(Montréal) La femme politique Hélène Carrère d’Encausse, première femme à être secrétaire perpétuelle de l’Académie française, s’est éteinte samedi à l’âge de 94 ans, ont rapporté plusieurs médias de l’Hexagone.

Née Hélène Zourabichvii à Paris le 6 juillet 1929, elle est la fille de l’économiste et philosophe Georges Zourabichvii, d’origine géorgienne. Née apatride, elle obtiendra la citoyenneté française en 1950, alors qu’elle est âgée de 21 ans.

En 1952, Hélène Zourabichvii épouse Louis Carrère d’Encausse, de qui elle adoptera le patronyme. De leur union naissent trois enfants : Emmanuel (1957), Nathalie (1959) et Marina (1961).

Mme Carrère d’Encausse est diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris, où elle obtient le grade de docteur en 1963, puis de docteur d’État en 1976, en lettres.

Elle enseigne d’abord l’histoire à l’Université de Paris, puis à son alma mater, avant de devenir directrice d’études à la Fondation nationale des sciences politiques.

Ses connaissances et son expertise l’ont amenée dans diverses universités à travers le monde ; l’Université de Montréal ainsi que l’Université Laval lui ont d’ailleurs décerné chacune un doctorat honoris causa.

Vie politique

Après une carrière en enseignement, Hélène Carrère d’Encausse entreprend une implication politique, notamment en adhérant à certaines causes.

Elle est nommée vice-présidente de la Commission des archives diplomatiques en 1993, en plus de présider la Commission des sciences de l’homme au Centre national du livre, entre 1993 et 1996.

En 1994, elle est remarquée par Jacques Chirac, candidat à la présidentielle française, qui lui demande de se présenter aux élections qui auront lieu en juin 1995. Elle est élue et devient vice-présidente de la commission des Affaires étrangères, de la Sécurité et de la politique de Défense, une tâche dont elle s’acquittera durant les quatre ans de son mandat.

En 1998, elle est nommée au Conseil national du développement des sciences humaines des sociales. Six ans plus tard, elle accède à la présidence du conseil scientifique de l’Observatoire des statistiques de l’immigration et de l’intégration.

En 1999, année où elle quitte la vie politique, elle est élue secrétaire perpétuelle de l’Académie française, devenant ainsi la première femme à occuper la plus prestigieuse fonction de l’institution où elle siégeait depuis neuf ans.

Malgré cela, elle fut longtemps rétive à la féminisation des noms, n’acceptant de former un comité sur le sujet qu’en 2017. Elle-même se considérait comme LE secrétaire perpétuel de l’Académie française.

En février 2022, France 24 rappelait que l’Académie française avait adopté à l’unanimité une « solennelle mise en garde » contre une l’écriture inclusive qualifiée « d’aberration ». « La langue française se trouve désormais en péril mortel », pouvait-on lire dans une déclaration de l’institution à l’époque.

À titre de secrétaire perpétuelle, elle avait répondu au discours prononcé par le ministre québécois Simon Jolin-Barrette lors de sa visite en juin 2022. « Votre venue à l’Académie, vos projets nous confirment ce que nous pensions et croyions savoir, que la bataille était gagnée au Canada, donc que, comme le disait en stratège qu’il était, le général de Gaulle, votre victoire est un gage d’avenir pour la langue française. Notre gratitude à votre égard, à l’égard de tous nos amis, et j’ose dire notre famille canadienne, est immense », avait-elle déclaré.