Par le plus facétieux des hasards, quelques jours après la réception de ces courriels, un chroniqueur économique du New York Times s’est prêté à une comparaison des systèmes hypothécaires américain et étrangers, notamment canadien.

Pour les Américains, il est de plus en plus difficile d’accéder à la propriété, écrivait Ben Casselman. Le prix des maisons a bondi de 40 % depuis trois ans. Les logements disponibles se sont raréfiés. Les inscriptions de propriétés à vendre ont diminué de près de 20 % au cours de la même période. Les taux d’intérêt ont atteint un sommet inégalé en 20 ans.

« Rien de tout cela, bien sûr, n’est un problème pour les personnes qui possèdent déjà une maison », notait Casselman.

Les propriétaires existants ont été protégés de la hausse des taux d’intérêt pendant que la valeur de leur propriété explosait.

Ce fossé entre aspirants à la propriété et propriétaires installés s’explique en grande partie par « une caractéristique unique et omniprésente du marché immobilier américain : le prêt hypothécaire à taux fixe sur 30 ans », constatait-il.

Ce type de prêt hypothécaire est si courant depuis si longtemps qu’il est facile d’oublier à quel point il est étrange.

Extrait du texte du chroniqueur économique Ben Casselman

Avec un taux fixe, les propriétaires peuvent geler leurs mensualités pendant trois décennies, mais parce que les contrats peuvent être rachetés sans pénalité, ils refinancent leur propriété lorsque les taux baissent.

Différent ailleurs

« Ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent ailleurs dans le monde, observe Casselman. En Grande-Bretagne et au Canada, entre autres, les taux d’intérêt ne sont généralement fixés que pour quelques années. Cela signifie que la hausse des taux est répartie plus équitablement entre les acheteurs et les propriétaires existants. »

Les prêts hypothécaires à taux fixe à long terme sont courants dans certains pays comme l’Allemagne, mais les conditions de refinancement y sont plus restrictives, ce qui réduit les disparités entre nouveaux acheteurs et propriétaires de longue date, souligne le journaliste.

« Seuls les États-Unis ont un système aussi extrême de gagnants et de perdants, dans lequel les nouveaux acheteurs doivent faire face à des coûts d’emprunt de 7,5 % ou plus, alors que les deux tiers des détenteurs de prêts hypothécaires existants paient moins de 4 %. »