeau que vous allez apprécier, tout le monde va participer, mais ça ne sera pas dans une boîte.” »

D’après les études, quand on prend soin de quelqu’un en lui faisant une soupe, même si le résultat est jugé moins bon qu’au restaurant, l’effort a plus de valeur aux yeux de celui qui la reçoit, indique Aida Faber, professeure agrégée au département de marketing de la faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval.

« C’est ce qu’on appelle l’effet IKEA. C’est fait par nous, on y a mis des efforts et on est fier. On peut l’appliquer aux cadeaux de Noël. »

Liste de cadeaux réinventée

  • Offrez vos talents : cuisine, couture, menuiserie, peinture, cours d’instruments de musique.
  • Offrez votre temps : garder les enfants de vos proches, une journée de ménage chez votre tante âgée, trois repas pour vos parents ou pour de nouveaux parents.
  • Offrez aux enfants des repousse-dodo de 15 minutes, aux adolescents des congés de tâches.
  • Préparer un pot où l’on pige une activité spéciale à faire chaque jour en famille : lecture, mandala, méditation, peinture, maquillage, fouiller dans les tiroirs interdits, etc.
  • N’attendez pas que vos proches meurent pour leur dire à quel point vous les aimez : préparez un calendrier de l’avent de mots gentils.
  • Évitez à vos proches de se casser la tête les jours de semaine en leur faisant une compilation des meilleures recettes familiales.
  • Assemblez une liste de vos meilleurs souvenirs avec vos proches âgés.
  • Regroupez les dessins des enfants pour offrir aux grands-parents.
  • Misez sur les expériences : pique-nique de Noël d’hiver, chasse aux trésors dehors dans la nuit de Noël, observation des lumières.

Cinq astuces pour y arriver

  • Résister au Vendredi fou et au Cyberlundi en vous désabonnant des infolettres et des textos de promotion.
  • Désabonnez-vous jusqu’en février des comptes Instagram dont les gens vous parlent toujours de produits à acheter.
  • Ne cliquez pas sur les tentations multiples qui s’affichent lors de vos navigations sur l’internet.
  • Utilisez ce que vous avez à la maison pour l’emballage des cadeaux : tissus, journaux, magazines, dépliants, boîtes, ficelle, cocottes trouvées par terre.
  • C’est le temps d’utiliser vos cartes reçues en cadeaux : Canadian Tire, Archambault, centres commerciaux, Arden, etc.

Argument

Statistiques à citer à ceux qui refusent de ralentir un peu : les dépenses des Fêtes provoquent de l’anxiété financière chez 51 % des Canadiens, révèle le dernier sondage BMO, et 78 % prévoient acheter moins de cadeaux. Le dernier sondage du Conseil québécois du commerce de détail, qui espère nous voir consommer, indique de son côté que 35 % des Québécois prévoient dépenser moins que l’an dernier.