C’était le projet ambitieux que se donnait en 2019 Simon Larochelle, président et chef de la direction de Royer, fabricant de chaussures fonctionnelles pour le travail et le secteur militaire.

Fondée en 1934 par Louis-Philippe Royer, la firme exploitait depuis ce temps une usine à Lac-Drolet, près de Lac-Mégantic. Mais pour se donner les moyens d’atteindre cet objectif ambitieux, une nouvelle usine a été construite à Sherbrooke et inaugurée en 2019. Elle était devenue nécessaire pour atteindre la capacité exigée pour répondre à la demande. Les premières bottes sont sorties de l’usine en janvier 2020.

« Il nous a fallu revoir complètement la période de production et ensuite concevoir le produit », raconte Simon Larochelle. « C’est d’abord l’ingénierie du procédé avant l’infrastructure. Il faut rêver du procédé idéal, ensuite réfléchir à l’infrastructure requise, et enfin bâtir une nouvelle usine et non pas rénover », explique-t-il.

Une transformation numérique complète est venue accompagner tous ces changements. Ce fut l’intégration numérique. Tout le processus de gestion a été intégré. Toutes les données ont été réunies en un seul endroit où tout le personnel pouvait les consulter. « Cela était essentiel pour éviter autant les erreurs que les pertes d’efficacité », dit-il.

Démarrer une usine totalement intégrée n’était pas facile, rappelle-t-il. Royer a été appuyée par Productique Québec, le centre collégial de transfert de technologie du cégep de Sherbrooke, constitué d’une équipe d’experts provenant de divers domaines.

Processus en trois phases

D’abord, le choix d’un progiciel de gestion, soit l’outil qui permettra de piloter l’entreprise en s’appuyant sur une base de données commune. Ensuite, un projet de recherche en intelligence artificielle (IA) piloté par Productique Québec, afin de déterminer comment implanter l’IA à des fins manufacturières. Et finalement, la firme s’est soumise à un audit numérique afin de déterminer si elle était apte et prête à fonctionner.

Malgré la complexité et le besoin d’aide qu’elle suscite, le gros du projet doit s’effectuer à l’interne, rappelle toutefois Simon Larochelle.

PHOTO MAXIME PICARD, LA TRIBUNE

Simon Larochelle, PDG de Royer

Il se doit d’y avoir une imputabilité à l’intérieur de l’entreprise. La prise de risque se fait à l’interne, et il n’y a pas d’aide pour ça.

Simon Larochelle, PDG de Royer

Vigilance quant à la qualité

Chez Royer, on était bien conscient que la transition numérique accompagnée du développement de la robotique comportait aussi son lot de problèmes, dont celui d’un risque quant à la qualité du produit. Ce sont les humains et non pas les robots qui peuvent veiller à la qualité du produit, rappelle Simon Larochelle. « Le fait d’utiliser plus de robots et moins d’humains dans le processus de production entraîne forcément une baisse de la vigilance quant à la qualité des produits, dit-il. Il est important de se rappeler que la clé du succès réside dans la vigilance quant à la qualité du produit. »

« Toutes les chaussures Royer répondent à des normes de sécurité très strictes et sont continuellement soumises aux tests requis pour arborer les étiquettes d’homologation qu’elles affichent », peut-on lire sur le site web de la firme.

Alors que l’on s’approche de l’objectif de multiplier la production par cinq, et ce, même avant la date prévue, on a décidé de ralentir quelque peu la production, en raison justement d’un enjeu de qualité. On remet l’accent sur la qualité pour s’assurer de maintenir le standard qui a fait le renom de l’entreprise.